jeudi 6 août 2009

COURCELLES: encore une triste nouvelle: ma mère Yvonne MESSE, a/militante communiste, s'est éteinte à son tour ce mardi 04 août 2009, après une longue hospitalisation de 65 jours...

COURCELLES: encore une triste nouvelle: ma mère Yvonne MESSE, a/militante communiste, s'est  éteinte à son tour ce mardi 04 août  2009, après une longue hospitalisation de 65 jours...
 
Ma mère, en compagnie de mon père, ne connut pas non plus une existence toujours facile ...
Elle est née à Pont-à-Celles le 09 novembre 1919, dans une famille nombreuse, d'un père belge (Oscar MESSE) et d'une mère française (Marie-Rose FAUCHART, née à Caudry, dans le Nord). D'un première mariage, son père avait déjà 2 filles: Madeleine et Alice. De son second mariage, il eut 4 filles: Yvonne, Renée, Raymonde et Fernande.
Ainée, elle ma mère dut très tot s'occuper de ses soeurs, plus jeunes.
C'était encore l'époque où l'on n'avait pas toujours l'occasion de terminer son cycle de 6 années d'école primaire. Les enfants des grosses familles pauvres se rendaient encore en classe en sabots et encore enfants, ils partaient "à briques" ... Ma mère en compagnie de ses parents dut y aller également dans le Nord de la France et ensuite elle fut "mise en service" dans une famille bourgeoise, menée par une femme arrogante et avare... 
Fin des années '30, elle décide de partager son existence avec mon père Roger ROMAIN avec qui elle se marie le 23 septembre 1939. Mon futur père était mobilisé pour la guerre depuis le 1er septembre 1939...
Pour pouvoir se marier, il dut obtenir l' accord de son commandant de compagnie et obtint ... 1 jour de congé.
Dès lors, elle s'installe chez ses beaux-parents, une famille de chiffonniers, de père en fils. C' est chez eux que je naquis le 02 avril 1940.
10 mai 1940, c'est la guerre et mon père est au front. Mes grands-père, ma mère et moi, âgé d'à peine 6 semaines, évidemment, nous embarquons bien inutilement dans le flot des réfugiés fuyant les Allemands en évacuant vers la France, jusqu'au-delà de Valenciennes, au milieu des combats et des bombardements, au travers de communes en ruines et de maisons détruites et abandonnées...
Le 2 mai 1940, à la fin de la campagne des 18 jours, mon père est prisonnier des Allemands dans les Flandres et s'évadent, avec un compagnon, d'une colonne pédestre de prisonniers de guerre en route pour 4 ans vers les stalags de l'Allemagne nazie. De braves flamands leur donnent des vêtements civils et ils peuvent ainsi regagner leurs domiciles en Wallonie.
Dès ce moment, mon père devint réfractaire au travail en Allemagne et doit donc se cacher pendant une bonne partie de la guerre. Pour vivre, en cachant aussi des Juifs, ils fabriquent des savonnettes qu'ils vont revendre au porte à porte dans d'autres régions du pays, y compris Bruxelles
1943, encouragés par ses parents, mon père suit leur voie et devint membre du Parti communiste clandestin...
Dès la fin de la guerre, il trouve enfin un peu de travail: comme garde de nuit des convois militaires Us à la douane de Charleroi, il descend par la suite dans les égouts pour les nettoyer, s'engage ensuite comme mineur du fond au Charbonnage de Mariemont-Bascoup où périrent en 1950, lors d'un coup de grisou, 38 de ses ex-compagnons de travail, dont ses 2 beaux-frères, Pierre STANSON et Henri CHIRAC.
Août 1945 naît ma soeur Marie-Claire qui décèdera malheureusement en décembre 1945 des suites d'une infection pulmonaire. Ma mère fut très affectée par son dècès et ne s'en remettra jamais complètement ...
Vers 1946-1945, mon père parvint à quitter le charbonnage et entre aux Acec comme planeur de toles à la chaudronnerie, jusqu'à la prise de sa pré-pension et 1975... Il prend part aux luttes ouvrières aux côtés de ses compagnons de travail, grâce à une puissante FGTB, poussée par une très forte section d'entreprise du Parti communiste. Mon père devient délégué syndical jusqu'à son départ...
A la même époque mon père succède à Gustave DUBOIS, en tant que secrétaire politique de la puissante section communiste de COURCELLES. Dès lors, ma mère partage toutes ses activités militantes aux Parti et au sein du Rassemblement des Femmes pour la Paix. Elle devint aussi une ardent militante et fait souvent équipe lors des campagnes du Parti et du RFP avec Lucienne GLINEUR-DECHAMP, l'épouse du député communiste courcellois.
Ce sont de très nombreuses réunions en soirée et tous nos dimanches sacrifiés pendant des années (on travaille encore à ce moment 6 jours sur 7 dans les entreprises).
Tout gosses, je vis dans ce milieu militant, j'y grandi et j'y prend gout également. Mais c' est encore une autre histoire à écrire ...
Dans le quartier de la Réguignies, Hamal et des Fonds de Corbeaux, mon père recrute 80 nouveaux membres cotisants au Parti et reçoit les félicitations nationales comme l'un des meilleurs recruteurs... Dans ce quartier, avec ma mère, il diffuse chaque dimanche plus de 60 "Drapeau Rouge", journal du Parti.
C'est le début de la Guerre Froide, de la campagne anti-soviétique et anti-communiste acharnée et la Révolution chinoise et le Parti y perd malheureusement des plumes en influence et en militants...
Mon père reprend une tournée de diffeur militant dans le quartier du Trieu des Ageanx et ma mère une autre dans le quartier de Forrière et de Sart lez Moulin où elle recueille énormément de sympathie et chaque mois mes parents diffusent en plus jusqu'à 80 exemplaires de la revue soviétique "L'Urss en reconstruction" devenue ensuite "L'Union soviétique".
Pour parvenir à cela, "j'hérite" tout gosse de la tournée dominicale de mes parents dans les quartiers Hamal, Fonds de Corbeaux. Je la garderai, jus'en 1990, époque où je suis "suspendu" (sic) du Parti pour mes divergences politiques au plan international et mes sympathies ptbistes...
Chaque soir, ma mère et moi, à l'écoute de Radio Moscou, Radio Prague, Radio Budapest, Ce Soir en France, nous nous tenons informés des événements internationaux.
Ma mère restera une militante très active jusqu'au début des années '50.
Elle sera encore présente en participant encore activement à la campagne électorale de 1961 qui connut une importante avancée électorale grâce l' excellent travail des militants communistes lors de la grande grève du Million qui dura plus de 6 semaines contre la fameuse Loi unique du Psc Gaston EYSKENS. Déclenchée à Charleroi par les communistes, elle s'étendra à tout le pays...
Le début et la décennie '50 ne furent pas faciles pour les communistes: après la "Crise de Berlin", viennent la campagne mondiale de signatures au bas de l' Appel de Stockholm contre la bombe atomique, la grande grève contre Léopold III, la guerre de Corée, Suez, Budapest et en Belgique la grève des métallos, la grève des mineurs, le soutien au Fln lors de la guerre d' Algérie, le soutien aux indépendantistes du Congo, etc...
C' est aussi en 1952, que mon père est élu est élu au Conseil communal de Courcelles et y rejoint Goeorges GLINEUR jusqu'en 1958... 1952, mes parents font construire leur propre maison, rue de Gouy, là où je suis né et où j'habite encore aujourd'hui.
Malheureusement, de santé fragile, ma mère abandonna l'action politique au lendemain de ma démobilisation du service militaire fin septembre 1961. Mais elle n' en restera pas moins profondément communiste jusqu'au bout de sa vie.
Le 6 octobre 1972, je me marie à mon tour à l' âge de 32 ans et le 02 mai 1973, naît mon fils Stéphane ROMAIN.
En 1974, j'agrandi la maison de mes parents afin d'y avoir mon propre appartement et je divorce. J'élève mon fils, avec l'aide de mes parents.
1975, mon père devient pré - pensionné des Acec et mes parents peuvent enfin espérer vivre une vie plus ou moins tranquille. 
Hélas, fin 1995, ma mère subit plusieurs opérations chirurgicales à la colonne vertébrale et au bassin et en deviendra handicapée.
Et le plus grand de nos malheurs arrive: mon fils Stéphane périt tragiquement le 1er mai 1998, en gare de Forest, après avoir célébré la veille de ses 25 ans, avec ses collègues de la Poste locale où il était facteur.
Dès lors, ma mère ne cessera plus de diminuer physiquement et moralement de chagrin.
De 2001 à 2005, ma mère perd successivement ses trois soeurs plus jeunes et restera la dernière en vie.
Septembre 2002, c' est mon père qui a un accident cérébral qui le rend handicapé à son tour.
Une des dernières conséquences: il entre de nouveau à l'hôpital le 11 mars 2009, y reste 35 jours et rentre pour un mois de convalescence à la maison où il fêtera ses 94 ans en famille. Hélas, il retourne de nouveau à l'hôpital et décède le lundi 1er juin 2009, après une véritable agonie de 10 jours...
Ma mère est donc veuve à 89 ans, ce qu'elle ne saura jamais. En effet, entrée à l'hôpital de 27 mai 2009, elle décède à son tour ce mardi 04 août 2009, au bout de 69 jours.
Ses derniers 48 heures, elle mourra en rappelant sans cesse le nom de son petit fils qui n' est jamais sorti de sa mémoire.
Et voilà donc la fin de mes deux parents.
Ce vendredi midi, l'on assistera donc à sa crémation et vers 14,30 heures, ses centres seront enterrées dans le nouveau cimetière de Courcelles...
 
RoRo
(Roger ROMAIN fils)
 
écrit en souvenir de mes deux parents et plus particulièrement
en hommage à ma mère à l'occasion de son décès et de ses funérailles.