mercredi 20 mai 2009

"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962..., jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.

Subject: "LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962...,
jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.


"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962...
Je publierai progressivement ce retracé politico-historique, au fur et à
mesure de mes disponibilités, sur "paix _ socialisme _ communisme" ...
Bienvenue et bonne lecture à tous mes correspondants qui auront la patience
de le lire jusqu' au bout ! Cela en vaut peut être la peine ... (???).
RoRo12
03/09/2008

Chapitre premier
L'ETAT DE LA CITE DU VATICAN
Le Vatican est tout à la fois un État microscopique enclavé dans Rome et le
centre de l'Église catholique romaine (1) .
II est devenu un État aux termes du traité de Latran, conclu en 1929 entre
Pie XI et le gouvernement fasciste de Mussolini. L'article 3 de ce traite
stipule: «L'Italie reconnaît au Saint-Siège l'entière propriété, le pouvoir
exclusif et absolu, et la juridiction souveraine sur le Vatican dans sa
composition actuelle, avec toutes ses dépendances et dotations, instituant
ainsi, à des fins particulières et dans les modalités stipulées au présent
traite, la Cite du Vatican.»
L'État du Vatican ne ressemble à aucun autre État du monde en ce sens qu'il
n'a ni ouvriers, ni paysans, ni industrie, ni agriculture. C'est un
minuscule État ecclésiastique dont le souverain absolu est le pape de Rome,
chef de la catholicité.
(pages 1, 2, 3)

I Le Vatican est une colline située sur la rive droite du Tibre, dans le
nord-ouest de Rome. Ce fut dans l' antiquité un lieu de culte et de
vaticinations. d'où, vraisemblablement, son appellation. L'un des dieux de
la mythologie romaine était Vaticanus qui, assurait-on, faisait pousser à
l'enfant son premier cri. (Voir Gaston Boissier: La religion romaine
d'Auguste aux Antonins, Paris 1906, p. 4). Apres que le christianisme fut
devenu la religion d'État de l'Empire romain, le Vatican devint un haut lieu
du culte chrétien. C'est à la fin du Ve siècle et au début du VIe que I' on
a commencé à bâtir les édifices de l' évêché de Rome. Depuis la fin du XIVe
siècle, Ie Vatican est la résidence permanente des papes.
Pendant onze siècles, de 756 a 1870, il a existé sur le territoire de l'
Italie actuelle des États pontificaux (ou États de 1'Eglise) où la plénitude
du pouvoir tem­porel appartenait au clergé catholique. Le pape de Rome était
chef de cet État caractérisé par 1'exploitation féodale des masses
populaires et le joug de 1'Église catho­lique. Sur la fin, les États
pontificaux comptaient parmi les puissances les plus réactionnaires
d'Europe.
Laissons parler l'Histoire universelle de Schlosser (1776-1861): « Les États
pontificaux étaient régis par un enchevêtrement de lois, édictées depuis des
siècles; les législations civile et ecclésiastique étaient confon­dues. ..
Partout sévissaient les espions et les déla­teurs ... Le pape et ses
conseillers n'avaient ni le temps ni 1'envie de s'occuper de leurs sujets
... Aussi, 1'idée que des réformes fussent nécessaires ne pouvait leur venir
à1'esprit. »
Un contemporain du pape Grégoire XVI (dont le pontificat dura de 1831 a
1846) nous rapporte que toutes les provinces des États de 1'Église «se
trouvaient en état de siège; la cour martiale siégeait en permanence; les
prisons et les lieux de déportation étaient bondés; le gibet et 1'échafaud
rivalisaient d'activité2 ».
Dans l'ouvrage qu'il fit paraître en 1901 sur 1'histoire de 1' Italie, le
célèbre historien russe Eugène Tarlé écri­vait au sujet du régime des États
pontificaux: « Rome était administrée par un cardinal, exerçant les
fonctions de préfet de police... Le désordre administratif était
épouvantable, parce que les prélats, les prêtres subalternes et les
moines-policiers s'acquittaient de leurs de­voirs de façon détestable, ils
volaient, et étaient connus pour leurs concussions et leurs dérèglements...

1 F. Schlosser: Weltgeschichte tur das deutsche Volk, 2.Ausg.
Bd.16, Oberhausen und Leipzig 1874, S. 404.
2 M. Pinto: Pie IX et La révolution, voir dans la revue Vestnik Evropy
(Courrier de l'Europe), juin 1867, p. 264.
La justice était rendue par quatorze tribunaux ecclésiastiques, dispersés à
travers le pays et composés exclusivement de clercs désignés. La censure
était monstrueusement tatillonne. Dante était à 1'index, et aussi l' Ancien
Testament, et Pétrarque. On était emprisonné pour avoir lu Boccace ... Les
jésuites avaient la haute main sur les universités de Rome et de Bologne,
ils châtiaient dure­ment les étudiants qui osaient parler de la rotation de
la Terre. La misère des populations n'empêchait nulle­ment 1'administration
ecclésiastique de les pressurer d'impôts et de redevances. Par sa cruauté
irréfléchie, la fiscalité abusive pratiquée dans les États pontificaux
obligeait les habitants des villages à fuir au hasard ... ».
Tel était le régime institué dans 1'État où le pouvoir absolu était exercé
par le pape et son clergé. .
Selon Stendhal: « Le pape exerce donc deux pouvoirs fort différents: il peut
faire, comme prêtre, le bonheur éternel de 1'homme qu'il fait assommer comme
roi1.»
L'arbitraire sévissant dans les États pontificaux sus­citait les
protestations du peuple. Mais celles-ci étaient réprimées avec une extrême
dureté. Dans ses dernières années, le pouvoir temporel du pape s' appuyait
sur les baïonnettes françaises et autrichiennes. Les meilleurs fils du
peuple italien, luttant pour 1'unification du pays, désiraient aussi la
suppression des États pontificaux, qui constituaient un grave obstacle à
1'unité nationale.
En 1870 1'unification définitive de l'Italie mit un terme à l'existence des
États pontificaux. Leur territoire de 16000 milles carrés, avec sa
population de plus de trois millions d'habitants, s'intégra dans le royaume
d'Italie. Le pape se vit dépouillé de son pouvoir tem­porel; et, dans ce
pays où 1'influence de l'Église catho­lique était et est encore très forte,
il ne trouva guère de défenseurs.
1 Promenades dans Rome, t.1, Paris 1829, p. 7.

(Pages 4 et 5)

A l'heure actuelle, le pape et l'épiscopat catholique, qui répandent parmi
leurs ouailles des notions fausses sur le communisme, voudraient les
persuader que seule la stricte observation des préceptes du catholicisme
peut conduire l'humanité à une société meilleure. Or, le pape et ses évêques
avaient une magnifique occasion de faire éclater la supériorité de la voie
où ils voudraient que s'engagent les hommes. Pendant onze siècles, ils ont
gouverné tout un Etat! Mais ils n'y ont pas fait régner, tant s'en faut, une
vie de bonheur et d'équité pour les masses populaires.
La superficie de la Cité du Vatican est aujourd'hui de 108,7 acres (sans
compter 13 édifices à Rome hors de l'enceinte du Vatican). Sa population est
d'un millier de personnes, dont 700 sujets du Saint-Siège. Le Vatican
possède une ligne de chemin de fer de quelques centaines de mètres,
rattachée au réseau ferroviaire italien; une centrale électrique, une
station de radiodiffusion, une monnaie, des timbres - Poste, une école
primaire et même une prison. Cet Etat gouverné par le vicaire du Christ, et
qui compte à peine mille habitants, ne peut se passer d'une prison!
En tant que monarque temporel, le pape dispose d'une armée (100
gardes-suisses) et d'une gendarmerie de cent hommes environ. Les
gardes-nobles (100 hommes, choisis parmi l'aristocratie romaine) et la garde
palatine (500 bourgeois de Rome) sont des formations non permanentes créées
pour les cérémonies solennelles' du Saint-Siège.
Le Vatican est une monarchie absolue. En vertu de la loi fondamentale
promulguée en 1929, le pape exerce la plénitude du pouvoir législatif,
exécutif et judiciaire. Un gouverneur assume en son nom les fonctions
administratives. Il existe une commission pontificale pour l'expédition des
affaires de l'Etat, composée de deux cardinaux, d'un évêque-secrétaire et
d'un conseiller général.
(page 6)

Autrefois, le pape était choisi parmi la grande aristocratie féodale,
italienne le plus souvent. C'était au moyen âge un des signes du caractère
foncièrement féodal de l'Eglise catholique et de sa hiérarchie.
Plus tard, on vit sur le trône pontifical des représentants des banques et
de l'industrie. Cela traduisait la métamorphose de l'Eglise catholique qui,
dans les pays capitalistes industriellement évolués, se mettait
idéologiquement, politiquement et moralement au service de la bourgeoisie.
Ainsi, de 1914 à 1922, le titulaire du Saint-Siège fut Benoît XV (marquis
Giacomo della Chiesa), membre d'une grande famille gênoise apparentée à la
haute finance italienne. Son successeur, de 1922 à 1939, fut Pie Xl (Achille
Ratti), issu de la grande bourgeoisie lombarde. C'est à lui que l'on doit la
phrase fameuse, prononcée au lendemain de la signature du Traité de Latran:
« Si c'était nécessaire pour le salut des âmes, je m'entendrais volontiers
avec le Diable ... 1»
A Pie Xl succéda, de 1939 à 1958, Pie XII (Eugenio Pacelli), rejeton d'une
dynastie de richissimes banquiers. Cette famille a des attaches étroites
avec la haute finance italienne et internationale. En 1911, le prince
Volkonski, représentant du gouvernement du tsar auprès du Saint-Siège,
mandait à Pétersbourg que le Vatican et, plus particulièrement, la famille
Pacelli avaient des intérêts dans la guerre qui venait d'éclater entre
l'Italie et la Turquie. « La guerre déclenchée à l'occasion de Tripoli entre
l'Italie et la Turquie, écrivait-il, ne peut manquer d'intéresser le Vatican
... L'opinion publique est unanime à reconnaître l'intérêt que porte le
Saint-Siège à la nouvelle crise ... Les relations bien connues entre le
Vatican et le Banco di Roma pèsent plus que toute autre chose dans la
balance.
1 Ch. Hugo Doyle: We have a pope. The life of pope Pius
XII, New Jersey" 1942, p.ll. .

(page 7)

Il suffit de rappeler qu'à la tête de cet établissement se trouve M. Ernest
Pacelli, représentant des milieux cléricaux romains, oncle d'une étoile
montante de 'la diplomatie vaticane, monsignor Eugenio Pacelli (le futur Pie
XII. M.C.). Le rôle considérable joué par cette banque dans le conflit
actuel est tellement évident qu'il est même surestimé dans l'opinion
romaine, où l'on va jusqu'à affirmer que la crise a été provoquée
précisément par les activités de la Banco di Roma 1. »
A la différence des trois souverains pontifes précédemment nommés, l'actuel
pape Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli), porté au pontificat en octobre
1958, est issu d'une famille paysanne. La propagande cléricale voudrait en
profiter pour attirer à l'Eglise les sympathies des couches prolétariennes.
Mais l'accession du nouveau pape n'a pas mué le Vatican en un rempart de la
démocratie, il s'en faut de beaucoup. Comme sous les autres papes, le
Saint-Siège demeure le défenseur du capitalisme. Il n'est que de se
reporter, pour s'en convaincre, à la politique actuelle du Saint-Siège et
aux propos du pape lui-même sur les questions majeures de l'actualité
internationale.
Le Vatican et les princes de l'Eglise catholique (et
pas seulement catholique!) sont indissolublement liés au monde de
l'Industrie et de la haute finance. Cette liaison avait été signalée dès le
début de ce siècle par un grand militant du mouvement socialiste français et
international, Paul Laf'argue. Voici un texte de lui datant de 1903: « Les
Morgan et les Rockefeller sont des bâtisseurs d'Eglises et d'Universités...
et prêtres et professeurs se dévouent à complaire aux volontés des manieurs
d'or ... Les prêtres de toutes les Eglises sont

1 Les relations internationales à l'époque de l'impérialisme, 2e partie,
Moscou 1938, pp.125-126.
( page 8)

agenouillés devant les grands capitalistes, ces dieux pour de vrai, qui leur
donnent le manger, le coucher et le reste! ... »
Depuis l'époque où Lafargue écrivait ces lignes, les intérêts économiques et
politiques du Vatican et des oligarchies ecclésiastiques se sont confondus
plus étroitement encore avec ceux de la bourgeoisie.
Le Vatican et beaucoup d'organisations qui lui sont affiliées possèdent
d'énormes capitaux. Le détail de ces affaires financières est tenu
strictement secret, et il est rare que quelque chose en filtre dans la
presse. C'est pourquoi il est impossible de recenser complètement les
richesses du Vatican, d'analyser la totalité de ses liaisons avec la banque
et l'industrie. Qu'il nous suffise de reproduire quelques données publiées à
ce jour.
Le Vatican possède des actions pour une somme de 12 milliards de dollars 2.
Il faudrait des pages rien que pour dresser la liste des banques et
compagnies d'assurances, des trusts et sociétés anonymes où le Vatican a des
intérêts. «A travers 40 banques centrales, une centaines de banques
publicitaires, le Vatican tient plus de 400 milliards sur les 600 milliards
de l'épargne italienne 3.»
L' Osservatore Romano, organe du Vatican, publie des annonces publicitaires,
le plus souvent pour le compte de produits pharmaceutiques, considérant sans
doute qu'il sied à un journal ecclésiastique d'imiter la publicité du reste
de la presse. Toutefois, des exceptions sont tolérées en faveur de certaines
banques et sociétés anonymes dont les attaches avec le Saint-Siège sont
particulièrement étroites. Ainsi, en page 2, à côté de textes éminemments
édifiants, l'Osservatore Romano

1. Lafargue: Les trusts américains, Paris 1903, pp. 12-13
1. G. Heyden, H. Ullrich : Im Namen Gottes, Berlin 1959, p. 139
3. Roger Garaudy: L' Eglise, le communisme et les chrétiens, Paris 1949, p.
156
(page 9).
?
insère la publicité de la Banco di Roma qui, lisons-nous, possède un capital
de 12 milliards et demi de lires et compte 200 succursales en Italie et à
l'étranger. Dans le même journal, nous trouvons la réclame de la Banco
Commerciale Italiana, de la Banco Ambrosiano et autres établissements,
également liés au Saint-Siège 1.

D'après le publiciste allemand G. Baumann, le Vatican est une grande
puissance financière à l'échelle mondiale, et pas seulement italienne. Il
est allié à la haute finance d'Italie, de France, de Belgique, du
Luxembourg, de Suisse et d'Amérique du Sud. Le Vatican et, plus
généralement, l'Eglise catholique possèdent des capitaux et des
investissements énormes en Espagne, au Mexique, en Afrique, en
Extrême-Orient, aux Etats-Unis. Le Vatican est l'associé de la maison
Rotschild et de la dynastie américaine des Morgan-.

L'oligarchie suprême de l'Eglise catholique, écrit P. Togliatti, « est
devenue je ne dirais pas un appendice, mais une partie intégrante du grand
capital. Cela est particulièrement vrai pour notre pays, où nous apprenons
chaque jour que le Vatican a acheté des actions tantôt d'une société, tantôt
d'une autres. »

Comme l'indique R. Garaudy, le Vatican a investi des centaines de millions
de francs en France, 35 milliards de francs aux Etat-Unis, et 60 milliards
dans plusieurs autres pays-. Il n'est pas jusqu'aux maisons de jeu de
Monte-Carlo, de Vichy ou de Biarritz qui ne rapportent au Vatican,
actionnaire de ces établissements.
Encore tout cela ne donne-t-il qu'une idée approxi

1 Osservatore Romano nOS 1, 2, 5, 7-8, 17, 19,25, 31 XII 1959; 1, 5-6, 7, 9,
14 16, 21 VI 1961, etc.
2 Voir G. Baumann: Atlantikpakt der Konzerne. Berlin 1952, S.97.
:3 Pour une paix' durable, pour une démocratie populaire, 15-1-1948.
~ Roger Garaudy: L'Eglise, le communisme et les chrétiens, p.159.

(page 10)

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