vendredi 29 mai 2009

[romain : paix_socialisme_communisme] IL Y A QUARANTE DEUX ANS A POINTE A PITRE



From: FISCHER BERNARD
Sent: Thursday, May 28, 2009 10:33 PM
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Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] IL Y A QUARANTE DEUX ANS A POINTE A PITRE






En Guadeloupe, la tragédie de "Mé 67" refoulée

LE MONDE | 26.05.09 | 17h38 • Mis à jour le 27.05.09 | 09h37

Pointe-à-Pitre, envoyée spéciale

Le jour se lève à peine. On a tiré toute la nuit dans Pointe-à-Pitre. Le feu ne s'est calmé qu'aux petites heures du matin, dans l'épuisement et la peur. Ce samedi 27 mai 1967, Max Jasor, 13 ans, le fils du libraire, est très tôt levé, dans l'appartement familial de la rue Barbès. Au no 25, devant la porte en fer grillagée, on a jeté un homme comme un sac. Il a plusieurs côtes brisées, la mâchoire enfoncée, des dents cassées. Du haut de l'escalier, l'adolescent ne voit qu'une masse informe, qui geint. Son père, Hubert Jasor.

La veille, vendredi 26 mai, des émeutes ont éclaté place de la Victoire, en début d'après-midi, puis se sont propagées dans Pointe-à-Pitre et ses faubourgs. Un millier d'ouvriers du bâtiment, en grève depuis le 24 mai pour obtenir une augmentation de salaire, se sont massés autour de la darse, dès la fin de la matinée.

Huit mois auparavant, le cyclone Ines a ravagé la Guadeloupe, faisant 32 morts et des millions de francs de dégâts. Les ouvriers du bâtiment ont du travail - mais peu de revenus. Ils attendent le résultat de négociations qui traînent à la chambre de commerce. Dans le petit bâtiment blanc de style colonial, au bord de la place - aujourd'hui office du tourisme -, patronat et syndicats se séparent sur un échec.

Hubert Jasor n'a rien à voir avec cette grève. Le libraire a bien été inquiété plusieurs fois pour avoir, l'un des premiers, cru à l'avenir des écrivains antillais. C'est une époque où les livres de Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs ou Les Damnés de la terre, avec sa célèbre préface de Jean-Paul Sartre, sont saisis par la police.

Une époque où littérature se confond avec politique et se conjugue avec décolonisation. Le père aime aussi Voltaire et les encyclopédistes, Racine et les tragédies, Balzac et le roman, les six enfants ont intérêt à connaître leurs classiques. "Un peu comme Prométhée avait volé le feu aux dieux, il fallait voler la lecture aux Blancs", dit aujourd'hui Max Jasor.

Cet après-midi du vendredi 26 mai, Hubert Jasor se pointe sur la darse. Un bâtiment de la marine nationale est au mouillage, les marins en ville. Un matelot blanc est pris à partie par la foule, Jasor s'interpose, une balle lui frôle la nuque. Puis il est blessé par le coup de crosse d'un gendarme. Recousu à l'hôpital Ricou, le libraire rentre chez lui, quand une patrouille de "képis rouges" l'arrête. L'insulte. Emmené dans la cour de la sous-préfecture, il y est battu comme plâtre.

Caché sous des corps inertes, Hubert Jasor entend ces mots qui le glacent : "Les morts, on les fout à la darse ou à la Gabarre" - le pont qui sépare Grande-Terre de Basse-Terre. Vers 4 heures du matin, reconnu par les forces de l'ordre, il échappe à son calvaire. Conduit à la gendarmerie, il entend des têtes cogner contre les murs, lors d'interrogatoires où les aveux pleuvent à la vitesse des coups. "Ils l'ont arrêté puis l'ont jeté devant la maison", raconte son fils.

Depuis des heures déjà, la situation a dégénéré en une violence incontrôlable. Une phrase, que son auteur présumé jure ne jamais avoir prononcée, a fait en un éclair le tour des manifestants et déclenché l'émeute, en tout début d'après-midi : "Quand les nègres auront faim, ils se remettront au travail." Georges Brizard, le président du syndicat des entrepreneurs du bâtiment, patron de la Socotra, l'aurait prononcée. C'est lui qui négocie avec la CGT Guadeloupe. Le Savoyard, bonhomme costaud et fort en gueule, moustache en balai-brosse, a la réputation de ne pas mâcher ses mots. Les CRS devront l'évacuer en urgence, et le plus discrètement possible.

L'un des fils de cet ingénieur agronome, Michel Brizard, 62 ans aujourd'hui, patron d'une PME dans la zone industrielle de Jarry, raconte que son père a été mortifié de vieillir avec cette tache. "Non seulement parce que je ne l'ai pas dit, mais parce que même si j'en avais eu envie, je n'aurais pas osé", lui répétait ce dernier, désormais décédé.

Sur la place, deux sections de 25 CRS et un peloton de 14 gendarmes gardent la chambre de commerce et, en face, la sous-préfecture. Les gardiens de la paix, dépourvus d'équipement de protection, ont été retirés. Au bord de l'eau, où accostent d'ordinaire les bateaux chargés de sel de Saint-Martin ou de boeufs vivants de Porto-Rico - qui s'échappent parfois, semant la panique dans la ville -, des conques de lambis sont entassées. Ce mollusque, spécialité culinaire antillaise, est vendu sans sa lourde coquille, hérissée de six pointes. Les conques, dont les esclaves usaient comme d'une trompe pour communiquer, vont devenir une arme redoutable.

La première atteint un CRS en pleine tête : il a enlevé son casque pour s'éponger, à cause de la chaleur. Il s'écroule, évacué par deux collègues. Jean Chomereau-Lamotte, seul journaliste sur place, témoin de la scène, prend une photo. "Qu'est-ce que vous foutez là ?", lui a demandé le chef de la section de CRS. Il a brandi sa carte de presse, no 19797.

Après une sommation du commissaire Canales, qu'aucun témoin n'a entendue,

le feu se déclenche. "Ils utilisaient des MAT 49 (Manufacture d'armes de Tulle) qui ont beaucoup servi en Algérie", témoigne Chomereau-Lamotte. Il entend les balles ricocher sur la fontaine de la place, au milieu des gaz lacrymogènes, et tout à coup, un cri : "Yo pren Nestor !" Ils ont tué Nestor. Cette nouvelle va porter la tension à son paroxysme.

"Jacques Nestor, membre du GONG, et l'un des principaux meneurs", comme l'écrira le préfet Pierre Bolotte, vient de recevoir une décharge en plein ventre. Il meurt en arrivant à l'hôpital. Le GONG, Groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe, est la cible désignée pour les autorités. Ce ne sont que quelques dizaines de personnes, mais très actives et très surveillées. Le groupe indépendantiste, créé en 1963 à Paris par une soixantaine de militants anticolonialistes, pour la plupart issus de l'AGEG (Association générale des étudiants guadeloupéens), est même devenu une obsession pour le préfet. Il produit sur ce sujet pléthore de notes pour sa hiérarchie.

Louis Théodore le sait bien, qui passera dix ans dans la clandestinité. Cet ex-militant de l'AGEG, membre du Front antillo-guyanais, organisation interdite, a rencontré Mao, le Che, Ben Bella, voyagé dans les pays de l'Est, au beau milieu de la guerre froide. Quand un camarade vient le trouver, à l'école de Gérard Lauriette - dit "Papa Yaya", figure de la créolité guadeloupéenne -, où il enseigne, il n'hésite guère. "Loulou, Jackie est mort", lui a dit son ami en lui montrant un mouchoir imbibé de sang. "Il y avait énormément d'arrestations. La répression commençait, et je savais qu'ils frapperaient tout le monde." Ces militants avaient été formés avec l'idée qu'ils devraient un jour se cacher, et ils avaient pris des dispositions. "On se déplaçait tout le temps. On a fait rentrer Sonny Rupaire (militant nationaliste et poète) de Cuba. On était un petit noyau." En une nuit, ils sont capables de mobiliser quarante personnes pour
couvrir la Guadeloupe de tracts et d'inscriptions.

Mais, dans Pointe-à-Pitre, ils n'organisent rien, ces 26 et 27 mai. Près de 56 % de la population de l'île a moins de 20 ans, en cette fin des années 1960. Devant les CRS, les jeunes voient rouge. Des barrages sont érigés partout, des voitures incendiées, le supermarché Unimag, au bout de la rue Frébault, pillé, les pierres volent. Et surtout, l'armurerie Boyer, rue Delgrès, en centre-ville, a été dévalisée. Noir ou Blanc, il ne fait pas bon être dans les rues.

Le jeune Jasor a raccompagné chez lui l'un de ses copains du lycée Carnot pour le protéger, car il a la peau si claire qu'il pourrait passer pour un Blanc. Au retour, il observe, médusé, une femme noire, assez sophistiquée, que l'on questionne méchamment sur un barrage : "Tu es noire ou tu es blanche ?" Elle : "Je n'ai pas à répondre à cette question." Alors que son véhicule est secoué de plus en plus fort, elle se met à pleurer et dit en créole : "Zot pa ka voué an nwé ?" ("Vous ne voyez pas que je suis noire ?")

Serge Glaude, fils de notables guadeloupéens qui a participé à la fondation du GONG, est enseignant au collège de Sainte-Rose. Il a alors 32 ans. Le jeudi, il a conjuré en vain "Kiki" Nestor de quitter Pointe-à-Pitre. Ce dernier lui a raconté que, la veille, il est allé tirer du commissariat un vieux à qui la police avait pris son vélo et qu'il a été, à cette occasion, pris en photo "en long en large et en travers". Quand il apprend sa mort, Serge Glaude tente de se rendre à la veillée funèbre avec deux amis. Des gendarmes mobiles arrêtent son ID 19. "J'ai fait l'Algérie : ces gars étaient dopés au vin rouge et au bismuth. Ils sautillaient sur place en disant : "On va tirer."" L'enseignant assure que certains d'entre eux parlaient mal le français, des légionnaires. On lui intime l'ordre de descendre de voiture. "Le couvre-feu, on s'en fout. On a ordre de tirer sur les nègres comme sur des lapins." Il est aligné contre un mur quand
arrive une Jeep de gendarmes, avec un chef de détachement. Les hommes baissent tout de suite leur arme.

Outre les CRS et les forces de police déjà sur place, le préfet Bolotte reçoit vers 1 heure du matin le renfort de deux pelotons venus de Martinique. Dans l'après-midi, il a aussi pris la décision de ramener sur Pointe-à-Pitre un escadron de gendarmes mobiles sur le point d'embarquer à l'aéroport du Raizet. Leurs armes sont déjà dans l'avion. Ce sont ces "képis rouges" qui ont laissé le pire souvenir. Ces hommes avaient été appelés en renfort au mois de mars, lors d'incidents qui avaient éclaté à Basse-Terre avec Srnsky, un militant de l'UNR, le parti gaulliste.

Propriétaire du magasin de chaussures Sans Pareil, il avait lancé son berger allemand contre un cordonnier-cloutier ambulant, un Noir infirme nommé Balzinc, qui s'était installé sur le trottoir devant sa boutique. Le commerçant blanc, exfiltré par le préfet, avait échappé de peu au lynchage, et sa Mercedes avait fini à l'eau. L'affaire a surtout servi aux Renseignements généraux pour établir des listes de militants à surveiller, voire à arrêter, parmi lesquels le docteur Pierre Sainton, l'un des fondateurs du GONG.

En fin d'après-midi, le préfet reçoit la visite du maire communiste de Pointe-à-Pitre, Henri Bangou. Voici comment il le décrit à son ministre de tutelle, le général Pierre Billotte, avant une visite que ce dernier doit effectuer dans l'île : "Le docteur Bangou, c'est un problème que vous connaissez très bien. Vous le reconnaîtrez vite : il est très grand, une tête très intelligente, un aspect avenant et fort bien élevé." La description tient toujours la route. Au plus fort des troubles, le maire a ceint son écharpe et s'est rendu, accompagné d'une partie de ses adjoints, vers le marché central, où des groupes de jeunes font face aux CRS. "Je vais haranguer la foule, pour dire : calmez-vous", explique-t-il. Mais l'épisode tourne court, l'équipe municipale est obligée de battre rapidement en retraite. Lorsque le maire demande au préfet de retirer les forces de l'ordre, celui-ci refuse. "Il m'a répondu qu'il ne pouvait pas. Qu'il
avait été accusé de mollesse lors des événements de Basse-Terre."

La chasse à l'homme a commencé. Dès le 26 mai au soir, à 18 h 45, le préfet envoie un long télégramme au ministre, qui mentionne notamment ceci : "Ai ordonné arrestation principaux meneurs dont TOMICHE, secrétaire syndical employé de commerce et récemment exclu du comité central du Parti communiste STOP." Sur une radio amateur, Paul Tomiche capte les ondes de la police : il faut amener le propriétaire de "l'Opel Corsa 77 MV, Max, Victorine, mort ou vif à Petit Papa" (la gendarmerie de Petit-Pérou). Sa voiture. Il se cache à Bergevin, puis beaucoup plus loin, à Petit-Canal. Coupe sa barbe. Part au Moule. L'Etincelle, l'organe du PCG, titrera : "Les aventuriers ont pris la fuite." Il sera arrêté et fera onze mois de prison.

Le bilan officiel tiré par Pierre Bolotte pour le ministère, dans un télégramme daté du 30 mai, est le suivant : "Sept morts identifiés. Possibilité autres victimes non déclarées." Ce sont tous des manifestants. Il y a de nombreux blessés parmi les civils, mais combien ? Pour les forces de l'ordre : "Armée, un sous-lieutenant sérieusement blessé. Gendarmerie, six gradés et gendarmes, dont deux par armes à feu. CRS, vingt-sept gradés et gardiens, dont dix gravement et quatre blessés par armes à feu." Vingt-sept arrestations de droit commun ont lieu, et vingt et une inculpations. Dix inculpés écopent de peines de prison ferme. Les arrestations vont se poursuivre. Le dimanche 30 mai au soir, à la préfecture de Basse-Terre, les ouvriers, qui demandaient une augmentation de 2,5 %, en obtiennent une de 25 %.

Un autre procès a lieu, à Paris, du 19 février au 1er mars 1968, à la Cour de sûreté de l'Etat, où 18 indépendantistes guadeloupéens sont jugés pour atteinte à l'intégrité du territoire français. La raison ? Leur appartenance au GONG, supposé avoir organisé les émeutes de Pointe-à-Pitre, bien que le rapport du commissaire Honoré Gévaudan, en juin 1967, ait clairement écarté cette hypothèse. Aimé Césaire et Jean-Paul Sartre feront partie des témoins de la défense.

Le préfet Bolotte n'aura jamais à répondre de ses actes, il ne paraîtra dans aucun procès. Il a été enterré le 27 mai 2008. Le commissaire Canales n'ira pas non plus à la barre, prétextant une dépression nerveuse. Glaude, Makouke, Sainton et Théodore ont pris quatre ans avec sursis. Deux inculpés ont eu trois ans avec sursis. Tous les autres, dont Lauriette et Rupaire, ont été acquittés. C'est dans la préface des Damnés de la terre que Jean-Paul Sartre écrivit : "Les voix jaunes et noires parlaient encore de notre humanisme, mais c'était pour nous reprocher notre inhumanité." Depuis 1967, aucun CRS n'a remis les pieds dans l'île.

Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 27.05.09

http://fischer02003.over-blog.com/article-31988973.html


mercredi 20 mai 2009

"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962..., jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.

Subject: "LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962...,
jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.


"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962...
Je publierai progressivement ce retracé politico-historique, au fur et à
mesure de mes disponibilités, sur "paix _ socialisme _ communisme" ...
Bienvenue et bonne lecture à tous mes correspondants qui auront la patience
de le lire jusqu' au bout ! Cela en vaut peut être la peine ... (???).
RoRo12
03/09/2008

Chapitre premier
L'ETAT DE LA CITE DU VATICAN
Le Vatican est tout à la fois un État microscopique enclavé dans Rome et le
centre de l'Église catholique romaine (1) .
II est devenu un État aux termes du traité de Latran, conclu en 1929 entre
Pie XI et le gouvernement fasciste de Mussolini. L'article 3 de ce traite
stipule: «L'Italie reconnaît au Saint-Siège l'entière propriété, le pouvoir
exclusif et absolu, et la juridiction souveraine sur le Vatican dans sa
composition actuelle, avec toutes ses dépendances et dotations, instituant
ainsi, à des fins particulières et dans les modalités stipulées au présent
traite, la Cite du Vatican.»
L'État du Vatican ne ressemble à aucun autre État du monde en ce sens qu'il
n'a ni ouvriers, ni paysans, ni industrie, ni agriculture. C'est un
minuscule État ecclésiastique dont le souverain absolu est le pape de Rome,
chef de la catholicité.
(pages 1, 2, 3)

I Le Vatican est une colline située sur la rive droite du Tibre, dans le
nord-ouest de Rome. Ce fut dans l' antiquité un lieu de culte et de
vaticinations. d'où, vraisemblablement, son appellation. L'un des dieux de
la mythologie romaine était Vaticanus qui, assurait-on, faisait pousser à
l'enfant son premier cri. (Voir Gaston Boissier: La religion romaine
d'Auguste aux Antonins, Paris 1906, p. 4). Apres que le christianisme fut
devenu la religion d'État de l'Empire romain, le Vatican devint un haut lieu
du culte chrétien. C'est à la fin du Ve siècle et au début du VIe que I' on
a commencé à bâtir les édifices de l' évêché de Rome. Depuis la fin du XIVe
siècle, Ie Vatican est la résidence permanente des papes.
Pendant onze siècles, de 756 a 1870, il a existé sur le territoire de l'
Italie actuelle des États pontificaux (ou États de 1'Eglise) où la plénitude
du pouvoir tem­porel appartenait au clergé catholique. Le pape de Rome était
chef de cet État caractérisé par 1'exploitation féodale des masses
populaires et le joug de 1'Église catho­lique. Sur la fin, les États
pontificaux comptaient parmi les puissances les plus réactionnaires
d'Europe.
Laissons parler l'Histoire universelle de Schlosser (1776-1861): « Les États
pontificaux étaient régis par un enchevêtrement de lois, édictées depuis des
siècles; les législations civile et ecclésiastique étaient confon­dues. ..
Partout sévissaient les espions et les déla­teurs ... Le pape et ses
conseillers n'avaient ni le temps ni 1'envie de s'occuper de leurs sujets
... Aussi, 1'idée que des réformes fussent nécessaires ne pouvait leur venir
à1'esprit. »
Un contemporain du pape Grégoire XVI (dont le pontificat dura de 1831 a
1846) nous rapporte que toutes les provinces des États de 1'Église «se
trouvaient en état de siège; la cour martiale siégeait en permanence; les
prisons et les lieux de déportation étaient bondés; le gibet et 1'échafaud
rivalisaient d'activité2 ».
Dans l'ouvrage qu'il fit paraître en 1901 sur 1'histoire de 1' Italie, le
célèbre historien russe Eugène Tarlé écri­vait au sujet du régime des États
pontificaux: « Rome était administrée par un cardinal, exerçant les
fonctions de préfet de police... Le désordre administratif était
épouvantable, parce que les prélats, les prêtres subalternes et les
moines-policiers s'acquittaient de leurs de­voirs de façon détestable, ils
volaient, et étaient connus pour leurs concussions et leurs dérèglements...

1 F. Schlosser: Weltgeschichte tur das deutsche Volk, 2.Ausg.
Bd.16, Oberhausen und Leipzig 1874, S. 404.
2 M. Pinto: Pie IX et La révolution, voir dans la revue Vestnik Evropy
(Courrier de l'Europe), juin 1867, p. 264.
La justice était rendue par quatorze tribunaux ecclésiastiques, dispersés à
travers le pays et composés exclusivement de clercs désignés. La censure
était monstrueusement tatillonne. Dante était à 1'index, et aussi l' Ancien
Testament, et Pétrarque. On était emprisonné pour avoir lu Boccace ... Les
jésuites avaient la haute main sur les universités de Rome et de Bologne,
ils châtiaient dure­ment les étudiants qui osaient parler de la rotation de
la Terre. La misère des populations n'empêchait nulle­ment 1'administration
ecclésiastique de les pressurer d'impôts et de redevances. Par sa cruauté
irréfléchie, la fiscalité abusive pratiquée dans les États pontificaux
obligeait les habitants des villages à fuir au hasard ... ».
Tel était le régime institué dans 1'État où le pouvoir absolu était exercé
par le pape et son clergé. .
Selon Stendhal: « Le pape exerce donc deux pouvoirs fort différents: il peut
faire, comme prêtre, le bonheur éternel de 1'homme qu'il fait assommer comme
roi1.»
L'arbitraire sévissant dans les États pontificaux sus­citait les
protestations du peuple. Mais celles-ci étaient réprimées avec une extrême
dureté. Dans ses dernières années, le pouvoir temporel du pape s' appuyait
sur les baïonnettes françaises et autrichiennes. Les meilleurs fils du
peuple italien, luttant pour 1'unification du pays, désiraient aussi la
suppression des États pontificaux, qui constituaient un grave obstacle à
1'unité nationale.
En 1870 1'unification définitive de l'Italie mit un terme à l'existence des
États pontificaux. Leur territoire de 16000 milles carrés, avec sa
population de plus de trois millions d'habitants, s'intégra dans le royaume
d'Italie. Le pape se vit dépouillé de son pouvoir tem­porel; et, dans ce
pays où 1'influence de l'Église catho­lique était et est encore très forte,
il ne trouva guère de défenseurs.
1 Promenades dans Rome, t.1, Paris 1829, p. 7.

(Pages 4 et 5)

A l'heure actuelle, le pape et l'épiscopat catholique, qui répandent parmi
leurs ouailles des notions fausses sur le communisme, voudraient les
persuader que seule la stricte observation des préceptes du catholicisme
peut conduire l'humanité à une société meilleure. Or, le pape et ses évêques
avaient une magnifique occasion de faire éclater la supériorité de la voie
où ils voudraient que s'engagent les hommes. Pendant onze siècles, ils ont
gouverné tout un Etat! Mais ils n'y ont pas fait régner, tant s'en faut, une
vie de bonheur et d'équité pour les masses populaires.
La superficie de la Cité du Vatican est aujourd'hui de 108,7 acres (sans
compter 13 édifices à Rome hors de l'enceinte du Vatican). Sa population est
d'un millier de personnes, dont 700 sujets du Saint-Siège. Le Vatican
possède une ligne de chemin de fer de quelques centaines de mètres,
rattachée au réseau ferroviaire italien; une centrale électrique, une
station de radiodiffusion, une monnaie, des timbres - Poste, une école
primaire et même une prison. Cet Etat gouverné par le vicaire du Christ, et
qui compte à peine mille habitants, ne peut se passer d'une prison!
En tant que monarque temporel, le pape dispose d'une armée (100
gardes-suisses) et d'une gendarmerie de cent hommes environ. Les
gardes-nobles (100 hommes, choisis parmi l'aristocratie romaine) et la garde
palatine (500 bourgeois de Rome) sont des formations non permanentes créées
pour les cérémonies solennelles' du Saint-Siège.
Le Vatican est une monarchie absolue. En vertu de la loi fondamentale
promulguée en 1929, le pape exerce la plénitude du pouvoir législatif,
exécutif et judiciaire. Un gouverneur assume en son nom les fonctions
administratives. Il existe une commission pontificale pour l'expédition des
affaires de l'Etat, composée de deux cardinaux, d'un évêque-secrétaire et
d'un conseiller général.
(page 6)

Autrefois, le pape était choisi parmi la grande aristocratie féodale,
italienne le plus souvent. C'était au moyen âge un des signes du caractère
foncièrement féodal de l'Eglise catholique et de sa hiérarchie.
Plus tard, on vit sur le trône pontifical des représentants des banques et
de l'industrie. Cela traduisait la métamorphose de l'Eglise catholique qui,
dans les pays capitalistes industriellement évolués, se mettait
idéologiquement, politiquement et moralement au service de la bourgeoisie.
Ainsi, de 1914 à 1922, le titulaire du Saint-Siège fut Benoît XV (marquis
Giacomo della Chiesa), membre d'une grande famille gênoise apparentée à la
haute finance italienne. Son successeur, de 1922 à 1939, fut Pie Xl (Achille
Ratti), issu de la grande bourgeoisie lombarde. C'est à lui que l'on doit la
phrase fameuse, prononcée au lendemain de la signature du Traité de Latran:
« Si c'était nécessaire pour le salut des âmes, je m'entendrais volontiers
avec le Diable ... 1»
A Pie Xl succéda, de 1939 à 1958, Pie XII (Eugenio Pacelli), rejeton d'une
dynastie de richissimes banquiers. Cette famille a des attaches étroites
avec la haute finance italienne et internationale. En 1911, le prince
Volkonski, représentant du gouvernement du tsar auprès du Saint-Siège,
mandait à Pétersbourg que le Vatican et, plus particulièrement, la famille
Pacelli avaient des intérêts dans la guerre qui venait d'éclater entre
l'Italie et la Turquie. « La guerre déclenchée à l'occasion de Tripoli entre
l'Italie et la Turquie, écrivait-il, ne peut manquer d'intéresser le Vatican
... L'opinion publique est unanime à reconnaître l'intérêt que porte le
Saint-Siège à la nouvelle crise ... Les relations bien connues entre le
Vatican et le Banco di Roma pèsent plus que toute autre chose dans la
balance.
1 Ch. Hugo Doyle: We have a pope. The life of pope Pius
XII, New Jersey" 1942, p.ll. .

(page 7)

Il suffit de rappeler qu'à la tête de cet établissement se trouve M. Ernest
Pacelli, représentant des milieux cléricaux romains, oncle d'une étoile
montante de 'la diplomatie vaticane, monsignor Eugenio Pacelli (le futur Pie
XII. M.C.). Le rôle considérable joué par cette banque dans le conflit
actuel est tellement évident qu'il est même surestimé dans l'opinion
romaine, où l'on va jusqu'à affirmer que la crise a été provoquée
précisément par les activités de la Banco di Roma 1. »
A la différence des trois souverains pontifes précédemment nommés, l'actuel
pape Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli), porté au pontificat en octobre
1958, est issu d'une famille paysanne. La propagande cléricale voudrait en
profiter pour attirer à l'Eglise les sympathies des couches prolétariennes.
Mais l'accession du nouveau pape n'a pas mué le Vatican en un rempart de la
démocratie, il s'en faut de beaucoup. Comme sous les autres papes, le
Saint-Siège demeure le défenseur du capitalisme. Il n'est que de se
reporter, pour s'en convaincre, à la politique actuelle du Saint-Siège et
aux propos du pape lui-même sur les questions majeures de l'actualité
internationale.
Le Vatican et les princes de l'Eglise catholique (et
pas seulement catholique!) sont indissolublement liés au monde de
l'Industrie et de la haute finance. Cette liaison avait été signalée dès le
début de ce siècle par un grand militant du mouvement socialiste français et
international, Paul Laf'argue. Voici un texte de lui datant de 1903: « Les
Morgan et les Rockefeller sont des bâtisseurs d'Eglises et d'Universités...
et prêtres et professeurs se dévouent à complaire aux volontés des manieurs
d'or ... Les prêtres de toutes les Eglises sont

1 Les relations internationales à l'époque de l'impérialisme, 2e partie,
Moscou 1938, pp.125-126.
( page 8)

agenouillés devant les grands capitalistes, ces dieux pour de vrai, qui leur
donnent le manger, le coucher et le reste! ... »
Depuis l'époque où Lafargue écrivait ces lignes, les intérêts économiques et
politiques du Vatican et des oligarchies ecclésiastiques se sont confondus
plus étroitement encore avec ceux de la bourgeoisie.
Le Vatican et beaucoup d'organisations qui lui sont affiliées possèdent
d'énormes capitaux. Le détail de ces affaires financières est tenu
strictement secret, et il est rare que quelque chose en filtre dans la
presse. C'est pourquoi il est impossible de recenser complètement les
richesses du Vatican, d'analyser la totalité de ses liaisons avec la banque
et l'industrie. Qu'il nous suffise de reproduire quelques données publiées à
ce jour.
Le Vatican possède des actions pour une somme de 12 milliards de dollars 2.
Il faudrait des pages rien que pour dresser la liste des banques et
compagnies d'assurances, des trusts et sociétés anonymes où le Vatican a des
intérêts. «A travers 40 banques centrales, une centaines de banques
publicitaires, le Vatican tient plus de 400 milliards sur les 600 milliards
de l'épargne italienne 3.»
L' Osservatore Romano, organe du Vatican, publie des annonces publicitaires,
le plus souvent pour le compte de produits pharmaceutiques, considérant sans
doute qu'il sied à un journal ecclésiastique d'imiter la publicité du reste
de la presse. Toutefois, des exceptions sont tolérées en faveur de certaines
banques et sociétés anonymes dont les attaches avec le Saint-Siège sont
particulièrement étroites. Ainsi, en page 2, à côté de textes éminemments
édifiants, l'Osservatore Romano

1. Lafargue: Les trusts américains, Paris 1903, pp. 12-13
1. G. Heyden, H. Ullrich : Im Namen Gottes, Berlin 1959, p. 139
3. Roger Garaudy: L' Eglise, le communisme et les chrétiens, Paris 1949, p.
156
(page 9).
?
insère la publicité de la Banco di Roma qui, lisons-nous, possède un capital
de 12 milliards et demi de lires et compte 200 succursales en Italie et à
l'étranger. Dans le même journal, nous trouvons la réclame de la Banco
Commerciale Italiana, de la Banco Ambrosiano et autres établissements,
également liés au Saint-Siège 1.

D'après le publiciste allemand G. Baumann, le Vatican est une grande
puissance financière à l'échelle mondiale, et pas seulement italienne. Il
est allié à la haute finance d'Italie, de France, de Belgique, du
Luxembourg, de Suisse et d'Amérique du Sud. Le Vatican et, plus
généralement, l'Eglise catholique possèdent des capitaux et des
investissements énormes en Espagne, au Mexique, en Afrique, en
Extrême-Orient, aux Etats-Unis. Le Vatican est l'associé de la maison
Rotschild et de la dynastie américaine des Morgan-.

L'oligarchie suprême de l'Eglise catholique, écrit P. Togliatti, « est
devenue je ne dirais pas un appendice, mais une partie intégrante du grand
capital. Cela est particulièrement vrai pour notre pays, où nous apprenons
chaque jour que le Vatican a acheté des actions tantôt d'une société, tantôt
d'une autres. »

Comme l'indique R. Garaudy, le Vatican a investi des centaines de millions
de francs en France, 35 milliards de francs aux Etat-Unis, et 60 milliards
dans plusieurs autres pays-. Il n'est pas jusqu'aux maisons de jeu de
Monte-Carlo, de Vichy ou de Biarritz qui ne rapportent au Vatican,
actionnaire de ces établissements.
Encore tout cela ne donne-t-il qu'une idée approxi

1 Osservatore Romano nOS 1, 2, 5, 7-8, 17, 19,25, 31 XII 1959; 1, 5-6, 7, 9,
14 16, 21 VI 1961, etc.
2 Voir G. Baumann: Atlantikpakt der Konzerne. Berlin 1952, S.97.
:3 Pour une paix' durable, pour une démocratie populaire, 15-1-1948.
~ Roger Garaudy: L'Eglise, le communisme et les chrétiens, p.159.

(page 10)

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mercredi 6 mai 2009

LML 5 mai: 191e anniversaire de naissance de Karl Marx: Il n'y a qu'une grande voie de la civilisation, une seule voie vers l'avant

 

From: LML
Sent: Wednesday, May 06, 2009 1:01 AM
Subject: LML 5 mai: 191e anniversaire de naissance de Karl Marx: Il n'y a qu'une grande voie de la civilisation, une seule voie vers l'avant

Le Marxiste-Léniniste

Numéro 88 - 5 mai 2009

5 mai 2009
191e anniversaire de naissance de Karl Marx

Il n'y a qu'une grande voie de la civilisation,
une seule voie vers l'avant


5 mai 1818 - 14 mars 1883
 

Il n'y a qu'une grande voie de la civilisation, une seule voie vers l'avant
Discours sur la tombe de Karl Marx - Friedrich Engels, Cimetière Highgate, Londres, 17 mars 1883
Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme - Lénine, 1913

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vendredi 1 mai 2009

LML 1er mai: Travailleurs et peuples opprimés du monde, unissez- vous!

 

From: LML
Sent: Friday, May 01, 2009 6:46 PM
Subject: LML 1er mai: Travailleurs et peuples opprimés du monde, unissez- vous!

Le Marxiste-Léniniste

Numéro 86 - 1er mai 2009

Premier Mai 2009
Journée internationale d'unité et de lutte de la classe ouvrière

Travailleurs et peuples opprimés
du monde, unissez- vous!


En ce Premier Mai, le PCC(M-L) salue les travailleurs et peuples opprimés du monde qui résistent vaillamment à l'offensive antisociale et aux préparatifs pour le fascisme et la guerre. Le PCC(M-L) salue tous ceux et celles qui, aux premiers rangs du mouvement ouvrier, organisent pour résister à la destruction de leurs syndicats et au transfert du fardeau de la crise économique sur le dos de la classe ouvrière, des couches moyennes et des plus vulnérables. [...suite]

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