lundi 19 octobre 2009

Pour débattre: LES ESCAMOTEURS DE SPECTRE !

 

Sent: Monday, October 19, 2009 8:40 PM

 

Michel Peyret

18 octobre 2009



LES ESCAMOTEURS DE SPECTRE !



Tout le monde connait les premières lignes du Manifeste du Parti communiste dont les auteurs sont Marx et Engels :


« Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme .


« Toutes les puissances de la vieille Europe se sont groupées en une sainte chasse à courre pour traquer ce spectre : le Pape et le Tsar , Metternich et Guizot , les radicaux français et les policiers allemands .


« Où est le parti d'opposition qui n'a pas été accusé de communisme par ses adversaires au pouvoir ?


« Où est le parti d'opposition qui n'a pas stigmatisé du reproche infamant de « communisme » ses adversaires de droite ou de gauche ?


IL EST GRAND TEMPS !


« Il en résulte deux choses , poursuit le Manifeste .


« Le communisme est déjà reconnu comme une puissance par toutes les puissances européennes .


« Il est grand-temps que les communistes exposent à la face du monde entier leurs conceptions, leurs buts , leurs tendances et qu'ils opposent aux légendes du spectre communiste un manifeste du parti lui-même .


« Dans ce but , les communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont esquissé le manifeste suivant , publié en anglais , français , allemand , italien , flamant et danois... »


C'était en 1847 , Marx et Engels furent chargés de mettre sur pied la publication d'un programme théorique et pratique concret .


Rédigé en allemand , le manuscrit fut imprimé à Londres en janvier 1848 , quelques semaines avant la révolution française du 24 février .


Une traduction française parut peu avant l'insurrection parisienne de juin 1848 .


LUTTER POUR AVOIR LES COUDEES FRANCHES !


Friedrich Engels , qui signe la Préface au Manifeste de janvier 1888 , y écrit :


« L'écrasement de l'insurrection parisienne de juin 1848 , le premier grand combat du prolétariat contre la bourgeoisie , relégua provisoirement au second plan les efforts sociaux et politiques des travailleurs européens .

« Et comme au temps de la révolution de février , les différents groupes de la classe possédante luttèrent entre eux pour regagner la première place ; la classe ouvrière fut réduite à lutter pour avoir les coudées franches et à occuper l'extrème gauche des classes moyennes radicales .


« Là où les mouvements prolétariens indépendants s'avisèrent de donner signe de vie , ce fut l'impitoyable écrasement...


« Lorsque la classe ouvrière européenne retrouve assez de force pour recommencer une nouvelle offensive contre la classe dominante naquit l'Association Internationale des Travailleurs...


« C'est ainsi que le Manifeste revient à la surface... »


CENT QUINZE ANS APRES !


L'édition du Manifeste que je cite est datée de novembre 1966 !


L'introduction d'alors , signée de Robert Mandrou , précise que « lorsque le jeune Marx rédigeait le Manifeste du parti communiste ( avec l'aide de son ami Engels ) à la demande de la Fédération des Communistes , il s'adressait aux « prolétaires de tous les pays » au nom d'une poignée de militants , prophètes convaincus d'un monde meilleurs . »


Il poursuit : « Cent quinze ans après la publication de cet appel , nous pouvons en mesurer l'efficacité d'un coup d'oeil : presque la moitié de l'humanité est encadrée par un régime politique qui se réclame de Karl Marx ; et l'autre moitié ne saurait se flatter de l'ignorer ; au contraire , les plus décidés de ses adversaires sont nourris de la pensée marxiste : quel bourgeois français de 1962 nierait , si ce n'est par goût des paradoxes , la lutte des classes ? 


« Jamais dans l'histoire de l'humanité , penseur n'eut une efficience comparable .


« Mais d'autre part , il n'est pas une pensée qui ait été plus déformée , parodiée , caricaturée que celle du fondateur du matérialisme historique . »


UNE PENSEE CARICATUREE ET AMPUTEE


Certes , nous ne sommes plus en 1962 .


Les idées de Marx ont subi tout un temps de terribles épreuves .


On le voit bien : longtemps on lui a attribué le mérite d'avoir triomphé sur la presque moitié de l'humanité et d'influencer fortement l'autre moitié !


On ne pouvait en conséquence que lui faire porter la responsabilité de l'échec qui est finalement survenu .


Aussi , on ne peut que rendre hommage à la clairvoyance , à la lucidité de Robert Mandrou qui , dès 1962 , avait su percevoir que ce n'était pas la pensée de Marx qui pouvait être tenue pour méritoire des succès , ni coupable des échecs tant elle avait été déformée .


Et j'ajouterais pour ce qui me concerne ignorée dans ses aspects essentiels comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire .


POURQUOI RENONCERAIT-ON A L'IDEE COMMUNISTE ?


Aussi , on le voit bien , il n'y a aucune raison pour faire porter au Manifeste du Parti communiste , comme à l'ensemble de la pensée de Marx , un discrédit qui consisterait dans le fait de renoncer à utiliser le concept de communisme .


C'est pourtant ce que je constate : nombre d'articles qui me sont donné à lire lui substituent le concept de « socialisme » .


Pourtant Engels , dans la Préface de 1988 déjà citée , montrait que , au moment où Marx et lui-même écrivaient , ils ne pouvaient l'intituler « Manifeste socialiste » :


« En 1847 , on donnait le nom de socialistes , d'une part aux adeptes des divers systèmes utopiques : les owenistes en Angleterre et les fouriéristes en France , et qui n'étaient déjà plus , les uns et les autres , que de simples sectes agonisantes ; d'autre part aux méticastres sociaux de tout acabit qui promettaient , sans aucun préjudice pour le Capital et le profit , de guérir toutes les infirmités sociales au moyen de toutes sortes de replâtrages .


« Dans les deux cas , c'étaient des gens qui vivaient en dehors du mouvement ouvrier et qui cherchaient plutôt un appui auprès des classes  « cultivées »


LE SOCIALISME , UN MOUVEMENT BOURGEOIS !


« Au contraire , cette partie des ouvriers qui , convaincue de l'insuffisance de simples bouleversements politiques , réclamait une transformation fondamentale de la société , s'était donné le nom de communistes .


« C'était un communisme à peine dégrossi , purement instinctif , parfois un peu grossier , mais cependant il pressentait l'essentiel et se révéla assez fort dans la classe ouvrière pour donner naissance au communisme utopique : en France , celui de Cabet et en Allemagne , celui de Weitling .


« En 1847 , le socialisme signifiait un mouvement bourgeois , le communisme , un mouvement ouvrier .


« Le socialisme avait , sur le continent tout au moins , « ses entrées dans le monde » , pour le communisme , c'était exactement le contraire .


« Et comme , depuis toujours , nous étions d'avis que « l'émancipation des travailleurs doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes » , nous ne pouvions hésiter un instant sur la dénomination à choisir .


« Depuis , il ne nous est jamais venu à l'esprit de la rejeter . »



Je ne sais pas si les divers articles préconisant le socialisme ont pour objet de développer le débat .

En tout cas j'espère que celui-ci y contribuera !


samedi 17 octobre 2009

Les soixante ans de la République populaire chinoise : la quête d'un modèle de développement

 

From: Comité Valmy
Sent: Saturday, October 17, 2009 9:47 PM
Subject: Les soixante ans de la République populaire chinoise : la quête d'un modèle de développement


La République populaire de Chine fête son 60e anniversaire. Pays extrêmement pauvre et sous-développé en 1949 et où la plupart des gens n'avaient pratiquement rien à manger et ne couraient qu'en haillons, la Chine s'est muée en la seconde nation industrielle et la troisième économie du monde. Pour y arriver, elle a dû projeter et élaborer elle-même un modèle de développement. Son succès n'a pas seulement transformé la Chine, il a également modifié la relation entre le Nord et le Sud dans le monde. L'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine disent que la collaboration avec la Chine « leur offre de nouvelles possibilités de développement indépendant ». C'est sous son influence que l'hégémonie américaine s'effrite de jour en jour.

Au moment où Mao Zedong proclamait la République populaire de Chine, le niveau de vie n'y était pas plus élevé que celui de l'Afrique noire. Dans la première période de construction, de 1949 à 1979, le pays enregistrait de nombreux succès dans la lutte contre la pauvreté. Mais ce fut dans la seconde période, de 1979 à nos jours, que les progrès furent les plus importants. La Banque mondiale écrit : « Entre 1981 et 2004, la partie de la population disposant de moins d'un dollar par jour est passée de 65 à 10 pour cent. Entre 1981 et 2004, plus de 500 millions de Chinois ont été sortis de la pauvreté. »

Dans les autres domaines du développement humain aussi, les progrès sont impressionnants.

En 1949, 90 pour cent des Chinois étaient analphabètes. Aujourd'hui, 87 pour cent des femmes et 96 pour cent des hommes de plus de 15 ans savent lire et écrire.

En 1949, le Chinois vivait en moyenne 35 ans. Aujourd'hui, 72. Il y a actuellement 4 millions de lits d'hôpital et 6 millions d'infirmiers, médecins et pharmaciens à temps plein. Le nombre de médecins par 10.000 habitants est aujourd'hui de 16, soit la moitié en plus qu'en 1978.

En 1949, aller à l'école était un privilège pour les riches. Aujourd'hui, la Chine a le plus grand réseau d'écoles du monde. L'enseignement gardien compte 23 millions d'enfants. Les enseignements primaire, secondaire et supérieur comptent respectivement 105, 92 et 20 millions d'élèves et d'étudiants. Chaque année, plus de 6 millions d'étudiants des universités et des écoles supérieures terminent leurs études. L'enseignement emploie 13 millions d'enseignants à temps plein.

La clé : l'économie Au cours des 60 années écoulées, la Chine n'a jamais trouvé de solutions « clé sur porte » aux problèmes qui sont immenses dans un pays où vit un bon cinquième de l'humanité et qui, en 1949 encore, faisait partie des plus pauvres de la planète. Le Parti communiste a commis bien des fautes, dont de très graves aussi, et il ne fait pas de doute qu'il en commet encore aujourd'hui. Mais on ne peut évaluer correctement ces fautes et erreurs sans les placer dans un contexte de progrès très rapide.

Aucun grand pays ne peut présenter un palmarès comme celui de la Chine. Son voisin, l'Inde, qui compte aussi plus d'un milliard d'habitants, la précédait de loin, en 1949, sur le plan du développement humain. Aujourd'hui, la situation s'est inversée. La Chine compte 7 pour cent d'enfants sous-alimentés. L'Inde 44 pour cent. En Chine, 98 pour cent des enfants de moins de 12 ans vont à l'école. En Inde, 50 pour cent.

En 1950, le revenu national chinois par habitant était d'un quart inférieur à celui de l'Inde. Aujourd'hui, il est trois fois plus élevé.

La clé du succès chinois se situe bien sûr ici : plus vite l'économie croît, plus vite on peut résoudre les problèmes de la nourriture, de l'habillement, du logement, des soins de santé, de l'enseignement, de l'emploi, de l'urbanisation.

Depuis 1980, l'économie chinoise croît chaque année de 10 pour cent en moyenne, soit plus du double de la croissance de la période 1949-1979. Aujourd'hui, la Chine est à même de nourrir toute sa population : 22 pour cent de l'humanité, même si la Chine ne possède que 9 pour cent de toutes les terres cultivables du globe. Ses réserves céréalières sont deux fois plus importantes que la moyenne mondiale.

En 1952, le produit intérieur brut (ce qui est produit dans tous les secteurs) de la Chine était de 68 milliards de yuan. En 2008, de 30.000 milliards de yuan.

En 1950, la Chine produisait moins de 3 pour cent de ce qui était produit dans le monde entier. Aujourd'hui, 12 pour cent.

Des 22 principales catégories industrielles, il y en a 7 dans laquelle la Chine est le premier producteur mondial.

Les numéros un, deux et trois du monde bancaire international sont chinois et tous trois appartiennent à l'État.

En 1950, la Chine produisait 160.000 tonnes d'acier, juste de quoi fabriquer un petit couteau de cuisine pour chaque habitant. L'an dernier, la production d'acier a été de 500 millions de tonnes – c'est plus que la production des États-Unis, du Japon et de la Russie ensemble.

En 2008, la Chine réalisait 22 pour cent de la croissance économique totale dans le monde. D'après l'ONU, cette année, elle franchira le cap des 50 pour cent.

Alors que le monde entier soupire et gémit sous la crise économique, la Chine connaîtra cette année aussi une croissance économique d'au moins 8 pour cent. À titre de comparaison : les 16 pays qui utilisent l'euro ont cette année une "croissance" négative de 4 pour cent.

La pratique réclame à cor et à cris un nouveau modèle économique Au fil des années, le Parti communiste chinois a projeté un modèle qu'il appelle « économie socialiste de marché ». « C'est à cela que nous devons notre succès économique », dit-il.

Ce modèle a été mis sur pied progressivement à partir de 1979, en tant qu'alternative au modèle soviétique classique, l'économie planifiée, modèle que la Chine a connu elle aussi jusqu'en 1979. Le modèle soviétique est né dans les années 1927-1929, après la mort de Lénine, le fondateur de l'Union soviétique. Tous les pays socialistes ont appliqué ce modèle après la Seconde Guerre mondiale.

L'économie planifiée, dans laquelle l'État accorde aux entreprises les moyens disponibles telles les matières premières et les finances, a connu ses succès et ses revers. Le modèle a permis à l'Union soviétique d'évoluer en très peu de temps, passant d'une situation de pays sous-développé au rang de seconde nation économique sur terre. Il a également permis à l'Union soviétique de vaincre le nazisme et, après la guerre, de se remettre rapidement sur pied sur le plan économique.

Mais, à partir des années 1960, l'économie soviétique régressait sur le plan de la croissance de la productivité, de l'efficience et du progrès économique en général. La planification centrale ne pouvait empêcher la prospérité et le bien-être des gens de ne croître que très modérément, pas plus qu'elle ne pouvait empêcher qu'intervînt une pénurie de longue durée de denrées de première nécessité et de biens de consommation. À partir des années 1960, l'économie capitaliste des centres – États-Unis et Europe occidentale – connaissait une croissance plus rapide que celle de l'Union soviétique. Trente ans plus tard, ç'allait être l'une des causes de la disparition de l'Union soviétique.

À la fin des années 1970, la Chine a connu une situation comparable à celle de l'Union soviétique au début des années 1960. Au cours du Premier Plan quinquennal, de 1952 à 1957, la planification centrale assurait une croissance économique spectaculaire mais, par la suite, le taux de croissance se mit à baisser sans arrêt.

Durant le Premier Plan quinquennal, la croissance de la productivité dans toute l'économie fut en moyenne de 8,7 pour cent par an. Durant le Troisième Plan quinquennal (1965-1970), elle était descendue à 2,5 pour cent et, durant le Quatrième Plan quinquennal (1970-1975), elle n'était plus que de 1,3 pour cent en moyenne par an.

Durant le Premier Plan quinquennal, les salaires réels dans les entreprises d'État augmentèrent de 5,4 pour cent en moyenne par an. Durant le Quatrième Plan quinquennal, cette croissance fut négative : - 0,1 pour cent en moyenne par an.

Entre 1957 et 1978, la consommation privée dans les campagnes augmenta de 1,9 pour cent par an et par habitant. Dans les villes, cette hausse fut de 2,6 pour cent. Aujourd'hui, cette hausse, tant à la campagne que dans les villes, est de trois à quatre fois plus élevée.

Entre 1958 et 1978, la production de céréales n'augmenta en moyenne que de 2,08 pour cent par an. C'est à peu près la même croissance que celle de la population.

En 1952, le rapport entre le nombre des habitants des campagnes et celui des villes était de 4,9/1. En 1978, ce rapport était exactement le même.

En 1952, 85 pour cent de la main-d'œuvre dans les campagnes était employée dans l'agriculture. En 1978, ce pourcentage était presque le même.

À la fin des années 1970, la majorité des entreprises d'État étaient déficitaires.

Bref, la pratique réclamait à cor et à cris un nouveau modèle économique susceptible d'assurer une croissance plus rapide de la productivité, des bénéfices pour les entreprises d'État, une plus grande efficience dans l'octroi et l'utilisation des moyens disponibles et la mise sur pied plus rapide d'une nation industrielle et moderne. Ce modèle devait allouer plus d'espace à l'économie individuelle et capitaliste et plus d'autonomie aux entreprises d'État sans compromettre ni perdre le contrôle de la base du socialisme, la propriété des secteurs les plus performants de l'économie plus (+) le pouvoir de l'État. Ainsi, la pratique contraignit à abandonner les vieux dogmes, peu efficients. Quand, en 1979, la Chine introduisit timidement les premiers mécanismes du marché dans l'agriculture, celle-ci connut une croissance explosive. Ce fut un encouragement à persévérer. Dans les quinze années qui suivirent, la Chine put mettre en place son modèle cohérent d'économie socialiste de marché.

Le marché socialiste et capitaliste Trois caractéristiques font la différence entre l'économie socialiste de marché et l'économie capitaliste de marché.

Dans l'économie socialiste de marché, l'État, via ses entreprises et holdings, a en main les piliers et les déterminants de la direction de l'économie, comme le secteur bancaire, la sidérurgie, les télécommunications, les transports, le secteur de l'énergie, l'exploitation minière…

En outre, l'appareil d'État n'est pas aux mains d'entrepreneurs capitalistes. Ceux-ci ne peuvent pas, comme cela s'est passé sous le capitalisme, s'unir en une classe socioéconomique prédominante et, par conséquent, ils ne déterminent pas non plus la politique socioéconomique de la nation.

Enfin, il y a des différences dans le fonctionnement du marché. Sous le socialisme, il y a une relation d'unité et de lutte entre l'État et le marché, relation dans laquelle l'État est le facteur le plus fort et celui qui décide. Bien que le marché soit le principal instrument de répartition des moyens disponibles parmi les entreprises, il n'est pas libre pour autant. Sous le socialisme, le marché fonctionne dans les limites du système social. C'est ce qui définit le caractère du marché. Ainsi, dans ses Plans quinquennaux et dans sa politique journalière, l'État chinois établit quelles sont les priorités, où et comment des percées seront réalisées, où et comment certains aspects vont devoir être corrigés. L'État encourage le parties individuelle et capitaliste de l'économie mais sa préférence va néanmoins aux entreprises d'État. En octobre 2008, l'État chinois a révélé qu'il allait lancer toute une série d'incitants pour une valeur de 4.000 milliards de yuan. Au moins 80 pour cent de ce montant colossal sera consacré à des commandes pour les entreprises d'État. Dans la libre économie capitaliste de marché, il y a également planification de l'État et intervention de l'État, mais seulement pour une part très minime et toujours axée sur la rentabilité des entreprises privées. Durant des périodes de crise et de guerre, la libre économie capitaliste de marché embraie rapidement sur un système où la planification et la coordination nationales sont beaucoup plus fortes. Mais, là aussi, le profit des entreprises privées est le principe prioritaire. Dans l'économie socialiste de marché, par contre, le développement socioéconomique général de la nation est le principe directeur.

Il ne fait absolument aucun doute que l'économie socialiste de marché crée de nouvelles contradictions. La principale est celle-ci : au fur et à mesure que l'économie croît et que les entreprises capitalistes deviennent elles aussi des géants, une tendance croîtra chez les capitalistes à vouloir assumer le contrôle de l'appareil de l'État. Comme ce fut toujours le cas, ces 60 dernières années, dans les moments cruciaux, la cohésion interne et la fermeté sur les principes du Parti communiste seront alors déterminantes.

La Chine change le monde L'économie socialiste a fait croître la Chine comme jamais aucun autre grand pays dans l'histoire ne l'a fait. La chose n'est pas passée inaperçue dans les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine, où vit 80 pour cent de la population mondiale.

Depuis les années 1990, se met en place dans ces pays ce qu'on appelle le « consensus de Beijing », une approbation générale du modèle chinois de développement. Le consensus de Beijing prend de l'ampleur au fur et à mesure que le consensus de Washington ne cesse de s'affaiblir. Le consensus de Washington est synonyme de néolibéralisme, privatisation, démantèlement des programmes sociaux de l'État, vente aux États-Unis, à l'Europe occidentale ou au Japon des parties les plus rentables de l'économie nationale, octroi de tous les avantages aux couches les plus riches de la population… Tout cela allait en fin de compte faire grand bien aux pays du tiers monde, prétendaient les défenseurs du consensus de Washington. Le chemin serait bien çà et là, de temps à autre, douloureux mais il allait déboucher sur un avenir rayonnant.

C'est le contraire, qui s'est produit : la pauvreté a augmenté, les revenus ont stagné ou baissé, l'enseignement et les soins de santé sont allés à vau-l'eau. Le démantèlement des programmes sociaux a provoqué en Thaïlande une propagation plus grande du sida et, en Indonésie, la diminution des subsides alimentaires à ceux qui souffraient de la faim. Cerise sur le gâteau, le néolibéralisme provoquait de plus en plus de crises économiques en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Ces trente dernières années, il y a eu plus de cent crises économiques graves dans des pays en voie de développement considérés individuellement.

Le consensus de Washington a reçu le coup de grâce en 2008, quand les institutions financières de l'Occident, qui se croyaient supérieures, qui avaient toujours de bons conseils à vendre aux pays du tiers monde, se sont effondrées lamentablement, après quoi il s'en est suivi un chaos sans perspective dans toute l'économie capitalisme.

Peu de gens dans le tiers monde ont oublié comment les spécialistes des institutions financières occidentales les ont mis en garde, des années durant, contre l'effondrement des banques chinoises. Mais le tiers monde voit aujourd'hui comment ces mêmes banques chinoises doivent courir pour venir en aide au trésor américain, sans quoi le numéro un mondial va se retrouver en faillite, ou comment les chefs de bien des multinationales américaines se mettent à plat ventre pour remercier le seigneur Dieu qu'il existe un marché chinois, sans quoi ils peuvent prendre leurs cliques et leurs claques et fermer la boite. La revue d'affaires américaine Forbes écrit : « Ces prochaines années, la prospérité des États-Unis dépendra de ce qui se passera en Chine. Nous dépendons du bon vouloir des Chinois afin de pouvoir financer nos déficits budgétaires. Mais notre dépendance va plus loin. Notre commerce, notre sécurité, notre diplomatie, notre compétitivité ne peuvent croître si les choses ne vont pas bien en Chine. »

La punition encourue par le capitalisme hautain et arrogant qui, à partir du trafic des esclaves, s'est cru supérieur aux « Untermenschen », à ces 80 pour cent de la population mondiale vivant en Asie, en Afrique et en Amérique latine, cette punition est complète. Cela incite à une réflexion fondamentale. Le lauréat du prix Nobel et professeur d'économie Joseph Stiglitz écrivait récemment : « Cette crise passera. Mais aucune crise grave ne passe sans laisser de traces. De l'héritage de cette crise fait partie le combat à l'échelle mondiale entre les idées et à propos de la question de savoir quel système économique est le meilleur pour le peuple. Nulle part ce combat n'est mené avec plus d'acharnement que dans le tiers monde, parmi les gens d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique. Ici fait rage la bataille des idées entre le capitalisme et le socialisme. (…) Les pays du tiers monde sont de plus en plus convaincus que l'on ne doit pas embrasser les idéaux économiques américains, mais qu'on doit s'en écarter le plus rapidement possible. »

Les relations commerciales mettent sens dessus dessous les relations internationales La bataille des idées et le rejet du modèle américain sont aussi une conséquence de la modification des relations économiques dans le monde. La croissance économique de la Chine a fait que le pays est devenu de plus en plus actif sur la scène économique internationale. En vingt ans à peine, voilà ce qui a mis les relations sens dessus dessous.

Dans un volumineux rapport sur la collaboration économique entre l'Afrique et la Chine et l'Afrique et l'Inde, la Banque mondiale écrit : « Des décennies durant, le commerce mondial a été une question entre les pays développés du Nord et les pays en voie de développement du Sud, et entre les pays du Nord mutuellement. Mais, aujourd'hui, il y a un large courant d'investissements et de commerce entre l'Afrique et l'Asie. En l'an 2000, 14 pour cent des exportations africaines allaient vers l'Asie. Aujourd'hui, il s'agit de 27 pour cent. C'est presque autant que les exportations vers les États-Unis et l'Europe, les traditionnels partenaires commerciaux de l'Afrique. La part ouest-européenne des exportations africaines s'est réduite de moitié, durant la période 2000-2005. »

Le moteur de la collaboration économique entre l'Afrique et l'Asie est la Chine. Quarante pour cent des exportations africaines vers l'Asie sont destinées à la Chine.

Le commerce entre la Chine et les autres pays du tiers monde part du principe gagnant-gagnant : les deux partenaires doivent tirer avantage tous deux du commerce. En règle générale, cela signifie que la Chine fournit des infrastructures en échange de minerais et de pétrole. Ainsi, fin 2007, un vaste accord a-t-il été conclu entre le Congo-Kinshasa et la Chine, dans lequel il est écrit qu'en échange de minerais, la Chine va prendre en charge la construction de 31 hôpitaux (de 150 lits chacun), 145 cliniques ou centres de soins de santé (de 50 lits chacun), 4 grandes universités, 20.000 habitations sociales, la distribution d'eau de la ville de Lubumbashi, un nouveau siège du Parlement, 3.300 km de routes, 3.000 km de voies ferrées. Lors de la signature du contrat, le ministre congolais de l'Infrastructure, Pierre Lumbi, a déclaré : « Pour la première fois dans l'histoire, le peuple congolais sait à quoi vont servir notre cobalt, notre nickel et notre cuivre. »

Le journal The Economist écrit : « Cinquante ans d'aide européenne et américaine n'ont pas rapporté grand-chose à l'Afrique. Il en va autrement avec la Chine. En échange de pétrole et de matières premières, la Chine met en place les infrastructures africaines. »

Il est évident que, de la sorte, la Chine suscite beaucoup de bonne volonté et se fait de nombreux amis en Afrique et ce, au détriment des liens entre l'Afrique et les États-Unis et entre l'Afrique et l'Europe.

La même chose se passe en Amérique latine. Là aussi, les liens économiques ont déjà mené à la conclusion de traités de « partenariat stratégique » entre, d'une part, la Chine et, d'autre part, le Brésil, le Venezuela, le Mexique, l'Argentine, le Pérou, Cuba, la Bolivie et le Chili.

L'Asie elle aussi connaît ces changements. Déjà, en 2003, le New York Times constatait : « La domination américaine en Asie, vieille de cinquante ans, s'effrite de plus en plus. Aujourd'hui, les pays asiatiques se tournent en premier lieu vers la Chine. » Entre-temps, la situation a tellement évolué que même les rapports entre les États-Unis et le Japon, Taiwan et la Corée du Sud, les trois principaux alliés des États-Unis en Asie, se retrouvent sous pression. En 1995, la Corée du Sud et Taiwan exportaient chacune deux fois plus vers les États-Unis que vers la Chine. Dix ans plus tard, les deux pays exportaient déjà davantage vers la Chine. En 1995, le Japon exportait trois fois plus vers les États-Unis que vers la Chine. L'an dernier, la Chine est devenue la première destination des exportations japonaises.

Un rapport adressé au Congrès américain dit : « Les courants commerciaux modifiés changent également les rapports de dépendance. Le Japon, Taiwan et la Corée du Sud sont désormais davantage dépendants de la Chine. (…) Les relations économiques font en sorte qu'il y a aujourd'hui plus de collaboration politique et d'entente entre la Chine et le Japon, Taiwan et la Corée du Sud. » Cela coïncide avec l'effritement de plus en plus prononcé de l'influence américaine en Asie.

Sur les trois continents du tiers monde, se produit le même phénomène. Partout semble venir la fin de la période coloniale. Au siècle dernier, et surtout après la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de nations du tiers monde ont arraché leur indépendance. Mais, dans de très nombreux cas, cette indépendance ne fut qu'apparente et elle changea très peu de chose à leur sous-développement. La présence de la Chine sur la scène internationale contribue désormais à une réelle indépendance de ces pays et à leur développement.

L'article ci-dessus date du 1er octobre 2009 et est de la plume de Peter Franssen, rédacteur de www.infochina.be .

Sources :

–Basu, Kaushik. Asian Century | A Comparative Analysis of Growth in China, India and other Asian Economies (Le siècle asiatique. Une analyse comparative de la croissance de la Chine, de l'Inde et d'autres économies asiatiques), Department of Economics, Cornell University, New York, 2009.

–Broadman Harry. Africa's Silk Road | China and India's New Economic Frontier (La route de la soie de l'Afrique. La Chine et la nouvelle frontière économique de l'Inde), The World Bank, Washington, 2007.

–« Contrat Chine-RDC : encore des éclaircissements », Le Potentiel, 10 mai 2008.

–Datta, K.L.. Central Planning | A Case Study of China (Planification centrale/ Etude d'un cas : la Chine), Concept Publishing Company, New Delhi, 2004.

–Deng Xiaoping. « Points essentiels des propos tenus à Wuchang, Shenzhen, Zhuhai et Shanghai », dans : Textes Choisis, Éditions en langues étrangères, Beijing, 1994, Tome III, pp. 379-393.

–Economic Management Department Worldbank, From poor areas to poor people : China's evolving poverty reduction agenda | An asessment of poverty and inequality in China (Département du management économique de la Banque mondiale : Des régions pauvres aux gens pauvres : Agenda chinois de l'évolution de la réduction de la pauvreté. Une évaluation de la pauvreté et de l'inégalité en Chine), New York, 2009.

–Eunjung Cha Ariana. « China Uses Global Crisis to Assert Its Influence » (La Chine utilise la crise mondial pour affirmer son influence), The Washington Post, 23 avril 2009.

–Franssen, Peter. « Le développement du socialisme en Chine », dans : Études marxistes, n° 78, Bruxelles, 2007, pp. 13-115.

–Gabriele Alberto et Francesco Schettino. Market Socialism is a Distinct Socioeconomic Formation Internal to the Modern Mode of Production (Le socialisme de marché est une formation socioéconomique distincte inhérente au mode moderne de production), Unctad, Genève, 2008.

–Gabriele Alberto. The Role of the State in China's Industrial Development : a Reassesment, (Le rôle de l'État dans le développement industriel de la Chine : une réévaluation), Unctad, Genève, 2009.

–Gao Lu. « Seemingly Easy Struggle of Adopting Socialist Market Economy » (La lutte apparemment facile de l'adoption de l'économie socialiste de marché), Jingji Ribao, 14 novembre 1992.

–Faiola Anthony et Mary Jordan. « Developing Nations Set to Get More Say » (Les nations en voie de développement en mesure d'avoir plus à dire), The Washington Post, 31 mars 2009.

–Guo Fei. « Some thoughts on deepening the reform of ownership structure » (Pensées sur l'approfondissement de la réforme de la structure de la propriété), Social Sciences in China, Vol. XXIX, n° 4, novembre 2008, pp. 81-97.

–« Liu Guoguang on socialist market economy' » (LG sur l'économie socialiste de marché), Xinjiang Ribao, 20 novembre 1992.

–Ma Hong. « Establish a New Socialist Market Economic Structure » (Établir une nouvelle structure d'économie socialiste de marché), Jingji Yanjiu, 12 novembre 1992.

–Moffett Sebastian. « Japan Gets Shelter via China Trade » (Le Japon à l'abri grâce au commerce chinois), Wall Street Journal, 5 février 2008.

–Kornai Janos et Yingyi Qian. Market Socialisme in the Light of the Experiences of China and Vietnam (Le socialisme de marché à la lumière des expériences de la Chine et du Vietnam), Palgrave Macmillan, New York, 2009.

–Nanto Dick K. et Emma Chanlett-Avery. The Rise of China and Its Effect on Taiwan, Japan, and South Korea (La montée de la Chine et son effet sur Taiwan, le Japon et la Corée du Sud), CRS Report for Congress, Washington 2006.

–National Bureau of Statistics, China Statistical Yearbook (Livre annuel des stat. chinoises), China Statistics Press, Beijing, 2008.

–Perlez Jane. « Asian Leaders Find China a More Cordial Neighbor » (Les dirigeants asiatiques trouvent en la Chine un voisin plus cordial), The New York Times, 17 octobre 2003.

–Shankar Acharya. « Rising India labours in the shadow of Asia's real giant » (La montée de l'Inde s'opère dans l'ombre du véritable géant asiatique), Financial Times, 29 juillet 2009.

–« Special report on China's quest for resources » (Rapport spécial sur la recherche de ressources par la Chine), The Economist, 15 mars 2008.

–Stiglitz Joseph. « Wall Street's Toxic Message » (Le message empoisonné de WS), Vanity Fair, juillet 2009.

–Thwaites Christian. « China To the Rescue » (La Chine à la rescousse), Forbes, 30 mars 2009.

–Zhang Jiawei. « China enters list of lower-middle-income countries » (La Chine entre dans la liste des pays à revenu moyen inférieur), China Daily, 8 septembre 2009.

–Zhang Xudong. « Statistics Show China's Achievements, Deficiencies Over Past 60 Years » (Les statistiques montrent les réalisations et les déficiences de la Chine ces 60 dernières années), Xinhua, 18 août 2009.

–Zhu Shilong. « Interview with Liu Guoguang » (Interview de LG), Zhongguo Jizhe, 15 novembre 1992.

http://www.infochina.be/fr/node/329

mercredi 14 octobre 2009

BELGIQUE: DAMPREMY: Al bwèsse à music ..., chez Mémé Loubard ... samedi 19 décembre 2009...

 

From: claudine
Sent: Wednesday, October 14, 2009 10:24 AM
To:
 

Claudine Mahy alias Mémé Loubard en concert

Organisateur :

Claudine Mahy alias Mémé Loubard, LE FAN CLUB....

Type :

Musique/Arts - Concert

Réseau :

Mondial

 

 

Date :

samedi 19 décembre 2009

 

Heure :

20:00 - 23:55

 

Lieu :

Al bwèsse à music 94 rue Jules Houssière 6020 Dampremy

Description

Venez écouter notre Mémé Loubard et Cathy M dans un tour de chant qui va vous surprendre, elle se partage la scène......

Vous serez agréablement surpris de découvrir Cathy M. par son talent et sa voix.


Notre Mémé de X Factor compte sur vous...

Réservation souhaitée : 0477/720538

P.A.F : 10 €

 

                             

         Mémé loubard                                              Caty-M

 

 

lundi 12 octobre 2009

Pétition : Pour l'indépendance de la Belgique vis-à-vis du Vatican

Sent: Monday, October 12, 2009 5:01 PM
Subject: Fw: Pétition : Pour l'indépendance de la Belgique vis-à-vis du Vatican


 
---------- Message transféré ----------
De : LaPetition.be <confirmation@lapetition.be>
Date : 12 octobre 2009 14:00
Objet : Pétition : Pour l'indépendance de la Belgique vis-à-vis du Vatican
À : Neutralité de l'Etat <6000charleroi@gmail.com>


Bonjour,

Je voudrais attirer ton attention sur un sujet qui me tient à coeur.

Si toi aussi tu y es sensible je t'encourage à aller signer la pétition et à faire suivre cet Email à tes contacts.

Adresse de la pétition : http://www.lapetition.be/petition.php?petid=5207

Pétition : Pour l'indépendance de la Belgique vis-à-vis du Vatican

La canonisation du "Père Damien" a été l'occasion d'un déplacement massif de représentants de l'Etat belge à Rome, où ils sont allés, au nom de tous les Belges, faire acte de soumission devant Benoît XVI, à la fois chef d'Etat et chef religieux.

On a ainsi vu le Roi Albert II (qui a pourtant prêté le serment de "maintenir l'indépendance nationale") se prosterner en signe d'allégeance devant Josef Ratzinger (mieux connu sous le nom de Benoît XVI), tandis que la Reine Paola se couvrait la tête d'un voile, en signe de soumission. C'est une grave violation de la neutralité de l'Etat belge en matière religieuse et un acte de soumission devant un chef d'Etat étranger.

Le représentant diplomatique à Bruxelles de l'Etat du Vatican, le "nonce apostolique", jouit par ailleurs de privilèges exorbitants, lui donnant un droit de préséance sur tous les autres représentants diplomatiques accrédités en Belgique, du seul fait qu'il représente aussi les autorités catholiques romaines.

Les signataires exigent que cessent les manifestations publiques d'allégeance des représentants de l'Etat et/ou des "entités fédérées" à une religion, quelle qu'elle soit, et, le cas échéant, aux autorités qui la représentent. Ils exigent pareillement la fin de tout privilège accordé à quelque représentant diplomatique que ce soit su base de considrations d'ordre religieux.



Merci à toi.



Neutralité de l'Etat



http://www.lapetition.be/petition.php?petid=5207
 
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le Vatican (publication personnelle en cours de RoRo: prière de s'inscrire en m'envoyant un mél, svp: romaincourcelles@hotmail.com ):
 
Subject: "LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962..., jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.




"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962...

Je publierai progressivement ce retracé politico-historique, au fur et à mesure de mes disponibilités, sur "paix _ socialisme _ communisme" ...

Bienvenue et bonne lecture à tous mes correspondants qui auront la patience de le lire jusqu' au bout ! Cela en vaut peut être la peine ... (???).

RoRo12

03/09/2008

 

Chapitre premier

LTAT DE LA CITE DU VATICAN

Le Vatican est tout à la fois un État microscopique enclavé dans Rome et le centre de l'Église catholique romaine (1) .

II est devenu un État aux termes du traité de Latran, conclu en 1929 entre Pie XI et le gouvernement fasciste de Mussolini. L'article 3 de ce traité stipule: «L'Italie reconnaît au Saint-Siège l'entière propriété, le pouvoir exclusif et absolu, et la juridiction souveraine sur le Vatican dans sa composition actuelle, avec toutes ses dépendances et dotations, instituant ainsi, à des fins particulières et dans les modalités stipues au présent trai, la Cite du Vatican.»

Ltat du Vatican ne ressemble à aucun autre État du monde en ce sens qu'il n'a ni ouvriers, ni paysans, ni industrie, ni agriculture. C'est un minuscule État ecclésiastique dont le souverain absolu est le pape de Rome, chef de la catholici.

(pages 1, 2, 3)

I Le Vatican est une colline située sur la rive droite du Tibre, dans le nord-ouest de Rome. Ce fut dans l' antiquité un lieu de culte et de vaticinations. d'où, vraisemblablement, son appellation. L'un des dieux de la mythologie romaine était Vaticanus qui, assurait-on, faisait pousser à l'enfant son premier cri. (Voir Gaston Boissier: La religion romaine d'Auguste aux Antonins, Paris 1906, p. 4). Après que le christianisme fut devenu la religion d

État de l'Empire romain, le Vatican devint un haut lieu du culte chrétien. C'est à la fin du Ve siècle et au début du VIe que I' on a commencé à bâtir les édifices de l' éché de Rome. Depuis la fin du XIVe siècle, le Vatican est la résidence permanente des papes.

Pendant onze siècles, de 756 a 1870, il a existé sur le territoire de l' Italie actuelle des États pontificaux (ou États de 1'Église) où la plénitude du pouvoir temporel appartenait au clergé catholique. Le pape de Rome était chef de cet État caractérisé par 1'exploitation féodale des masses populaires et le joug de 1'Église catholiqueSur la fin, les États pontificaux comptaient parmi les puissances les plus réactionnaires d'Europe.

Laissons parler l'Histoire universelle de Schlosser (1776-1861): « Les États pontificaux étaient régis par un enchevêtrement de lois, édictées depuis des siècles; les législations civile et ecclésiastique étaient confondues. .. Partout sévissaient les espions et les déla­teurs ... Le pape et ses conseillers n'avaient ni le temps ni 1'envie de s'occuper de leurs sujets ... Aussi, 1'idée que des réformes fussent nécessaires ne pouvait leur venir à 1'esprit. »

Un contemporain du pape Grégoire XVI (dont le pontificat dura de 1831 a 1846) nous rapporte que toutes les provinces des États de 1'Église «se trouvaient en état de siège; la cour martiale siégeait en permanence; les prisons et les lieux de déportation étaient bondés; le gibet et 1'échafaud rivalisaient d'activité 2 ».

Dans l'ouvrage qu'il fit paraître en 1901 sur 1'histoire de 1' Italie, le célèbre historien russe Eugène Tarlé écrivait au sujet du régime des États pontificaux: « Rome était administrée par un cardinal, exerçant les fonctions de préfet de police... Le désordre administratif était épouvantable, parce que les prélats, les prêtres subalternes et les moines-policiers s'acquittaient de leurs devoirs de façon détestable, ils volaient, et étaient connus pour leurs concussions et leurs dérèglements...

1 F. Schlosser: Weltgeschichte tur das deutsche Volk, 2.Ausg.
Bd.16, Oberhausen und Leipzig 1874, S. 404.

2 M. Pinto: Pie IX et La révolution, voir dans la revue Vestnik Evropy (Courrier de l'Europe), juin 1867, p. 264.

La justice était rendue par quatorze tribunaux ecclésiastiques, dispersés à travers le pays et composés exclusivement de clercs désignés. La censure était monstrueusement tatillonne. Dante était à 1'index, et aussi l' Ancien Testament, et Pétrarque. On était emprisonné pour avoir lu Boccace ... Les jésuites avaient la haute main sur les universités de Rome et de Bologne, ils châtiaient durement les étudiants qui osaient parler de la rotation de la Terre.  La misère des populations n'empêchait nullement 1'administration ecclésiastique de les pressurer d'impôts et de redevances. Par sa cruauté irréfléchie, la fiscalité abusive pratiquée dans les États pontificaux obligeait les habitants des villages à fuir au hasard ... ».
Tel était le régime institué dans 1'État où le pouvoir absolu était exercé par le pape et son clergé

Selon Stendhal: « Le pape exerce donc deux pouvoirs fort différents: il peut faire, comme prêtre, le bonheur éternel de 1'homme qu'il fait assommer comme roi 1.»

L'arbitraire sévissant dans les États pontificaux suscitait les protestations du peuple. Mais celles-ci étaient réprimées avec une extrême dureté. Dans ses dernières années, le pouvoir temporel du pape s' appuyait sur les baïonnettes françaises et autrichiennes. Les meilleurs fils du peuple italien, luttant pour 1'unification du pays, désiraient aussi la suppression des États pontificaux, qui constituaient un grave obstacle à 1'unité nationale.

En 1870 1'unification définitive de l'Italie mit un terme à l'existence des États pontificaux. Leur territoire de 16000 milles carrés, avec sa population de plus de trois millions d'habitants, s'intégra dans le royaume d'Italie. Le pape se vit dépouillé de son pouvoir temporel; et, dans ce pays où 1'influence de l'Église catholique était et est encore très forte, il ne trouva guère de défenseurs.

1  Promenades dans Rome, t.1, Paris 1829, p. 7.


(Pages 4 et 5)

 

A l'heure actuelle, le pape et l'épiscopat catholique, qui répandent parmi leurs ouailles des notions fausses sur le communisme, voudraient les persuader que seule la stricte observation des préceptes du catholicisme peut conduire l'humanité à une société meilleure. Or, le pape et ses évêques avaient une magnifique occasion de faire éclater la supériorité de la voie où ils voudraient que s'engagent les hommes. Pendant onze siècles, ils ont gouverné tout un Etat! Mais ils n'y ont pas fait régner, tant s'en faut, une vie de bonheur et d'équité pour les masses populaires.

La superficie de la Cidu Vatican est aujourd'hui de 108,7 acres (sans compter 13 édifices à Rome hors de l'enceinte du Vatican). Sa population est d'un millier de personnes, dont 700 sujets du Saint-Siège. Le Vatican possède une ligne de chemin de fer de quelques centaines de mètres, rattachée au réseau ferroviaire italien; une centrale électrique, une station de radiodiffusion, une monnaie, des timbres - Poste, une école primaire et même une prison. Cet Etat gouverné par le vicaire du Christ, et qui compte à peine mille habitants, ne peut se passer d'une prison!

En tant que monarque temporel, le pape dispose d'une armée (100 gardes-suisses) et d'une gendarmerie de cent hommes environ. Les gardes-nobles (100 hommes, choisis parmi l'aristocratie romaine) et la garde palatine (500 bourgeois de Rome) sont des formations non permanentes créées pour les rémonies solennelles' du Saint-Sge.

Le Vatican est une monarchie absolue. En vertu de la loi fondamentale promulguée en 1929, le pape exerce la plénitude du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Un gouverneur assume en son nom les fonctions administratives. Il existe une commission pontificale pour l'expédition des affaires de l'Etat, composée de deux cardinaux, d'un évêque-secrétaire et d'un conseiller général.

(page 6)

Autrefois, le pape était choisi parmi la grande aristocratie féodale, italienne le plus souvent. C'était au moyen âge un des signes du caractère foncièrement féodal de l'Eglise catholique et de sa hiérarchie.

Plus tard, on vit sur le trône pontifical des représentants des banques et de l'industrie. Cela traduisait la métamorphose de l'Egliscatholique qui, dans les pays capitalistes industriellement évolués, se mettait idéologiquement, politiquement et moralement au service de la bourgeoisie.

Ainsi, de 1914 à 1922, le titulaire du Saint-Siège fut Benoît XV (marquis Giacomo della Chiesa), membre d'une grande famille noise  apparentée à la haute finance italienne. Son successeur, de 1922 à 1939, fut Pie Xl (Achille Ratti), issu de la grande bourgeoisie lombarde. C'est à lui que l'on doit la phrase fameuse, prononcée au lendemain de la signature du Traité de Latran: « Si c'était nécessaire pour le salut des âmes, je m'entendrais volontiers avec le Diable ... 1»

A Pie Xl succéda, de 1939 à 1958, Pie XII (Eugenio Pacelli), rejeton d'une dynastie de richissimes banquiers. Cette famille a des attaches étroites avec la haute finance italienne et internationale. En 1911, le prince Volkonski, représentant du gouvernement du tsar auprès du Saint-Siège, mandait à Pétersbourg que le Vatican et, plus particulièrement, la famille Pacelli avaient des intérêts dans la guerre qui venait d'éclater entre l'Italie et la Turquie. « La guerre déclenchée à l'occasion de Tripoli entre l'Italie et la Turquie, écrivait-il, ne peut manquer d'intéresser le Vatican ... L'opinion publique est unanime à reconntre l'intérêt que porte le Saint-Siège à la nouvelle crise ... Les relations bien connues entre le Vatican et le Banco di Roma pèsent plus que toute autre chose dans la balance.

1 Ch. Hugo Doyle: We have a pope. The life of pope Pius

XII, New Jersey" 1942, p.ll. .

 

(page 7)

 

Il suffit de rappeler qu'à la tête de cet établissement se trouve M. Ernest Pacelli, représentant des milieux cléricaux romains, oncle d'une étoile montante de 'la diplomatie vaticane, monsignor Eugenio Pacelli (le futur Pie XII. M.C.). Le rôle considérable joué par cette banque dans le conflit actuel est tellement évident qu'il est même surestimé dans l'opinion romaine, où l'on va jusqu'à affirmer que la crise a été provoquée précisément par les activités de la Banco di Roma 1. »

A la différence des trois souverains pontifes précédemment nommés, l'actuel pape Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli), porté au pontificat en octobre 1958, est issu d'une famille paysanne. La propagande cléricale voudrait en profiter pour attirer à l'Eglise les sympathies des couches prolétariennes. Mais l'accession du nouveau pape n'a pas mué le Vatican en un rempart de la démocratie, il s'en faut de beaucoup. Comme sous les autres papes, le Saint-Siège demeure le défenseur du capitalisme. Il n'est que de se reporter, pour s'en convaincre, à la politique actuelle du Saint-Siège et aux propos du pape lui-même sur les questions majeures de l'actualité internationale.

Le Vatican et les princes de l'Eglise catholique (et pas seulement catholique!) sont indissolublement liés au monde de l'Industrie et de la haute finance. Cette liaison avait été signalée dès le début de ce siècle par un grand militant du mouvement socialiste français et international, Paul Laf'argue. Voici un texte de lui datant de 1903:  « Les Morgan et les Rockefeller sont des bâtisseurs d'Eglises et d'Universités... et prêtres et professeurs se dévouent à complaire aux volontés des manieurs d'or ... Les prêtres de toutes les Eglises sont  

1 Les relations internationales à l'époque de l'impérialisme, 2e partie, Moscou 1938, pp.125-126.

( page 8) 

agenouillés devant les grands capitalistes, ces dieux pour de vrai, qui leur donnent le manger, le coucher et le reste! ... »

Depuis l'époque où Lafargue écrivait ces lignes, les intérêts économiques et politiques du Vatican et des oligarchies ecclésiastiques se sont confondus plus étroitement encore avec ceux de la bourgeoisie.

Le Vatican et beaucoup d'organisations qui lui sont affiliées possèdent d'énormes capitaux. Le détail de ces affaires financières est tenu strictement secret, et il est rare que quelque chose en filtre dans la presse. C'est pourquoi il est impossible de recenser complètement les richesses du Vatican, d'analyser la totalité de ses liaisons avec la banque et l'industrie. Qu'il nous suffise de reproduire quelques données publiées à ce jour.

Le Vatican possède des actions pour une somme de 12 milliards de dollars 2.

Il faudrait des pages rien que pour dresser la liste des banques et compagnies d'assurances, des trusts et sociétés anonymes où le Vatican a des intérêts. «A travers 40 banques centrales, une centaines de banques publicitaires, le Vatican tient plus de 400 milliards sur les 600 milliards de l'épargne italienne 3.» 

L' Osservatore Romano, organe du Vatican, publie des annonces publicitaires, le plus souvent pour le compte de produits pharmaceutiques, considérant sans doute qu'il sied  à un journal ecclésiastique d'imiter la publicité du reste de la presse. Toutefois, des exceptions sont tolérées en faveur de certaines banques et sociétés anonymes dont les attaches avec le Saint-Siège sont particulièrement étroites. Ainsi, en page 2, à côté de textes éminemment édifiants, l'Osservatore Romano

 

1. Lafargue: Les trusts américains, Paris 1903, pp. 12-13

2. G. Heyden, H. Ullrich : Im Namen Gottes, Berlin 1959, p. 139

3. Roger Garaudy: L' Eglise, le communisme et les chrétiens, Paris 1949, p. 156 

(page 9)

insère la publicité de la Banco di Roma qui, lisons-nous, possède un capital de 12 milliards et demi de lires et compte 200 succursales en Italie et à l'étranger. Dans le même journal, nous trouvons la réclame de la Banco Commerciale Italiana, de la Banco Ambrosiano et autres établissements, également liés au Saint-Siège.
D'après le publiciste allemand G. Baumann, le Vatican est une grande puissance financière à l'échelle mondiale , et pas seulement italienne. Il est allié à la haute finance d'Italie, de France, de Belgique, du Luxembourg, de Suisse et d'Amérique du Sud. Le Vatican et, plus généralement, l'Eglise catholique possèdent des capitaux et des investissements énormes en Espagne, au Mexique, en Afrique, en Extrême-Orient, aux États ­- Unis. Le Vatican est l'associé de la maison Rothschild et de la dynastie américaine des Morgan.
L'oligarchie suprême de l'Eglise catholique, écrit P. Togliatti, «est devenue je ne dirais pas un appendice, mais une partie intégrante du grand capital. Cela est . particulièrement vrai pour notre pays, où. nous apprenons chaque jour que le Vatican a acheté des actions tantôt d'une société, tantôt d'une autres ».
Comme l'indique R. Garaudy, le Vatican a investi des centaines de millions de francs en France, 35 milliards de francs aux États-Unis, et 60 milliards dans plusieurs autres pays. Il n'est pas jusqu'aux maisons de jeu de Monte-Carlo, de Vichy ou de Biarritz qui ne rapportent au Vatican, actionnaire de ces établissements.
Encore tout cela ne donne-t-il qu'une idée approximative des richesses du Vatican, un des rares États au monde à ne pas publier son budget


1 Osservatore Romano n°s 1, 2, 5, 7-8, 17, 19,25, 31 XII 1959; 1, 5-6, 7, 9, 14 16, 21 VI 1961, etc.
2 Voir G. Baumann: Atlantikpakt der Konzerne. Berlin 1952, S.97 . 
3 Pour une paix ' durable, pour une démocratie populaire, 15-I-1948.
4.Roger Garaudy: L'Eglise, le communisme et les chrétiens, p.159.

(page 10)