jeudi 25 novembre 2004

Les dessous de l'industrie pharmaceutique...........

http://users.skynet.be/roger.romain/Sommario.html

----- Original Message -----
From: Aida Allouache
Sent: Thursday, November 25, 2004 12:07 PM


Les dessous de l'industrie pharmaceutique
MÉDICAMENTS: L'ex-rédactrice en chef d'une revue médicaleinternationale sort un brûlot contre les grands laboratoires

Les dessous de l'industrie pharmaceutique
Vioxx, Cholstat, Redux, Ponderal... : la liste des médicaments retirés du marché en raison de leurs effets secondaires ne cesse de s'allonger.Marcia Angell, ancienne rédactrice en chef du NewEngland Journal ofMedicine (NEJM), dénonce dans un ouvrage qui vient de sortir aux Etats-Unis l'évolution récente de l'industrie pharmaceutique. Selon l'auteur de cette enquête sans concession, l'industrie pharmaceutique qui influence le pouvoir politique et tient la plume du législateur et des prescripteurs, aurait réussi à mettre dans sa poche la quasi-totalité des experts.
Jean-Michel Bader
[03 novembre 2004]
«Il était une fois une industrie qui présentait des médicaments poursoigner les maladies. Aujourd'hui, elle fait la promotion de maladiescensées être la cible de ses molécules.» C'est ainsi que le Dr Marcia Angell commence son ouvrage retentissant sur les excès de l'industrie pharmaceutique (1). Tout a commencé dans les années 1980 après l'élection de Ronald Reagan, estime-t-elle. Le «méga-colosse» Big Pharma est assis sur un gâteau de 400 milliards de dollars annuels de vente de médicaments sur ordonnance (dont 200 milliards pour le seul marché américain). Le sénateur démocrate Birch Bay (Indiana) et le républicain Robert Dole (Kansas) font adopter une loi qui permet aux universités et aux firmes privées de breveter les découvertes faites aux instituts nationaux de santé (avec les dollars des contribuables !) et accorde des licences d'exclusivité aux firmes pharmaceutiques pour les exploiter. Les investissements de recherche et de développement des futurs médicaments ne sont donc plus à la charge des industriels, mais du contribuable. Du coup, les profits de cette industrie explosent: le retour net sur les ventes grimpe à 18,5% ! Par comparaison, la banque n'obtient que 13,5%...
Combien l'industrie dépense-t-elle vraiment en recherche et développement ? «Toute la recherche préclinique est faite par des chercheurs institutionnels», estime le Dr Angell. Exemple : l'AZT, premier médicament de lutte contre le sida, a été synthétisé en 1964 par la Michigan Cancer Foundation.Acheté en 1974 par Burrough Wellcome et «oublié», testé en 1983 par le National Cancer Institute et la Duke University comme agent antiviral, il a été vendu par Wellcome à 100 000 dollars par an et par malade comme anti-VIH. «La compagnie n'a jamais participé aux premiers essais cliniques, ni fait les essais de pharmacologie clinique, les tests immunologiques, les études virologiques». Mais elle a bel et bien touché le pactole.
En novembre 2001, un groupe d'économistes conduit par Joseph Dimasi (Tufts Center for the Study of Drug Development) annonce en fanfare que l'industrie pharmaceutique a dépensé 802 millions de dollars en R&D pour chaque nouvelle molécule mise sur le marché. Mais il est difficile de savoir si c'est vrai : chaque compagnie doit déclarer à la Securities and Exchange Commission (SEC) ses dépenses mais ne donne que rarement des détails. L'information est dite «propriétaire», autrement dit elle dort dans une boîte noire inaccessible au public. «Vous pouvez à la louche calculer le coût réel par médicament en divisant le chiffre global des dépenses en R&D par le nombre de nouveaux médicaments. Ainsi en 2000, les industriels auraient dépensé 26 milliards de dollars en R&D, et 96 médicaments ont été mis sur le marché. Le chiffre par molécule n'est alors que de 265 millions de dollars. Pas 802 millions !» , explique le Dr Angell. Pour 2001, selon le même calcul avec 30 milliards d'investissements et seulement 66 médicaments nouveaux, le coût par molécule grimpe à 455 millions.
«Public Citizen», un association de consommateurs américains, aregroupé tous les médicaments nouveaux entre 1994 et 2000, et additionné les dépenses industrielles de R&D pour les mêmes années. Leur calcul fait tomber le coût de la recherche à moins de 100 millions par molécule nouvelle. Le tour de passe-passe n'a été révélé qu'un an et demi après l'annonce de Dimasi : en fait ce n'est que sur un échantillon de 68 médicaments développés par dix firmes sur dix ans, qu'a été fait le calcul officiel. De plus le coût officiel par médicament n'était que de 403 millions, mais le chiffre de 802 millions vient d'une habitude comptable prise par nombre d'entreprises, ce que l'on appelle le coût capitalisé. La somme dépensée pour la recherche aurait pu être placée en Bourse et rapporter une somme supérieure. «Comme si Big Pharma avait d'autre choix que de financer la recherche pour découvrir de nouveaux médicaments !»,s'exclame Marcia Angell.
Le Dr Angell explore également les sources réelles de l'innovationpharmaceutique : la Food and Drug Administration qui distribue lesautorisations de vente et les exclusivités, fait le tri entre les pures copies de médicaments existants et les molécules réellement innovantes.
De 1998 à 2002, 415 médicaments ont été autorisés, soit 83 par an en moyenne. Seulement 133 (32%) sont des médicaments nouveaux, et dans ce groupe seuls 58 ont été considérés suffisamment importants pour justifier une procédure accélérée de mise sur le marché. En 2001 et 2002, seulement 7 médicaments innovants, contre 19 en 1999.
Désormais, l'industrie pilote en direct tous les essais des médicaments : elle paie les experts, elle leur tient la plume, elle censure les mauvaises nouvelles. Exemple : en 1996, une firme de biotechnologie, Immune Response Corporation, charge par contrat le Dr James Kahn (université de Californie, San Francisco) et le Dr Stephen Lagakos (Harvard School of Public Health) de mener un essai multi centrique de son médicament Remune, censé ralentir la progression du sida, sur 2 500 séropositifs dans 77 hôpitaux. Au bout de trois ans, il était clair que Remune était inefficace. Mais la firme refusa aux deux promoteurs le droit de dire ou d'écrire que leur vaccin était inefficace. Elle réclama même qu'ils incluent les données d'un sous-groupe avec des effets positifs. Ce que refusèrent les chercheurs. Immune Response menaça alors de ne pas donner toutes les données finales à ses contractuels, et voulu avaliser le manuscrit avant publication. Elle porta même plainte contre l'université de Kahn pour dommage industriel ! Le patron d'Immune Response a dit à un journaliste : «J'ai dépensé 30 millions de dollars sur cet essai.J'estime avoir certains droits.» Tous les droits ?
(1) The Truth About Drug Companies, Random House, 305 pages.
un article du figaro


Toujours du nouveau sur :
http://romainroger.blogspot.com/
http://antiotan.blogspot.com/
http://lameriquelibre.blogspot.com/
http://cubasocialiste.blogspot.com/
(et Amérique latine)
http://eurodictature.blogspot.com/
http://irakoccupe.blogspot.com/
http://occupationpalestine.blogspot.com/
http://lapresselibre.blogspot.com/

Les dessous de l'industrie pharmaceutique...........

http://users.skynet.be/roger.romain/Sommario.html

----- Original Message -----
From: Aida Allouache
Sent: Thursday, November 25, 2004 12:07 PM
Subject: Fw: Les dessous de l'industrie pharmaceutique...........


MÉDICAMENTS: L'ex-rédactrice en chef d'une revue médicaleinternationale sort un brûlot contre les grands laboratoires

Les dessous de l'industrie pharmaceutique

Vioxx, Cholstat, Redux, Ponderal... : la liste des médicaments retirés du marché en raison de leurs effets secondaires ne cesse de s'allonger.Marcia Angell, ancienne rédactrice en chef du NewEngland Journal ofMedicine (NEJM), dénonce dans un ouvrage qui vient de sortir aux Etats-Unis l'évolution récente de l'industrie pharmaceutique. Selon l'auteur de cette enquête sans concession, l'industrie pharmaceutique qui influence le pouvoir politique et tient la plume du législateur et des prescripteurs, aurait réussi à mettre dans sa poche la quasi-totalité des experts.
Jean-Michel Bader
[03 novembre 2004]
«Il était une fois une industrie qui présentait des médicaments poursoigner les maladies. Aujourd'hui, elle fait la promotion de maladiescensées être la cible de ses molécules.» C'est ainsi que le Dr Marcia Angell commence son ouvrage retentissant sur les excès de l'industrie pharmaceutique (1). Tout a commencé dans les années 1980 après l'élection de Ronald Reagan, estime-t-elle. Le «méga-colosse» Big Pharma est assis sur un gâteau de 400 milliards de dollars annuels de vente de médicaments sur ordonnance (dont 200 milliards pour le seul marché américain). Le sénateur démocrate Birch Bay (Indiana) et le républicain Robert Dole (Kansas) font adopter une loi qui permet aux universités et aux firmes privées de breveter les découvertes faites aux instituts nationaux de santé (avec les dollars des contribuables !) et accorde des licences d'exclusivité aux firmes pharmaceutiques pour les exploiter. Les investissements de recherche et de développement des futurs médicaments ne sont donc plus à la charge des industriels, mais du contribuable. Du coup, les profits de cette industrie explosent: le retour net sur les ventes grimpe à 18,5% ! Par comparaison, la banque n'obtient que 13,5%...
Combien l'industrie dépense-t-elle vraiment en recherche et développement ? «Toute la recherche préclinique est faite par des chercheurs institutionnels», estime le Dr Angell. Exemple : l'AZT, premier médicament de lutte contre le sida, a été synthétisé en 1964 par la Michigan Cancer Foundation.Acheté en 1974 par Burrough Wellcome et «oublié», testé en 1983 par le National Cancer Institute et la Duke University comme agent antiviral, il a été vendu par Wellcome à 100 000 dollars par an et par malade comme anti-VIH. «La compagnie n'a jamais participé aux premiers essais cliniques, ni fait les essais de pharmacologie clinique, les tests immunologiques, les études virologiques». Mais elle a bel et bien touché le pactole.
En novembre 2001, un groupe d'économistes conduit par Joseph Dimasi (Tufts Center for the Study of Drug Development) annonce en fanfare que l'industrie pharmaceutique a dépensé 802 millions de dollars en R&D pour chaque nouvelle molécule mise sur le marché. Mais il est difficile de savoir si c'est vrai : chaque compagnie doit déclarer à la Securities and Exchange Commission (SEC) ses dépenses mais ne donne que rarement des détails. L'information est dite «propriétaire», autrement dit elle dort dans une boîte noire inaccessible au public. «Vous pouvez à la louche calculer le coût réel par médicament en divisant le chiffre global des dépenses en R&D par le nombre de nouveaux médicaments. Ainsi en 2000, les industriels auraient dépensé 26 milliards de dollars en R&D, et 96 médicaments ont été mis sur le marché. Le chiffre par molécule n'est alors que de 265 millions de dollars. Pas 802 millions !» , explique le Dr Angell. Pour 2001, selon le même calcul avec 30 milliards d'investissements et seulement 66 médicaments nouveaux, le coût par molécule grimpe à 455 millions.
«Public Citizen», un association de consommateurs américains, aregroupé tous les médicaments nouveaux entre 1994 et 2000, et additionné les dépenses industrielles de R&D pour les mêmes années. Leur calcul fait tomber le coût de la recherche à moins de 100 millions par molécule nouvelle. Le tour de passe-passe n'a été révélé qu'un an et demi après l'annonce de Dimasi : en fait ce n'est que sur un échantillon de 68 médicaments développés par dix firmes sur dix ans, qu'a été fait le calcul officiel. De plus le coût officiel par médicament n'était que de 403 millions, mais le chiffre de 802 millions vient d'une habitude comptable prise par nombre d'entreprises, ce que l'on appelle le coût capitalisé. La somme dépensée pour la recherche aurait pu être placée en Bourse et rapporter une somme supérieure. «Comme si Big Pharma avait d'autre choix que de financer la recherche pour découvrir de nouveaux médicaments !»,s'exclame Marcia Angell.
Le Dr Angell explore également les sources réelles de l'innovationpharmaceutique : la Food and Drug Administration qui distribue lesautorisations de vente et les exclusivités, fait le tri entre les pures copies de médicaments existants et les molécules réellement innovantes.
De 1998 à 2002, 415 médicaments ont été autorisés, soit 83 par an en moyenne. Seulement 133 (32%) sont des médicaments nouveaux, et dans ce groupe seuls 58 ont été considérés suffisamment importants pour justifier une procédure accélérée de mise sur le marché. En 2001 et 2002, seulement 7 médicaments innovants, contre 19 en 1999.
Désormais, l'industrie pilote en direct tous les essais des médicaments : elle paie les experts, elle leur tient la plume, elle censure les mauvaises nouvelles. Exemple : en 1996, une firme de biotechnologie, Immune Response Corporation, charge par contrat le Dr James Kahn (université de Californie, San Francisco) et le Dr Stephen Lagakos (Harvard School of Public Health) de mener un essai multi centrique de son médicament Remune, censé ralentir la progression du sida, sur 2 500 séropositifs dans 77 hôpitaux. Au bout de trois ans, il était clair que Remune était inefficace. Mais la firme refusa aux deux promoteurs le droit de dire ou d'écrire que leur vaccin était inefficace. Elle réclama même qu'ils incluent les données d'un sous-groupe avec des effets positifs. Ce que refusèrent les chercheurs. Immune Response menaça alors de ne pas donner toutes les données finales à ses contractuels, et voulu avaliser le manuscrit avant publication. Elle porta même plainte contre l'université de Kahn pour dommage industriel ! Le patron d'Immune Response a dit à un journaliste : «J'ai dépensé 30 millions de dollars sur cet essai.J'estime avoir certains droits.» Tous les droits ?
(1) The Truth About Drug Companies, Random House, 305 pages.
un article du figaro

dimanche 7 novembre 2004

Le féodalisme amical : le mythe du Tibet, par Michael Parenti

http://users.skynet.be/roger.romain/Sommario.html

Toujours du nouveau sur :
http://romainroger.blogspot.com/
http://antiotan.blogspot.com/
http://lameriquelibre.blogspot.com/
http://cubasocialiste.blogspot.com/
(et Amérique latine)
http://eurodictature.blogspot.com/
http://irakoccupe.blogspot.com/
http://occupationpalestine.blogspot.com/
http://lapresselibre.blogspot.com/
Pour rappel, mes listes sont ouvertes à toutes les organisations et camarades se réclamant dela mouvance marxiste-léniniste, pacifiste, antiraciste et antifasciste, à tous ceux qui luttent contre l'impérialisme, le colonialisme, l' Euro-dictature et l'exploitation capitalistes. Bienvenue !



Grand merci à Homo Sapiens et à Parenti de ce texte important et intéressant !
RoRo !



----- Original Message -----
From: Homo Sapiens
To: roger.romain@skynet.be
Sent: Sunday, November 07, 2004 4:49 PM
Subject: Le féodalisme amical : le mythe du Tibet, par Michael Parenti
Bonjour Roger,
Je t’envois un texte que je viens de traduire concernant le Tibet.
L’auteur en est Michael Parenti que tu connais probablement déjà.
Il est un des rares communistes américains. Le texte original se trouve sur son site http://www.michaelparenti.org/
La traduction n’est pas des plus parfaites mais je crois qu’elle est malgré tout conforme à l’original.

Une question que l’on peut se poser à propos du Tibet est de savoir, sachant à la tête de quel système ignoble se trouvait le Dalaï Lama, si celui-ci serait aussi idolâtré qu’il ne l’est actuellement si la Chine n’avait pas soit occupé soit repris soit réintégré le Tibet.

Bonne lecture.





Le Féodalisme Amical :
le Mythe du Tibet
Décembre 2003

A travers les âges, il y a eu une harmonie affligeante entre la religion et la violence. L’histoire du Christianisme, celle du Judaïsme, celle de l'Hindouisme et celle de l'Islam sont étroitement liées aux vendettas destructrices, aux inquisitions et aux guerres. Les religieux ont toujours invoqué un mandat divin pour terroriser et massacrer des hérétiques, des infidèles et d'autres pécheurs.
Certains ont soutenu que le Bouddhisme est différent, qu'il se distingue nettement de la violence chronique des autres religions. Pour être clair, tel qu’il est pratiqué par beaucoup aux Etats-Unis, le Bouddhisme est plus une discipline "spirituelle" et psychologique qu'une théologie dans le sens habituel. Il offre des techniques méditatives et de traitement de soi censées promouvoir "l'éclairement" et l'harmonie avec soi-même. Mais comme pour tout autre système de croyance, on doit appréhender le Bouddhisme non seulement par rapport à ses enseignements, mais aussi en fonction du comportement effectif de ses partisans.
Le bouddhisme est-il une exception ?
Un regard sur l'histoire révèle que les organisations bouddhistes ne se sont pas abstenues d'actes violents si caractéristiques aux groupes religieux à travers les âges. Au Tibet, du début du dix-septième siècle jusqu’au sein du dix-huitième siècle, des sectes bouddhistes rivales se sont livrées à des affrontements armés et à des exécutions sommaires.1 Au vingtième siècle, de la Thaïlande à la Birmanie, en passant par la Corée et le Japon, des Bouddhistes se sont battus entre eux et aussi avec des non-bouddhistes. Au Sri Lanka, des batailles énormes au nom du Bouddhisme font partie de l'histoire cingalaise.2
Il y a juste quelques années, en Corée du Sud, des milliers de moines de l'ordre bouddhiste Chogye - censé être reconnu pour se consacrer à une recherche méditative pour l'éclairement spirituel - se sont battus entre eux à grand renfort de coup de poings, de pierres, de bombes incendiaires et de gourdins, dans des batailles rangées qui ont duré plusieurs semaines. Ils rivalisaient pour le contrôle de l'ordre, le plus grand en Corée du Sud, avec son budget annuel de 9,2 millions de dollars, plus ses millions de dollars complémentaires en biens ainsi que le privilège de désigner 1.700 moines à des devoirs divers. Les bagarres ont en partie détruit les principaux sanctuaires bouddhistes et ont fait des douzaines de moines blessés, dont certains sérieusement. Les deux factions ennemies ont revendiqué l'appui public. En fait, les citoyens coréens ont semblé dédaigner les deux camps, estimant que quelque soit la clique de moines qui prendrait le contrôle d'un ordre, elle utiliserait les dons des fidèles pour accumuler des richesses, en ce compris des maisons et des voitures chères. Selon un bulletin d'informations, la mêlée au sein de l'ordre bouddhiste Chogye (en bonne partie suivie par la télévision coréenne) "a brisé l'image de l'éclairement bouddhiste".3
Mais beaucoup de Bouddhistes contemporains aux Etats-Unis soutiendraient que rien de cela ne s'applique au Dalaï-lama et au Tibet qu'il a présidé avant l'intervention chinoise en 1959. Le Tibet du Dalaï-lama, croient-ils, était un royaume consacré à la spiritualité, exempt de styles de vie égoïstes, de matérialisme vide, de buts vains et de vices corrupteurs qui infestent la société industrialisée moderne. Les mass media occidentaux et une grande quantité de livres de voyage, de romans et de films Hollywoodiens ont peint la théocratie tibétaine comme un véritable Shangri-La et le Dalaï-lama comme un saint, "l'homme vivant le plus grand," comme l'acteur Richard Gere l'a proclamé.4
Le Dalaï-lama, lui-même, a prêté son appui à cette image idéalisée du Tibet avec des déclarations comme : "la civilisation tibétaine a une histoire longue et riche. L'influence pénétrante du Bouddhisme et les rigueurs d’une vie au milieu des grands espaces ouverts d'un environnement intact ont eu pour effet de produire une société consacrée à la paix et à l'harmonie. Nous jouissions de la liberté et du contentement."5 En fait, l'histoire du Tibet se lit un peu différemment. Au treizième siècle, l'Empereur Kublai Khan a créé le premier Grand Lama, qui devait présider sur tous les autres lamas à l'instar d'un pape sur ses évêques. Plusieurs siècles plus tard, l'Empereur de Chine a envoyé une armée au Tibet pour soutenir le Grand Lama, un homme de 25 ans, ambitieux, qui s'est alors donné le titre de Dalaï (Océan) Lama, dirigeant de tout le Tibet. C'est tout à fait une ironie historique : le premier Dalaï-lama a été installé par une armée chinoise.
Pour élever son autorité par-delà le défi temporel, le premier Dalaï-Lama saisit les monastères qui n'appartenaient pas à sa secte et aurait détruit les écritures bouddhistes qui étaient en désaccord avec sa revendication sur la divinité.6 Le Dalaï-Lama qui lui a succédé a poursuivi une vie sybaritique, ayant beaucoup de maîtresses, faisant la fête avec des amis, écrivant de la poésie érotique et agissant de façon qui pourrait sembler peu convenable pour une divinité incarnée. Pour cela, ses prêtres le firent «disparaître». Durant 170 ans, malgré leur statut reconnu de dieu, cinq Dalaï-Lama ont été assassinés par leurs grands prêtres ou d'autres courtisans bouddhistes non-violents.7
Shangri-La (pour Seigneurs et Lamas)
Les religions ont eu un rapport étroit non seulement avec la violence, mais aussi avec l'exploitation économique. En effet, c'est souvent l'exploitation économique qui nécessite la violence. Tel était le cas avec la théocratie tibétaine. Jusque 1959, quand le Dalaï-Lama a terminé de présider le Tibet, la plupart de la terre arable était toujours organisée en domaines seigneuriaux religieux ou séculaires travaillés par des serfs. Même un auteur comme Pradyumna Karan, sympathisant du vieil ordre, admet que "bon nombre de domaines ont appartenu aux monastères et la plupart d'entre eux ont amassé d’immenses richesses.... De plus, certains moines et lamas individuellement ont pu accumuler une grande richesse par la participation active dans le commerce et le prêt d'argent."8 Le monastère de Drepung était un des plus grands propriétaires terriens dans le monde, avec ses 185 manoirs, 25.000 serfs, 300 grands pâturages et 16.000 bergers. La richesse des monastères est allée aux lamas ayant le grade le plus élevé, beaucoup d'entre eux étant les rejetons de familles aristocratiques, tandis que la plupart du clergé inférieur était aussi pauvre que la classe de paysan dont ils sont issus. Cette inégalité économique selon l’origine de classe dans le clergé tibétain est étroitement parallèle à celle du clergé chrétien en Europe médiévale.
Ensemble avec le clergé supérieur, des leaders séculiers firent aussi bien. Un exemple notable était le commandant en chef de l'armée tibétaine, qui possédait 4.000 kilomètres carrés de terre et 3.500 serfs. Il était aussi un membre du Cabinet intime du Dalaï-lama.9 Le vieux Tibet a été faussement représenté par certains de ses admirateurs Occidentaux comme "une nation qui n'a exigé aucune police parce que ses gens ont volontairement observé les lois du karma."10 En fait, il avait une armée professionnelle, bien que petite, qui a servi comme une gendarmerie en faveur des propriétaires pour maintenir l'ordre et attraper des serfs fugitifs.11
Des jeunes garçons tibétains ont été régulièrement enlevés à leurs familles et emmenés dans les monastères pour devenir des moines. Une fois là, ils étaient internés pour la vie. Tashì-Tsering, un moine, rapporte qu’il était d’une pratique commune que des enfants de paysan soient sexuellement maltraités dans les monastères. Lui-même était une victime de viol d'enfant répété pas longtemps après avoir été emmené au monastère à l’âge de neuf ans.12 Les domaines monastiques utilisaient des enfants de paysans aux fins de servitude perpétuelle comme des domestiques, danseurs et soldats. Au vieux Tibet, il y avait un petit nombre de fermiers qui subsistaient comme une sorte de paysannerie libre, et, peut-être, en plus, 10.000 personnes qui composaient la classe moyenne constituées des familles de marchands, commerçants et petits négociants. Des milliers d'autres étaient mendiants. Une petite minorité était des esclaves, la plupart du temps des domestiques qui ne possédaient rien. Leur descendance était née dans l'esclavage.13
En 1953, la plus grande partie de la population rurale - environ 700.000 d'une population totale évaluée à 1.250.000 - était des serfs. Lié à la terre, ils ont été répartis en petites parcelles pour cultiver leur alimentation propre. Les serfs et d'autres paysans vivaient généralement sans scolarité et sans soins médicaux. Ils passaient la plupart de leur temps à peiner pour les monastères et les lamas de haut rang, ou pour une aristocratie séculière qui se comptait à pas plus de 200 familles. En effet, ils appartenaient à leurs maîtres qui leur disaient quelle récolte planter et quels animaux élever. Ils ne pouvaient pas se marier sans le consentement de leur seigneur ou lama. Un serf pouvait facilement être séparé de sa famille s’il plaisait au propriétaire de l’envoyer travailler dans un emplacement éloigné. Les serfs pouvaient être vendus par leurs maîtres, ou exposés à la torture ou la mort.14
Un seigneur tibétain ferait souvent son choix de femmes dans la population de serfs, si nous devons croire une vieille femme de 22 ans, elle-même un serf fugitif : "toutes les jolies filles de serfs étaient habituellement prises par le propriétaire comme domestiques de maison et utilisées comme il le souhaitait". Ils "étaient juste des esclaves sans droits".15 Les serfs devaient avoir la permission où qu’ils aillent. Les propriétaires terriens avaient l'autorité légale pour capturer et pour ramener de force ceux qui ont essayé de fuir. Un vieux serf fugitif de 24 ans, interviewé par Anna Louise Strong, a accueilli l'intervention chinoise comme "une libération". Pendant le temps où il était un serf, il prétend qu'il n'était pas beaucoup différent d'un animal maltraité, soumis au travail dur incessant, la faim et le froid, incapable de lire ou d'écrire et ne sachant rien du tout. Il raconte ses tentatives de fuite :
La première fois [les hommes du propriétaire] m'ont attrapé alors que je partais en courant, j'étais très petit et ils m’ont seulement giflé et maudit. La deuxième fois, ils m’ont tabassé. La troisième fois, j'avais déjà quinze ans et ils m'ont donné cinquante lourds coups de fouet, deux hommes étant assis sur moi, un sur ma tête et un sur mes pieds. Le sang est venu alors de mon nez et bouche. Le surveillant a dit : "c'est seulement le sang du nez; peut-être que si vous prenez des bâtons plus lourds, le sang viendra du cerveau". Ils me battirent alors avec des bâtons plus lourds et ont versé de l'alcool et l'eau avec de la soude caustique sur les blessures pour provoquer plus de douleur. J'ai perdu connaissance pendant deux heures.16
En plus d'être dans l’obligation de travailler à vie la terre du seigneur - ou la terre du monastère - sans être payés, les serfs étaient obligés de réparer les maisons du seigneur, de transporter sa récolte et de rassembler son bois de chauffage. Ils étaient aussi supposés fournir les animaux de transport et le transport sur demande. "C'était un système efficace d'exploitation économique qui a garanti aux élites religieuses et séculières du pays une main-d'oeuvre permanente et sûre pour cultiver leurs biens fonciers sans pour autant être accablé d’une quelconque responsabilité directe quotidienne pour la subsistance du serf et sans le besoin de rivaliser pour le travail dans un contexte de marché."17
Les gens du peuple peinèrent sous le double fardeau de la corvée (travail forcé non rémunéré pour le compte du seigneur) et des lourdes dîmes. Ils étaient taxés sur le mariage, taxé sur la naissance de chaque enfant et sur chaque mort dans la famille. Ils étaient taxés sur la plantation d’un nouvel arbre dans leur terrain, sur la possession d’animaux domestiques ou de basse-cour, sur la possession d’un pot de fleurs, ou sur la cloche mise sur un animal. Il y avait des impôts pour des festivals religieux, pour le chant, la danse, le tambourinage et la sonnerie de cloche. Les gens étaient taxés quand ils étaient envoyé en prison et quand ils en sortaient. Même les mendiants été taxés. Ceux qui ne pouvaient pas trouver de travail étaient taxés pour être en chômage et s'ils allaient à un autre village à la recherche de travail, ils devaient payer un impôt de passage. Quand les gens ne pouvaient pas payer, les monastères leur prêtaient de l'argent à un taux d'intérêt de 20 à 50 pour cent. Certaines dettes étaient passées de père en fils et au petit-fils. Les débiteurs qui ne pouvaient pas honorer leurs obligations risquaient d’être réduit en esclavage aussi longtemps que le monastère l’exigeait, parfois pour le reste de leurs vies.18
Les enseignements religieux de la théocratie soutenaient son ordre de classe. Le pauvre et l’affligé apprenaient qu'ils devaient supporter leurs ennuis à cause de leurs voies idiotes et mauvaises dans des vies précédentes. Donc, ils devaient accepter la misère de leur existence présente comme une expiation et dans l'attente que leur sort s'améliorerait une fois réincarné. Le riche et le puissant, bien sûr, considéraient leur bonne fortune comme une récompense pour - et évidence tangible de - vertu dans les vies passées et présentes.
Torture et Mutilation au Shanghri-La
Au Tibet du Dalaï-lama, la torture et la mutilation - incluant yeux crevés ou énucléés, langues arrachées, jarrets coupés et bras et pieds amputés - étaient des punitions favorites infligées à des voleurs, à des serfs fugitifs et à d'autres "criminels". En voyageant de par le Tibet dans les années 1960, Stuart et Roma Gelder ont interviewé un ancien serf, Tsereh Wang Tuei, qui avait volé deux moutons appartenant à un monastère. Pour cela, il a eu à la fois les yeux énucléés et la main mutilée au-delà de l'utilisation. Il explique qu'il n'est plus un Bouddhiste : "quand un saint lama leur a dit de m'aveugler, j'ai pensé qu'il n’y avait rien de bon dans la religion".19 Quelques visiteurs occidentaux du Vieux Tibet ont fait des remarques sur le nombre d'amputés qu’ils ont vu. Bien qu’il était contre les enseignements bouddhistes de prendre la vie humaine, quelques contrevenants étaient sévèrement fouettés et ensuite "abandonnés à Dieu" dans la nuit glaciale pour mourir. "Les parallèles entre le Tibet et l'Europe médiévale sont saisissantes", conclut Tom Grunfeld dans son livre sur le Tibet.20
Quelques monastères avaient leurs prisons privées, rapportent Anna Louise Strong. En 1959, elle a visité une exposition d'équipement de torture qui avait été utilisé par les chefs suprêmes tibétains. Il y avait des menottes de toutes les tailles, y compris de petites pour des enfants, et des instruments pour couper des nez et des oreilles et casser et couper des mains. Pour énucléer les yeux, il y avait un chapeau en pierre spécial avec deux trous qui était appuyé sur la tête pour que les yeux soient bombés à travers les trous et pouvaient être plus aisément déchirés. Il y avait des instruments pour couper des rotules et des talons, ou des jambes. Il y avait des fers chauds, des fouets et des instruments spéciaux pour (disembowling ???).21
L'exposition a présenté des photographies et les preuves des victimes qui avaient été aveuglées ou estropiées ou subit des amputations pour vol. Il y avait le berger dont le maître lui devait un remboursement en yuan et le blé, mais a refusé de payer. Donc, il a pris une des vaches du maître; pour cela, il lui a fait couper les mains. Un autre berger, qui s'est opposé à ce que sa femme lui soit prise par son seigneur, a eu les mains broyées. Il y avait les images d’activistes communistes dont le nez et la lèvre supérieure ont été coupées et d’une femme qui a été violée et à qui on a ensuite fait couper le nez en tranche.22
Le despotisme théocratique avait été la règle pendant des générations. Un visiteur anglais du Tibet en 1895, docteur A. L. Waddell, a écrit que le peuple tibétain était sous "la tyrannie intolérable de moines" et les superstitions diaboliques qu’ils avaient modelé pour terroriser les gens. En 1904, Perceval Landon a décrit l'autorité du Dalaï-lama comme "une machine d'oppression" et "une barrière à toute amélioration de la condition humaine". À peu près au même moment, un autre voyageur anglais, Capitaine W.F.T. O'Connor, a observé que "les grands propriétaires terriens et les prêtres ... exercent chacun dans leur dominion propre un pouvoir despotique dont il n'y a aucun appel", tandis que les gens sont "opprimés par la croissance la plus monstrueuse d’un système monastique et d’une fabrique de prêtres que le monde ait jamais vu". Les dirigeants tibétains, comme ceux d'Europe pendant le Moyen âge, "ont forgé d’innombrables armes de servitude, inventé des légendes dégradantes et ont stimulé un esprit de superstition" parmi le peuple.23
En 1937, un autre visiteur, Spencer Chapman, a écrit, "le moine lamaïste ne passe pas son temps à administrer les gens ou à les éduquer, pas plus que les laïcs ne participent pas non plus ou ne suivent même les services du monastère. Le mendiant sur le bord de la route n'est rien pour le moine. La connaissance est la prérogative jalousement gardée des monastères et est utilisée pour augmenter leur influence et richesse."24
Occupation et révolte
Les communistes chinois ont occupé le Tibet en 1951, revendiquant la souveraineté sur ce pays. Le traité de 1951 a prévu l'autonomie apparente sous l'autorité du Dalaï-lama, mais a donné à la Chine le contrôle militaire et le droit exclusif de conduire des relations avec l'étranger. Les Chinois disposaient aussi d’un rôle direct dans l'administration interne "pour promouvoir des réformes sociales". D'abord, ils réformèrent lentement, comptant surtout sur la persuasion pour tenter d'effectuer le changement. Parmi les premières réformes qu’ils ont forgées, il y avait la réduction des taux d'intérêt usuraires et la construction de quelques hôpitaux et routes.
Mao Zedung et ses cadres communistes n'ont pas simplement voulu occuper le Tibet. Ils ont désiré la coopération du Dalaï-lama dans la transformation de l'économie féodale du Tibet en accord avec les buts socialistes. Même Melvyn Goldstein, qui est un sympathisant du Dalaï-lama de la cause de l'indépendance tibétaine, admet que "contrairement à la croyance populaire à l'Ouest", les Chinois "ont poursuivi une politique de modération". "Ils ont fait preuve d’attention pour montrer du respect pour la culture et la religion tibétaines" et "ont permis aux vieux systèmes féodaux et monastiques de continuer inchangés". "Entre 1951 et 1959, non seulement aucune propriété aristocratique ou monastique n'a été confisquée, mais les seigneurs féodaux furent autorisés à exercer l'autorité juridique continue sur leurs paysans héréditairement attachés. "25 Encore en 1957, Mao Zedung essaya de sauver sa politique de réformes graduelles. Il a réduit le nombre de cadres chinois et de troupes au Tibet et a promis au Dalaï-lama par écrit que la Chine ne mettrait pas en oeuvre de réformes agraires au Tibet pendant les six années suivantes ou encore plus longtemps si les conditions n'étaient pas encore mûres.26
Néanmoins, l'autorité chinoise sur le Tibet énormément gênait les seigneurs et les lamas. Ce qui les dérangeait le plus n'était pas que les intrus étaient chinois. Ils avaient vu les Chinois aller et venir au cours des siècles et avaient jouit de bonnes relations avec Generalissimo et son autorité de Kuomintang réactionnaire en Chine.27 En effet, l'approbation du gouvernement Kuomintang était nécessaire pour valider le choix du Dalaï-lama actuel et du Panchen Lama. Quand le jeune Dalaï-lama a été installé à Lhasa, il était avec une escorte armée des troupes de Chiang Kaishek et un ministre chinois, conformément à la tradition vieille de plusieurs siècles.28 Ce qui a vraiment dérangé les seigneurs et lamas tibétains était que ces derniers chinois était des communistes. C'était seulement une question de temps, ils étaient sûrs, avant que les Communistes ne commence à imposer leurs solutions égalitaires et collectivistes à la théocratie fortement privilégiée.
En 1956-57, des bandes armées tibétaines ont tendus une embuscade à des convois de l'Armée Populaire de Libération chinoise. Le soulèvement a reçu l'appui matériel vaste de la C.I.A., y compris des armes, des provisions et de l'entraînement pour des unités de commando tibétaines. C'est de notoriété publique que la C.I.A. avait fondé des camps d'appui au Népal, avait effectué de nombreux ponts aériens et avait conduit des opérations de guérilla à l'intérieur du Tibet.29 Pendant ce temps, aux Etats-Unis, la Société américaine pour une Asie libre, un front de la C.I.A., avait énergiquement rendu public la cause de la résistance tibétaine. Le frère aîné du Dalaï-lama, Thubtan Norbu, a joué un rôle actif dans ce groupe.
Beaucoup des commandos tibétains et des agents que la C.I.A. avait déposé dans le pays étaient les chefs de clans aristocratiques ou les fils de chefs. Pour quatre-vingt-dix pour cent d'entre eux, on n'a jamais plus reçus de nouvelles de nouveau, selon un rapport de la C.I.A. elle-même.30 Les petites, légères et clairsemées garnisons chinoises au Tibet ne pourraient pas les capturer tous. L'armée chinoise devait obtenir l'appui des tibétains qui n'ont pas de sympathie avec le soulèvement. Cela suggère que la résistance ait une base plutôt étroite dans le Tibet. "Beaucoup de lamas et les membres séculiers de l'élite et le gros de l'armée tibétaine ont rejoint le soulèvement, mais, en général, la population ne l'a pas fait, entraînant son échec", écrit Hugh Deane.31 Dans leur livre sur le Tibet, Ginsburg et Mathos arrivent à une conclusion semblable : "les insurgés tibétains n'ont jamais réussi à rassembler dans leurs rangs ne fut-ce qu'une grande fraction de la population, alors, ne parlons pas d'une majorité. Autant qu'il peut être vérifié, la plupart du peuple de Lhasa et de la campagne attenante a échoué à joindre le combat contre les Chinois autant quand il a commencé que quand il a progressé."32 Finalement, la résistance s'est effondrée.
Les communistes renversent le féodalisme
Quelles que fussent les maux et la nouvelle oppression introduits par les chinois au Tibet après 1959, ils ont vraiment supprimé l'esclavage et le système de servage de travail impayé. Ils ont éliminé les nombreux impôts écrasants, commencé des projets de grands travaux et ont énormément réduit le chômage et la mendicité. Ils ont construit les seuls hôpitaux qui existent dans le pays et instauré l'éducation laïque, cassant ainsi le monopole de l'éducation des monastères. Ils ont mis en place la distribution d'eau courante et d'électricité dans Lhasa. Ils ont mis aussi fin aux flagellations, aux mutilations et aux amputations les établissant comme une forme de punition criminelle.33
Les Chinois ont aussi exproprié les propriétés foncières et ont réorganisé les paysans dans des centaines de communes. Heinrich Harrer a écrit un best-seller de ses expériences au Tibet qui a été montré dans un film populaire de Hollywood. (Il fut ultérieurement révélé que Harrer avait été un sergent dans les SS d'Hitler.34) Il annonce fièrement que les tibétains qui ont résisté aux Chinois et "qui ont vaillamment défendu leur indépendance ... étaient principalement les nobles, les semi-nobles et les lamas; ils ont été punis en étant contraint de devoir exécuter les tâches les plus humbles, comme travailler sur des routes et des ponts. Ils étaient à nouveau humiliés par le fait de devoir nettoyer la ville avant que les touristes ne soient arrivés." Ils ont aussi dû vivre dans un camp à l'origine réservé pour des mendiants et des vagabonds.35
En 1961, des centaines de milliers d'acres appartenant autrefois aux seigneurs et aux lamas avaient été distribuées à des fermiers locataires et à des paysans sans terre. Dans des secteurs pastoraux, les troupeaux qui appartenaient auparavant à la noblesse ont été rendu à des collectifs de bergers pauvres. Des améliorations ont été faites dans la reproduction du bétail et des nouvelles variétés de légumes et des nouvelles souches de blé et d'orge ont été introduites, avec des améliorations en matière d'irrigation, tout cela ayant mené à une augmentation de la production agraire.36
Beaucoup de paysans sont restés aussi religieux que jamais, donnant l'aumône au clergé. Mais les gens n'ont plus été contraints de payer des tributs ou de faire des cadeaux aux monastères et aux seigneurs. Les nombreux moines qui avaient été enrôlés de force dans les ordres religieux étant enfants étaient maintenant libres de renoncer à la vie monastique, ce que des milliers ont fait, particulièrement les plus jeunes. Le clergé restant a vécu sur des bourses modestes dispensées par le gouvernement et sur le revenu supplémentaire gagné en officiant des services de prière, des mariages et des obsèques.37
Les accusations portées contre les Chinois, faites par le Dalaï-lama lui-même, de stérilisation massive et de déportation forcées des tibétains ne reposent sur aucune preuve. Tant le Dalaï-lama que son conseiller et frère le plus jeune, Tendzin Choegyal, ont prétendu que "plus de 1,2 millions de Tibétains sont morts suite à l'occupation chinoise."38 Peu importe combien de fois exposé, ce chiffre est bizarre. Le recensement officiel de 1953 - six ans avant les mesures de répression chinoises - a enregistré la population entière de Tibet à 1,274,000. D'autres évaluations varient d'un à trois millions.39 D'autres comptes de recensement évaluent la population tibétaine ethnique dans le pays à environ deux millions. Si les Chinois ont tué 1,2 millions de Tibétains au début des années 1960, des villes entières et des parties énormes de la campagne, en fait presque tout le Tibet, aurait été exterminé, transformé en un champ de meurtres ponctué de camps de la mort et de charniers - dont nous n'avons vu aucune preuve. Les forces armées chinoises présentes au Tibet n'étaient pas assez importantes pour regrouper, pourchasser et exterminer beaucoup de personnes même si elles y avaient passé tout leur temps en ne faisant rien d'autre.
Les autorités chinoises reconnaissent "vraiment des erreurs" dans le passé, particulièrement pendant la Révolution Culturelle en 1966-76 quand la persécution religieuse a atteint une haute vague tant en Chine qu'au Tibet. Après le soulèvement à la fin des années 1950, des milliers de Tibétains ont été incarcérés. Pendant le Grand bond en avant, la collectivisation obligatoire et l'agriculture de grain ont été imposées à la paysannerie, parfois avec un effet désastreux. À la fin des années 1970, la Chine a commencé à relâcher le contrôle sur le Tibet "et a essayé de réparer certains des dégâts provoqué pendant les deux décennies précédentes."40 En 1980, le gouvernement chinois a amorcé des réformes censément conçues pour accorder au Tibet un degré plus grand d'autonomie et d'auto-administration. On permettrait maintenant aux Tibétains de cultiver des parcelles privées, vendre leurs surplus de moisson, de décider par eux-mêmes quel produit cultiver et de tenir des yaks et des moutons. On a de nouveau permis la communication avec le monde extérieur et les contrôles aux frontières ont été facilitées pour permettre aux Tibétains de visiter des parents exilés en Inde et au Népal.41
Élites, émigrés et argent de la C.I.A.
Pour la classe supérieure tibétaine des lamas et des seigneurs, l'intervention communiste était une calamité. La plupart d'entre eux se sont enfuis à l'étranger, de même que le Dalaï-lama lui-même, qui a été aidé dans sa fuite par la C.I.A.. Certains ont découvert avec horreur qu'ils devraient travailler comme pour vivre. Ces élites féodales qui sont restées au Tibet et ont décidé de coopérer avec le nouveau régime ont fait face des difficultés d'adaptation. Considérant ce qui suit :
En 1959, Anna Louise Strong a visité l'Institut Central des Minorités nationales à Beijing qui a formé des minorités ethniques diverses pour la fonction publique ou les a préparés pour l'entrée dans des facultés d'agriculture et de médecine. Des 900 étudiants tibétains présents, la plupart étaient des serfs fugitifs et des esclaves. Mais environ 100 étaient de familles tibétaines privilégiées, envoyés par leurs parents pour qu'ils puissent gagner des postes favorables dans la nouvelle administration. La division de classe entre ces deux groupes d'étudiants était trop évidente. Comme le directeur de l'institut l'a noté :
Ceux de familles nobles considéraient d'abord que, de toutes les façons, ils étaient supérieurs. Ils étaient de devoir porter leurs propres valises propres, de faire leurs propres lits, de s'occuper de leur propre chambre. Cela, pensaient-ils, était la tâche d'esclaves; ils se sentaient insultés parce que nous nous attendions à ce qu'ils le fassent eux-mêmes. Certains ne l'acceptèrent jamais, mais sont retournés à la maison; d'autres l'acceptèrent enfin. Les serfs, au début, craignaient les autres et ne pouvaient pas s'asseoir à l'aise dans la même pièce. A l'étape suivante, ils ressentaient moins de crainte, mais restaient toujours séparés et ne pouvaient pas se mélanger. Seulement après quelque temps et des discussions considérables, ils atteignirent l'étape à laquelle ils se mélangèrent facilement comme des camarades d'étude, se critiquant et s'aidant.42
La mauvaise fortune des émigrés bénéficia d'une attention excessive en Occident et d'un appui substantiel des agences américaines consacrées à rendre le monde sûr pour l'inégalité économique. Pendant les années 1960, la communauté tibétaine en exil a secrètement mis dans sa poche 1,7 millions de $ par an venant de la C.I.A., selon des documents rendus publics par le Département d'Etat en 1998. Une fois que ce fait a été rendu public, l'organisation du Dalaï-lama lui-même a publié une déclaration admettant qu'il avait reçu des millions de dollars de la C.I.A. pendant les années 1960 pour envoyer des escadrons armés d'exilés au Tibet pour saper la révolution Maoïste. Le revenu annuel du Dalaï-lama était 186,000 $, faisant de lui un appointé de la C.I.A.. Les services secrets indiens l'ont aussi financés ainsi que d'autres exilés tibétains.43 Il a refusé de dire si lui ou ses frères ont travaillé avec la C.I.A.. L'agence a aussi refusé de faire des remarques.44
Tandis qu'il se présente comme un défenseur de droits de l'homme, et ayant gagné le Prix Nobel de la Paix en 1989, le Dalaï-lama a continué à s'associer avec et à prendre conseil auprès des aristocrates émigrés et d'autres réactionnaires pendant son exil. En 1995, le Raleigh, N.C. News & Observer ont publié en couverture une photographie en couleurs montrant le Dalaï-lama étant embrassé par le sénateur Républicain réactionnaire Jesse Helms, sous le titre "le Bouddhiste captive le Héros des droits religieux".45 En avril 1999, avec Margareth Thatcher, le Pape Jean Paul II et le premier George Bush, le Dalaï-lama a fait appel au gouvernement britannique afin qu'il libère Augusto Pinochet, l'ancien dictateur fasciste du Chili et un client de C.I.A. de longue date que l'on avait appréhendé alors qu'il était en visite en Angleterre. Il a recommandé vivement que l'on permettre à Pinochet de retourner dans sa patrie plutôt que d'être forcé d'aller en Espagne où il était requis par un juge espagnol pour passer en justice pour des crimes contre l'humanité.
Aujourd'hui, surtout par la National Endowment for Democracy (NED) et d'autres canaux qui sonnent plus respectablement que la C.I.A., le Congrès US continue d'allouer 2 millions de $ par an aux Tibétains en Inde, plus quelques millions complémentaires pour "des activités démocratiques" dans la communauté d'exil tibétaine. Le Dalaï-lama obtient aussi de l'argent du financier George Soros, qui dirige maintenant Radio Free Europe/Radio Liberty, la radio créée par la C.I.A., ainsi que d'autres instituts.46
La question de culture
On nous dit que quand le Dalaï-lama a gouverné le Tibet, le peuple a vécu en symbiose satisfaisante avec leurs seigneurs monastiques et séculiers, dans un ordre social fondé sur une culture profondément spirituelle et de non violence. Le rapport profond de la paysannerie avec le système existant de croyance sacrée lui a censément donné une stabilité tranquille, inspirée par des enseignements religieux humains et pacifiques. On peut se rappeler les images idéalisées de l'Europe féodale présentées par des Catholiques conservateurs contemporains comme G. K. Chesterton et Hilaire Belloc. Pour eux, la Chrétienté médiévale était un monde de paysans satisfaits vivant dans un lien spirituel profond avec leur Église, sous la protection de leurs seigneurs.47 A nouveau, nous sommes invités à accepter une culture particulière à ses propres conditions, qui signifie l'accepter tel qu'elle est présentée par sa classe privilégiée, par ceux du sommet qui en ont profité le plus. L'image du Shangri-La du Tibet n'a pas plus de ressemblance avec la réalité historique que ne l'a l'image idéalisée de l'Europe médiévale.
Il pourrait être dit que nous, citoyens du monde laïc moderne, ne pouvons pas saisir les équations de bonheur et de douleur, du contentement et de la tradition, qui caractérise des sociétés "plus spirituelles et "traditionnelles". Cela peut être vrai et cela peut expliquer pourquoi certains d'entre nous idéalisent de telles sociétés. Mais tout de même, un oeil énucléé est un oeil énucléé; une flagellation est une flagellation; et l'exploitation oppressante des serfs et des esclaves est toujours une injustice de classe brutale quels que soient ses embellissements culturels. Il y a une différence entre un un lien spirituel et un esclavage humain, même quand tous les deux existent côte à côte.
Certes, il y a beaucoup dans l'intervention chinoise qui doit être déploré. Dans les années 1990, les Hans, le plus grand groupe ethnique comprenant plus de 95 pour cent de la population énorme de la Chine, a commencé à se déplacer en nombre substantiel au Tibet et dans diverses provinces occidentales.48 Ces repeuplements ont eu un effet sur les cultures indigènes de la Chine occidentale et du Tibet. Dans les rues de Lhasa et de Shigatse, les signes de prééminence chinoise sont aisément visibles. Les Chinois dirigent les usines et beaucoup des magasins et des étalages. De grands immeubles de bureaux et de grands centres commerciaux ont été construit avec des fonds qui auraient été mieux dépensés pour des usines de traitement d'eau et des logements.
Les cadres chinois au Tibet adoptaient trop souvent une attitude supérieure envers la population indigène. Certains ont considéré leurs voisins tibétains comme arriérés et paresseux, dans le besoin d'un développement économique et d'une "éducation patriotique". Pendant les 1990, des employés du gouvernement tibétain soupçonnés d'entretenir des sympathies nationalistes ont été licenciés et des campagnes ont été lancées pour discréditer le Dalaï-lama. Des Tibétains ont, selon certaines sources, été arrêtés, emprisonné et soumis au travail obligatoire pour avoir essayé de fuir le pays, et pour avoir mené des activités séparatistes et s'être engagé dans "la subversion" politique. Certaines des personnes appréhendées ont été retenues en détention administrative sans eau et alimentation adéquates, sans couvertures, soumis aux menaces, des coups et d'autres mauvais traitements.49
Les règlements de planning familial chinois qui permettent une limite de trois enfants par familles tibétaines ont été mis en application de manière irrégulière et varient selon la zone. Si un couple dépasse la limite, les enfants en excès peuvent être interdits d'accès à la garderie subventionnée, aux services médicaux, au logement et à l'éducation. Cependant, l'histoire, la culture et la religion tibétaines sont déniées dans les écoles. Les matériels pédagogiques, quoique traduits en tibétain, se concentrent sur l'histoire et la culture chinoises.50
Cependant, le nouvel ordre a ses partisans. Une histoire publiée en 1999 dans le "Washington Post" note que le Dalaï-lama continue à être révéré au Tibet, mais …
... peu de Tibétains accueilleraient un retour des clans aristocratiques corrompus qui se sont enfuis avec lui en 1959, et cela comprend la plus grande partie de ses conseillers. Beaucoup de fermiers tibétains, par exemple, n'ont aucun intérêt à recéder la terre qu'ils ont gagnée pendant la réforme agraire que la Chine a imposée aux clans. Les anciens esclaves du Tibet disent qu'ils, eux aussi, ne veulent pas que leurs anciens maîtres retournent au pouvoir.
"J'ai déjà vécu cette vie une fois auparavant," a dit Wangchuk, un ancien esclave de 67 ans qui portait ses meilleurs vêtements meilleurs pour son pèlerinage annuel vers Shigatse, un des sites les plus saints du Bouddhisme tibétain. Il a dit qu'il vénérait le Dalaï-lama, mais a ajouté, "je ne peux pas être libre sous le communisme chinois, mais je suis dans de meilleures conditions que quand j'étais un esclave."51
Soutenir le renversement de la théocratie féodale du Dalaï-lama par la Chine ne signifie pas applaudir à tout ce que fait l'autorité chinoise au Tibet. Ce point est rarement compris par des adhérents du Shangri-La aujourd'hui à l'Ouest.
L'inverse est aussi vrai. Dénoncer l'occupation chinoise ne signifie pas que nous devons idéaliser l'ancien régime féodal. Une plainte commune parmi les prosélytes bouddhistes à l'Ouest est que la culture religieuse du Tibet est détruite par les autorités chinoises. Cela semble vraiment être le cas. Mais ce que je mets en doute est la nature soi-disant admirable et essentiellement spirituelle de cette culture d'avant l'invasion. Bref, nous pouvons préconiser la liberté religieuse et l'indépendance pour le Tibet sans devoir embrasser la mythologie d'un Paradis Perdu.
Finalement, il devrait être noté que la critique posée ici ne doit pas être considérée comme une attaque personnelle contre le Dalaï-lama. Il semble être un individu assez agréable, qui parle souvent de paix, d'amour et de non-violence. En 1994, dans une interview avec Melvyn Goldstein, il a poursuivi la performance jusqu'à dire qu'il était depuis sa jeunesse en faveur de la construction d'écoles, "de machines" et de routes dans son pays. Il prétend qu'il pensait que la corvée et certains impôts imposés aux paysans "étaient extrêmement mauvais". Et il n'avait pas aimé la façon dont les gens ont été surchargés avec des vieilles dettes parfois transmises de génération en génération.52 En outre, il a rapporté avoir établi "un gouvernement-en-exil", une constitution écrite, une assemblée représentative et d'autres attributs démocratiques.53
Comme beaucoup de dirigeants d'autrefois, le Dalaï-lama sonne beaucoup mieux hors du pouvoir qu'au pouvoir. Gardez à l'esprit qu'il lui a fallu une occupation chinoise et presque quarante ans d'exil pour proposer la démocratie pour le Tibet et pour critiquer l'autocratie féodale oppressante dont il était lui-même l'apothéose. Mais sa critique du vieil ordre vient beaucoup trop tard pour des Tibétains ordinaires. Beaucoup d'entre eux veulent bien qu'il revienne dans leur pays, mais il apparaît que relativement peu veulent un retour à l'ordre social qu'il a représenté.
Dans un livre publié en 1996, le Dalaï-lama a proféré une déclaration remarquable qui doit avoir envoyé des frissons dans la communauté en exil. Elle se lit en partie comme suit :
De toutes les théories économiques modernes, le système économique du marxisme est fondé sur des principes moraux, tandis que le capitalisme est fondé seulement sur le gain et la rentabilité. Le marxisme est fondé sur la distribution de richesse sur une base égale et sur l'utilisation équitable des moyens de production. Il est aussi concerné par le destin des travailleurs - qui sont la majorité - aussi bien que par le destin d'entre ceux qui sont défavorisés et dans le besoin et le marxisme se soucie des victimes de minorités exploitées. Pour ces raisons, le système m'interpelle et il semble juste ...
L'échec du régime en Union soviétique n'était, pour moi, pas l'échec du marxisme, mais l'échec du totalitarisme. Pour cette raison, je me considère comme demi-marxiste et demi-bouddhiste.54
Et plus récemment, en 2001, en visitant la Californie, il a fait remarquer que "le Tibet, matériellement, est très, très en arrière. Spirituellement, il est tout à fait riche. Mais la spiritualité ne peut pas remplir nos estomacs." Voici un message qui devrait être pris en compte par les prosélytes bouddhistes bien alimentés et riche en Occident, qui ne peuvent pas être perturbés par des considérations matérielles car ils idéalisent le Tibet féodal.
Le bouddhisme et le Dalaï-lama exceptés, ce que j'ai essayé de défier, ce sont le mythe du Tibet, l'image du Paradis Perdu, d'un ordre social qui était un peu plus qu'une théocratie rétrograde despotique de servage et de pauvreté, si dommageable pour l'esprit humain, où la richesse énorme a été accumulée par une minorité privilégiée qui ont vécu avec beaucoup d'arrogance du sang, de la sueur et des larmes de la majorité. Pour la plupart des aristocrates tibétains en exil, c'est le monde auquel ils désirent ardemment retourner. C'est à une longue distance du Shangri-la.

Notes :

1. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon : China, Tibet, and the Dalai Lama (Berkeley: University of California Press, 1995), 6-16.
2. Mark Juergensmeyer, Terror in the Mind of God, (Berkeley : University of California Press, 2000), 113.
3. Kyong-Hwa Seok, "Korean monk gangs battle for temple turf", San Francisco Examiner, December 3, 1998.
4. Gere quoted in "Our Little Secret", CounterPunch, 1-15 November 1997.
5. Dalai Lama quoted in Donald Lopez Jr., Prisoners of Shangri-La : Tibetan Buddhism and the West (Chicago and London : Chicago University Press, 1998), 205.
6. Stuart Gelder and Roma Gelder, The Timely Rain : Travels in New Tibet (New York : Monthly Review Press, 1964), 119.
7. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 123.
8. Pradyumna P. Karan, The Changing Face of Tibet : The Impact of Chinese Communist Ideology on the Landscape (Lexington, Kentucky : University Press of Kentucky, 1976), 64.
9. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 62 and 174.
10. As skeptically noted by Lopez, Prisoners of Shangri-La, 9.
11. See the testimony of one serf who himself had been hunted down by Tibetan soldiers and returned to his master : Anna Louise Strong, Tibetan Interviews (Peking : New World Press, 1929), 29-30 90.
12. Melvyn Goldstein, William Siebenschuh, and Tashì-Tsering, The Struggle for Modern Tibet : The Autobiography of Tashì-Tsering (Armonk, N.Y.: M.E. Sharpe, 1997).
13. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 110.
14. Strong, Tibetan Interviews, 15, 19-21, 24.
15. Quoted in Strong, Tibetan Interviews, 25.
16. Strong, Tibetan Interviews, 31.
17. Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet 1913-1951 (Berkeley : University of California Press, 1989), 5.
18. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 175-176; and Strong, Tibetan Interviews, 25-26.
19. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 113.
20. A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet rev. ed. (Armonk, N.Y. and London: 1996), 9 and 7-33 for a general discussion of feudal Tibet; see also Felix Greene, A Curtain of Ignorance (Garden City, N.Y.: Doubleday, 1961), 241-249; Goldstein, A History of Modern Tibet 1913-1951, 3-5; and Lopez, Prisoners of Shangri-La, passim.
21. Strong, Tibetan Interviews, 91-92.
22. Strong, Tibetan Interviews, 92-96.
23. Waddell, Landon, and O'Connor are quoted in Gelder and Gelder, The Timely Rain, 123-125.
24. Quoted in Gelder and Gelder, The Timely Rain, 125.
25. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 52.
26. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 54.
27. Heinrich Harrer, Return to Tibet (New York: Schocken, 1985), 29.
28. Strong, Tibetan Interview, 73.
29. See Kenneth Conboy and James Morrison, The CIA's Secret War in Tibet (Lawrence, Kansas: University of Kansas Press, 2002); and William Leary, "Secret Mission to Tibet", Air & Space, December 1997/January 1998.
30. Leary, "Secret Mission to Tibet".
31. Hugh Deane, "The Cold War in Tibet", CovertAction Quarterly (Winter 1987).
32. George Ginsburg and Michael Mathos Communist China and Tibet (1964), quoted in Deane, "The Cold War in Tibet". Deane notes that author Bina Roy reached a similar conclusion.
33. See Greene, A Curtain of Ignorance, 248 and passim; and Grunfeld, The Making of Modern Tibet, passim.
34. Los Angeles Times, 18 August 1997.
35. Harrer, Return to Tibet, 54.
36. Karan, The Changing Face of Tibet, 36-38, 41, 57-58; London Times, 4 July 1966.
37. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 29 and 47-48.
38. Tendzin Choegyal, "The Truth about Tibet", Imprimis (publication of Hillsdale College, Michigan), April 1999.
39. Karan, The Changing Face of Tibet, 52-53.
40. Elaine Kurtenbach, Associate Press report, San Francisco Chronicle, 12 February 1998.
41. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 47-48.
42. Strong, Tibetan Interviews, 15-16.
43. Jim Mann, "CIA Gave Aid to Tibetan Exiles in '60s, Files Show", Los Angeles Times, 15 September 1998; and New York Times, 1 October, 1998.
44. Reuters report, San Francisco Chronicle, 27 January 1997.
45. News & Observer, 6 September 1995, cited in Lopez, Prisoners of Shangri-La, 3.
46. Heather Cottin, "George Soros, Imperial Wizard", CovertAction Quarterly no. 74 (Fall 2002).
47. The Gelders draw this comparison, The Timely Rain, 64.
48. The Han have also moved into Xinjiang, a large northwest province about the size of Tibet, populated by Uighurs; see Peter Hessler, "The Middleman", New Yorker, 14 & 21 October 2002.
49. Report by the International Committee of Lawyers for Tibet, A Generation in Peril (Berkeley Calif. : 2001), passim.
50. International Committee of Lawyers for Tibet, A Generation in Peril, 66-68, 98.
51. John Pomfret, "Tibet Caught in China's Web", Washington Post, 23 July 1999.
52. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 51.
53. Tendzin Choegyal, "The Truth about Tibet."
54. The Dalai Lama in Marianne Dresser (ed.), Beyond Dogma : Dialogues and Discourses (Berkeley, Calif.: North Atlantic Books, 1996).
55. Quoted in San Francisco Chronicle, 17 May 2001.

mardi 2 novembre 2004

Guadeloupe: chasse ouverte aux syndicalistes

----- Original Message -----
From: "roger.hillel" <roger.hillel@free.fr>
To: "COMMUNISTE FORUM"
<ForumCommuniste@yahoogroupes.fr>
Sent: Tuesday, November 02, 2004 4:35 PM
Subject: [ForumCommuniste]
Guadeloupe
Chasse ouverte aux syndicalistes
Préfecture et patronat multiplient les provocations à l'encontre des militants de l'Union générale des travailleurs guadeloupéens (UGTG).Le port de commerce de Pointe-à-Pitre est paralysé depuis le début de la semaine passée par une grève des dockers, qui réclament notamment la libération d'un dirigeant syndicaliste emprisonné. Après être resté trois jours à quai sans avoir été déchargé, le porte-conteneurs Fort-Saint-Pierre a dû quitter la ville mercredi pour une autre île des Caraïbes. Plusieurs centaines de conteneurs destinés à la Guadeloupe ont également été déchargés dans d'autres ports, en Martinique, à la Barbade, à Saint-Domingue et à Curaçao.À l'origine de la grève, la centrale syndicale indépendantiste UGTG réclame la libération de l'un de ses leaders, Michel Madassamy, condamné à huit mois de prison et en grève de la faim depuis son incarcération le 4 octobre pour des faits remontant au 27 mai 2001, en l'occurrence l'accusation de «saccage » d'un fast-food resté ouvert le jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, redoublée de l'accusation de « dégradations » commises sur des camions-citernes de la compagnie Texaco lors d'une grève précédente. La centrale syndicale a ajouté depuis des revendications sectorielles, à la Sécurité sociale, au CHU de Pointe-à-Pitre et dans plusieurs entreprises privées, où des syndiqués UGTG se sont proclamés en grève. Parmi les secteurs concernés, outre les dockers, il y a les banques, la production bananière, les transports, l'hôtellerie, l'énergie.La pression montait encore d'un cran l'autre samedi avec des charges de police contre une manifestation à Pointe-à-Pitre. Les affrontements ainsi provoqués ont fait plusieurs blessés, dont quatre policiers, et treize interpellations. L'UGTG était aussitôt une nouvelle fois mise en cause par le préfet Paul Girot de Langlade, évoquant une « action concertée et préméditée ». Suivait la traditionnelle menace de frapper au portefeuille les organisations appelant à des manifestations «tournant mal ».Visiblement, la préfecture et le patronat guadeloupéens reprennent leur tactique de provocation qui, voilà quelques années, avait abouti à une longue paralysie de l'île. « Les arrestations et mesures d'intimidation à l'égard des militants syndicaux guadeloupéens de la CGTG et de l'UGTG, notamment, sont inacceptables », dénonçait récemment dans un communiqué la confédération CGT. « Dans un contexte économique et social particulièrement dégradé, le choix de la répression nourrit une logique d'aggravation des conflits. Les pouvoirs publics, toujours plus à l'écoute des employeurs, ont une lourde part de responsabilité dans cette situation », relevait-elle à propos des sanctions avec peine de prison ainsi que du montant exorbitant des amendes réclamées. La CGT concluait « en invitant les pouvoirs publics locaux et nationaux à rechercher les voies de l'apaisement par l'arrêt des poursuites judiciaires et par la libération des militants emprisonnés ».Force est de rapprocher cette relance de la chasse aux syndicalistes guadeloupéens des manoeuvres actuelles de Paris en Polynésie pour soutenir le dernier mauvais coup de Gaston Flosse, politicien affairiste proche de Jacques Chirac. Le gouvernement semble résolu à jouer l'apprenti sorcier dans un outre-mer qui, ces derniers temps, a eu le mauvais goût de lui infliger beaucoup de déconvenues électorales.
Jean Chatain
L'Humanité du 2 novembre