dimanche 6 avril 2008

www.solidaire.org du mercredi 02 avril 2008

Leterme 1er et le pouvoir d'achat : des cadeaux pour ceux qui n'en ont pas besoin

Après 9 mois, nous avons enfin un gouvernement. Mais il ne s'occupe pas du problème n° 1 de l'homme de la rue : le pouvoir d'achat. Malgré les fins de mois difficiles. Malgré la manifestation syndicale du 15 décembre. Malgré les grèves de janvier.

David Pestieau et Mark Kennes

Ces derniers mois, une vague de grèves pour le pouvoir d'achat a traversé le pays. Les ouvriers d'Ekol à Houthalen voulaient obtenir un euro d'augmentation de l'heure. (Photo Solidaire, Peter Vanloffelt)

Salaires

Le gouvernement Leterme 1er veut appliquer une norme salariale stricte (un blocage des salaires) pour que « l'évolution des coûts salariaux soit plus avantageuse que celle de nos principaux partenaires commerciaux ». Autrement dit, faire en sorte que nos salaires soient plus bas que ceux de nos voisins allemands, français et néerlandais.

Pour les allocations sociales et les pensions, le gouvernement propose :

– d'appliquer le mécanisme de liaison au bien-être pour les allocations sociales
– d' augmenter les pensions les plus basses
Mais cela uniquement si le budget de l'État le permet. Or, comment le budget pourra le permettre si, d'un autre côté, le gouvernement a garanti à 100 % que la politique de cadeaux aux patrons continuera ?

Les cadeaux aux patrons se feront grâce :
• à de nouvelles réductions des cotisations patronales. Une réduction qui dépasse pourtant déjà les six milliards d'euros par an ;
• au renforcement des avantages fiscaux pour les entreprises, que ce soit pour encourager le travail en équipe et de nuit ou pour encourager les heures supplémentaires ;
• à la prolongation des intérêts notionnels qui coûtent pourtant plus de deux milliards d'euros.

Contrôle des prix et pouvoir d'achat

Le gouvernement propose :
• d'installer un observatoire des prix ;
• de stimuler la concurrence sur le marché de l'énergie ;
• de soutenir les économies d'énergie.

Qu'en est-il de ces mesures dans la réalité ?
D'un côté, Leterme 1er met sur pied un « nouvel observatoire des prix » de l'énergie alors que de l'autre, il refuse de mettre en pratique les conseils d'un organe déjà existant, la CREG. En effet, la CREG a proposé le 18 janvier 2008 des propositions concrètes afin de diminuer les factures familiales, entre autres par une régulation plus stricte des tarifs des gestionnaires de réseaux et par la diminution de la TVA de 21 à 6 % sur le gaz et l'électricité. Toutes ces propositions ont été refusées par le gouvernement Leterme 1er.
Si la CREG est déjà impuissante actuellement, un « observatoire des prix » ne pourra pas non plus limiter l'augmentation des prix, puisque :
• Electrabel et Distrigaz refusent de donner des informations au sujet de la composition de leur prix au nom du secret d'entreprise ;
• le gouvernement précédent a enlevé à la CREG toute compétence de limiter les augmentations de prix.

En matière de contrôle des prix de l'alimentation, les mêmes critiques sont applicables.

Quant à la concurrence sur le marché de l'énergie, on constate ce que celle-ci a rapporté : des hausses de prix.
Et last but not least, la seule mesure proposée est de développer les économies d'énergie : en clair, mettez un pull en plus…

Bref, rien n'est prévu, si ce n'est des mesurettes du fonds énergie qui ne s'appliquent qu'aux couches les plus précarisées de la population. Ces « chèques énergie » sont d'ailleurs basés sur une forme de charité, charité à laquelle il faut prouver qu'on a droit à coup de fiche salariale et de documents multiples.

Essence et diesel

Ici non plus, aucune mesure réelle n'est proposée, même pas la limitation des accises touchées par l'État avec les hausses des prix.