mardi 2 novembre 2004

Guadeloupe: chasse ouverte aux syndicalistes

----- Original Message -----
From: "roger.hillel" <roger.hillel@free.fr>
To: "COMMUNISTE FORUM"
<ForumCommuniste@yahoogroupes.fr>
Sent: Tuesday, November 02, 2004 4:35 PM
Subject: [ForumCommuniste]
Guadeloupe
Chasse ouverte aux syndicalistes
Préfecture et patronat multiplient les provocations à l'encontre des militants de l'Union générale des travailleurs guadeloupéens (UGTG).Le port de commerce de Pointe-à-Pitre est paralysé depuis le début de la semaine passée par une grève des dockers, qui réclament notamment la libération d'un dirigeant syndicaliste emprisonné. Après être resté trois jours à quai sans avoir été déchargé, le porte-conteneurs Fort-Saint-Pierre a dû quitter la ville mercredi pour une autre île des Caraïbes. Plusieurs centaines de conteneurs destinés à la Guadeloupe ont également été déchargés dans d'autres ports, en Martinique, à la Barbade, à Saint-Domingue et à Curaçao.À l'origine de la grève, la centrale syndicale indépendantiste UGTG réclame la libération de l'un de ses leaders, Michel Madassamy, condamné à huit mois de prison et en grève de la faim depuis son incarcération le 4 octobre pour des faits remontant au 27 mai 2001, en l'occurrence l'accusation de «saccage » d'un fast-food resté ouvert le jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, redoublée de l'accusation de « dégradations » commises sur des camions-citernes de la compagnie Texaco lors d'une grève précédente. La centrale syndicale a ajouté depuis des revendications sectorielles, à la Sécurité sociale, au CHU de Pointe-à-Pitre et dans plusieurs entreprises privées, où des syndiqués UGTG se sont proclamés en grève. Parmi les secteurs concernés, outre les dockers, il y a les banques, la production bananière, les transports, l'hôtellerie, l'énergie.La pression montait encore d'un cran l'autre samedi avec des charges de police contre une manifestation à Pointe-à-Pitre. Les affrontements ainsi provoqués ont fait plusieurs blessés, dont quatre policiers, et treize interpellations. L'UGTG était aussitôt une nouvelle fois mise en cause par le préfet Paul Girot de Langlade, évoquant une « action concertée et préméditée ». Suivait la traditionnelle menace de frapper au portefeuille les organisations appelant à des manifestations «tournant mal ».Visiblement, la préfecture et le patronat guadeloupéens reprennent leur tactique de provocation qui, voilà quelques années, avait abouti à une longue paralysie de l'île. « Les arrestations et mesures d'intimidation à l'égard des militants syndicaux guadeloupéens de la CGTG et de l'UGTG, notamment, sont inacceptables », dénonçait récemment dans un communiqué la confédération CGT. « Dans un contexte économique et social particulièrement dégradé, le choix de la répression nourrit une logique d'aggravation des conflits. Les pouvoirs publics, toujours plus à l'écoute des employeurs, ont une lourde part de responsabilité dans cette situation », relevait-elle à propos des sanctions avec peine de prison ainsi que du montant exorbitant des amendes réclamées. La CGT concluait « en invitant les pouvoirs publics locaux et nationaux à rechercher les voies de l'apaisement par l'arrêt des poursuites judiciaires et par la libération des militants emprisonnés ».Force est de rapprocher cette relance de la chasse aux syndicalistes guadeloupéens des manoeuvres actuelles de Paris en Polynésie pour soutenir le dernier mauvais coup de Gaston Flosse, politicien affairiste proche de Jacques Chirac. Le gouvernement semble résolu à jouer l'apprenti sorcier dans un outre-mer qui, ces derniers temps, a eu le mauvais goût de lui infliger beaucoup de déconvenues électorales.
Jean Chatain
L'Humanité du 2 novembre