vendredi 16 avril 2010

La Chine, l’environnement et la faim dans le monde

 

From: nicolas
Sent: Wednesday, December 09, 2009 4:17 PM
To: Romain
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] Fw: La Chine, l'environnement et la faim dans le monde

 



---- Original Message -----

From: Marie-Ange Patrizio

To: Marie-Ange Patrizio

 

Sent: Monday, December 07, 2009 10:04 PM

Subject: La Chine, l'environnement et la faim dans le monde


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Bonsoir, 

grand cirque médiatique à Copenhague...

 

Ci-joint un texte du philosophe marxiste italien D. Losurdo répondant à Gianni Minà (journaliste italien, spécialiste de Cuba, voir http://www.giannimina.it/ ) à propos d'un article publié sur il manifesto, dimanche 6 décembre ; dans son article Minà a (entre autres) "apparié la Chine aux Etats-Unis aussi bien pour ce qui concerne la pollution environnementale que pour la faim dans le monde".

Réponse de D. Losurdo sur son blog (http://domenicolosurdo.blogspot.com/ ) :

 

 

La Chine, l'environnement et la faim dans le monde

Un conseil à Gianni Minà

Domenico Losurdo


Depuis des années Gianni Minà (journaliste italien, spécialiste de Cuba, NdT) s'oppose avec une contre-information très documentée et admirable à la campagne médiatique déchaînée par Washington et par Bruxelles contre Cuba. Même sur le cas de Yoani Sanchez, l'actuelle « bloguera » et championne de la contre-« révolution colorée » que l'impérialisme s'emploie à mener contre l'île rebelle, Minà intervient avec précision et vigueur. L'article publié sur « il manifesto » du 6 décembre est éloquent dès son titre : Cyberwar à Cuba. En effet, la campagne en cours pour la « liberté d'expression » n'est qu'une continuation de la guerre avec d'autres moyens, tout comme l'embargo et le blocus qui font rage depuis des décennies sont une continuation, avec d'autres moyens, de la Baie des Cochons et de l'agression militaire.

Dommage que cette prise de position, qui aurait pu être de grande efficience, soit irrémédiablement ruinée par l'incipit de l'article. Lisons :

« L'annonce de l'accord des Etats-Unis avec la Chine, qui renvoie la réduction des émissions de bioxyde de carbone par les deux plus grandes nations polluantes de l'atmosphère, n'a pas beaucoup préoccupé la grande information occidentale ; ni même la constatation, après le sommet de la FAO, que les millions de morts à cause de la faim augmenteront à court terme à cause de l'égoïsme et de la négligence des dites  'nations fortes' ».

La Chine est donc ainsi appariée aux Etats-Unis aussi bien pour ce qui concerne la pollution environnementale que pour la faim dans le monde. Le dernier chef d'accusation contre les dirigeants du Parti communiste et du gouvernement chinois est tout simplement surréel : de l'avis général, ceux-ci sont protagonistes d'un processus de libération de la faim et du sous-développement dont ont bénéficié des centaines de millions de personnes, et qui, par ses dimensions et sa rapidité, est sans précédent dans l'histoire. Même hors de ses frontières, la Chine est en train de contribuer notablement au décollage de l'Afrique…

Mais centrons nous sur le premier chef d'accusation, le plus banalement stéréotype et suiviste, qui prend appui sur la question écologique. Il est clair que Minà est peu informé. Voici ce que Thomas L. Friedman écrivait déjà sur le « International Herald Tribune » du 3 novembre 2005 :

« L'innovation verte a commencé à se répandre rapidement en Chine […] Encore une décennie et nous devrons importer notre technologie verte de Pékin […] Le défi de la Chine verte sera beaucoup plus insidieux que celui de la Chine rouge […] Parce que les technologies vertes sont ici adoptées à une échelle de plus en plus large […], la Chine fixera les standards pour le reste du monde ».

Mais venons-en aujourd'hui. Bien loin de s'abandonner à l'inertie, les dirigeants chinois s'emploient à réduire, d'ici 2020, de 40 à 45 % le dioxyde de carbone émis par point de PIB. Pour saisir le caractère extrêmement ambitieux de cet objectif, il suffit de le comparer avec l'Inde, qui entend s'engager seulement pour 20-25 %.

C'est vrai, comme souligne Minà, Chine et Usa sont les « deux plus grandes nations polluantes de l'atmosphère » ; sauf que la première a une population qui se monte à plus de quatre fois celle de la seconde : ce qui veut dire qu'en moyenne un citoyen chinois pollue quatre fois moins qu'un citoyen étasunien.

Naturellement, cette donnée macroscopique peut être considérée comme « insignifiante », comme le fait Giovanni Sartori sur le « Corriere della Sera », encore du 6 décembre. Sur la base d'un tel « raisonnement », dans le calcul du niveau tolérable d'émissions, le fait qu'il s'agisse de la Chine, de l'Inde, des USA, de l'Italie ou de Saint Marin ne fait pas de différence. Et, toujours sur la base de ce « raisonnement", ceux qui, dans les régions les moins développées de la Chine (et en grande partie de l'Inde) habitent dans des maisons ou fréquentent des écoles ou des hôpitaux sans énergie électrique ou avec un approvisionnement intermittent, doivent se résigner à être privés d'appareils électroménagers et de rapports avec le reste du monde, à souffrir du froid, et même à mourir au cours d'une opération chirurgicale ; si par contre, ils veulent améliorer leurs conditions de vie, ils font la preuve d'une insensibilité écologique impardonnable. Et si ces chinois et ces indiens devaient aspirer ne serait-ce qu'à la moitié de l'espace habitable dont dispose l'éditorialiste du Corriere della Sera, il est clair qu'ils se feraient juger en tant que responsables d'écocide !

Il est à espérer que Minà ne veuille pas aplatir ses positions sur celles de Sartori. Dans tous les cas, les positions de Cuba sont assez différentes : Fidel Castro non seulement a souligné avec force l'énorme contribution fournie par les dirigeants chinois à la cause de la lutte contre la faim dans leur pays et dans le monde, mais il a aussi attiré l'attention sur le scandale de la consommation énergétique pro capite absolument disproportionnée dont sont protagonistes les Etats-Unis d'Amérique ! Minà ferait bien de reconsidérer son attitude. Dans le cas contraire, s'il continue à faire un portrait aussi caricatural de la République populaire chinoise, il pourra bien réfuter et ridiculiser la « bloguera » Yoani Sanchez et ses marionnettistes impérialistes : il finira cependant par ressasser leurs pires lieux communs !


Publié sur le blog de Domenico Losurdo, le 6 décembre 2009

http://domenicolosurdo.blogspot.com/2009/12/un-consiglio-gianni-mina.html

Reçu de l'auteur et traduit par Marie-Ange Patrizio

L'article de Gianni Minà est disponible (si vous arrivez à avoir la page…) sur :

http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20091206/

 

 

 

samedi 3 avril 2010

[romain : paix_socialisme_communisme] Le rôle des dissidents dans la stratégie de subversion

 

From: NICOLAS
Sent: Saturday, April 03, 2010 10:31 AM
To: Romain
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] Le rôle des dissidents dans la stratégie de subversion


Jeudi, 01 Avril 2010 08:49        
  Le rôle des dissidents dans la stratégie de subversion
Emrah Kaynak   

La subversion est un élément substantiel de la stratégie hégémoniste des Etats-Unis, pays qui est en permanence en guerre (latente ou ouverte). Considérée autrefois comme une force accessoire, l'information a désormais un intérêt stratégique vital. Conscient des enjeux, les USA exploitent parfaitement, au bénéfice de leurs ambitions impérialistes, les virtualités offertes par les nouvelles technologies de communication, de socialisation et d'information .


La stratégie de domination s'est affinée au point que l'objectif est maintenant de conquérir un pays sans même l'attaquer physiquement, en particulier en recourant à des campagnes de désinformation relayées par des agents d'influence internes.

Dès l'antiquité, le stratège chinois Sun Tzu avait déjà défini les idées-forces de la subversion : « Dans la guerre, la meilleure politique, c'est de prendre l'Etat intact ; l'anéantir n'est qu'un pis aller ». « Les experts dans l'art de la guerre soumettent l'armée ennemi sans combat. Ils prennent les villes sans donner l'assaut et renversent un Etat sans opérations prolongées ». « Tout l'art de la guerre est fondé sur la duperie ».

L'écrivain italien Curzio Malaparte (1898-1957) était tout autant convaincu de la possibilité de déposer un pouvoir en propageant une perception altérée des faits. Il soulignait le rôle central d'une minorité agissante qui laissait dans l'ombre la majorité loyale au pouvoir.

Le psycho-sociologue français Roger Mucchielli (1919-1981), souligne lui aussi l'importance des facteurs subjectifs en terme de subversion : « L'action de dissociation des groupes constitués est une opération indispensable car on sait, par les recherches en psychologie sociale, que plus les individus adhèrent à des groupes cohésifs, moins ils sont perméables à la propagande et à la subversion. Il faut donc dissocier ou neutraliser les groupes de références pour individualiser les gens et les détacher individuellement de leurs valeurs groupales ». Vladimir Volkoff (1932-2005) a parfaitement codifié les linéaments de la désinformation et de la manipulation dans son livre « La désinformation, arme de guerre » :

- Démoraliser la nation adverse et désintégrer les groupes qui la composent.

- Discréditer l'autorité, ses défenseurs.

- Neutraliser les masses pour empêcher toute intervention spontanée et générale en faveur de l'ordre établi, au moment choisi pour la prise non violente du pouvoir par une petite minorité. Selon cette logique, il convient d'immobiliser les masses plutôt que de les mobiliser.

Les objectifs de la subversion consistent en substance à assiéger idéologiquement, politiquement et stratégiquement l'adversaire en vue de limiter sa liberté de mouvement et d'action.

Au nom de la démocratie, pour le capitalisme ?

Les concepts de « démocratie » et de « droits de l'homme » se sont convertis en argument central de l'interventionnisme étasunien. La promotion nominale de la démocratie est un précepte essentiel de la stratégie globale de domination des USA, peu importe si en sous-main ils trahissent ces mêmes valeurs chaque fois que leurs intérêts sont contrariés.

Les révolutions « colorées » (Géorgie, Ukraine, Liban et dans une certaine mesure en Iran) témoignent de l'emploi méthodique de cette tactique.

Sous l'étendard des droits de l'homme et de la liberté, les mouvements de contestation cubains sur lesquels les Etats-Unis prennent appui dissimulent un programme politique explicitement contre-révolutionnaire. En s'inspirant des dissidents de l'Europe de l'Est, ils se contentent d'en appeler à une plus grande liberté politique et économique, ce qui implique dans les faits le renversement du système sociopolitique socialiste, le démantèlement des acquis révolutionnaires et l'assujettissement de Cuba aux intérêts impérialistes.

Les mouvements dissidents font un travail de sape pour le compte des Etats-Unis qui les encouragent économiquement et moralement. Structurellement et idéologiquement intégrés aux dispositifs d'ingérence, les dissidents constituent l'avant-garde de la restauration du capitalisme. Il est significatif que leurs chefs de file soutiennent bassement les coups de force contre le pouvoir légal en Bolivie, au Honduras ou au Venezuela.

La dissidence est-elle un processus endogène ?

Jean-Guy Allard et Eva Golinger dans le livre « La Agresión Permanente » pointent du doigt les activités subversives de la USAID, l'agence américaine pour le développement international qui s'est convertie en principale plateforme de contre-insurrection. Le dossier à charge de cette officine paragouvernementale en Amérique latine est éloquent.

La USAID qui a pour mission affichée de renforcer la démocratie, la création d'une croissance généralisée économique à long terme, et promouvoir la sécurité, a investi des millions de dollars dans la déstabilisation des pays progressistes. Elle est particulièrement active au Venezuela et en Bolivie, où elle sous-traite à travers des fondations (Freedom House, American Enterprise Institute, Fondation Ford,…) et des ONGs locales.

Elle est secondée par la NED (National Endowment for Democracy), organisme écran de la CIA, qui se charge plus particulièrement du financement et de l'encadrement des dirigeants politiques et syndicaux – lisez dissidents- et qui a revendiqué l'organisation du syndicat Solidarność en Pologne, la Charte 77 en Tchécoslovaquie et Otpor en Serbie.

Cuba est en prise, depuis le début de l'ère révolutionnaire, à une propagande noire qui cherche par tous les moyens à porter atteinte à son prestige. Les campagnes de diffamation contre la révolution font passer, à la faveur de l'abdication intellectuelle des journalistes disciplinés, les immigrés économiques en exilés politiques, les délinquants de droit commun en prisonniers politiques, les agents conspirationnistes à la solde d'un régime étranger en opposants politiques.

La USAID revendique d'ailleurs son soutien aux « agences exécutives, aux médias et à la société civile à Cuba » via le programme pour Commission pour Assistance à une Cuba libre. L'administration Obama poursuit scrupuleusement, malgré ses déclarations d'intention, la stratégie d'ingérence et d'hostilité de ses prédécesseurs comme le confirme le Président Raul Castro : « L'ennemi reste aussi actif qu'auparavant et une illustration de cela est la détention depuis plusieurs jours d'un citoyen américain, désigné par euphémisme par le porte-parole du département d'État comme un sous-traitant de son gouvernement et qui se consacrait à l'approvisionnement illégal de moyens de communication sophistiqués via satellite à des groupes de la société civile conspirant ».

Il est troublant d'observer que le terme de « dissident » est exclusivement réservé dans la presse orthodoxe aux personnes qui contestent le système politique de pays proclamant un caractère socialiste. On parle de dissidence cubaine, vénézuelienne, chinoise mais jamais on ne qualifie de dissident celui qui éprouve une rupture critique totale avec le monde capitaliste.

Source: Legrandsoir

 

tiré d'investig'action