jeudi 24 novembre 2011

L’Europe supranationale, ses responsabilités politiques dans la crise actuelle

RoRo
 
 
 
 
Sent: Wednesday, November 23, 2011 11:35 PM
 
Subject: Compte-rendu réunion Polex 16 novembre 2011
 

A.G. du Collectif Communiste Polex
Paris, le 16 novembre 2011

Compte-rendu du secrétariat Polex


Thème de discussion :
L'Europe supranationale, ses responsabilités politiques dans la crise actuelle

 

La discussion a permis d'enrichir l'introduction de J. Lévy et de conclure sur l'analyse suivante :


(1)  Le processus européen supranational a été néfaste dès sa naissance après la deuxième guerre mondiale, puisqu'il consistait à ouvrir un « grand marché » continental, en supprimant les protections nationales, étatiques et législatives des droits des travailleurs acquis au fil des luttes. Ce rôle funeste s'est accru à chaque traité européen, de Rome, Maastricht ou Lisbonne, avec l'euro et la Banque centrale européenne : l'Europe supranationale n'est pas, comme le dit la version réformiste, une bonne idée qui a mal tourné, mais une machine de guerre contre les travailleurs et les nations, à combattre, et non à amender.


(2)   Cette Europe supranationale, face à l'aggravation de la crise du capitalisme aujourd'hui, est passée à une nouvelle étape, d'inspiration coloniale. Elle l'est vers l'extérieur, à l'égard des pays du Sud, comme le montre la guerre contre la Libye. Mais elle l'est aussi, ouvertement, à l'intérieur. Il y a 30 ans, la dette des pays africains permettait de justifier les « plans d'ajustement structurel », faits d'austérité et de privatisations, que leur peaufinait le FMI. Aujourd'hui, la dette des états européens justifie les plans d'austérité décidés par les dirigeants européens, pour « rassurer les marchés » spéculatifs, et c'est l'Europe supranationale qui impose aux états nationaux, à l'Italie et à la Grèce, des gouvernements à ses ordres, soutenus à la fois par les socialistes et la droite. Cette « Europe néocoloniale » est évidemment aussi soumise au capitalisme allemand, le plus fort notamment grâce à l'élargissement à l'est européen rendu au capitalisme. Quelles que soient les gesticulations de Sarkozy, le « couple franco-allemand » dirigeant est d'abord au service de l'état capitaliste le plus puissant (un PIB industriel double de celui de la France), et au détriment de toutes les autres nations d'Europe, réduites à la soumission aux diktats de la Banque centrale européenne de Francfort : le vieux rêve de « l'Europe allemande » des années 1940 est ainsi réalisé, pacifiquement, par l'Europe supranationale.


(3)   Un débat animé a eu lieu entre les membres du collectif, entre ceux évoquant le développement de nouvelles luttes anticapitalistes à propos de la crise européenne du capital, et ceux regrettant leur faiblesse, notamment en France. Les faiblesses tiennent à la fois au matraquage idéologique entretenu par les médias, au service du capital, qu'ils soient de coloration social-démocrate ou de droite « libérale », et notamment à la peur (de la dette, de la ruine, du nucléaire, etc.) distillée quotidiennement ; mais ils tiennent aussi aux positions attentistes, conciliatrices, des dirigeants du PCF et de la CGT à propos de l'Europe supranationale. Dans l'Humanité, il est courant, et lamentable, de lire un texte d'un de ces responsables défendant l'Europe supranationale et l'euro, prétendument « menacés par les marchés et les spéculateurs », alors qu'ils en sont l'expression.


(4)   Il serait temps de ne pas laisser l'extrême droite et Marine Le Pen s'accaparer démagogiquement des revendications justifiées, portées depuis longtemps par le mouvement communiste : la dénonciation de l'Europe supranationale, de l'euro, la défense de la production industrielle nationale, la protection étatique du marché national et des droits des salariés, etc. Laisser croire que Marine Le Pen est le porte-parole de la majorité de Français qui ont voté « non » à la constitution européenne est inepte. Il faut par contre affirmer que les peuples n'ont aucune dette à rembourser.


(5)   Les propagandistes de l'Europe supranationale ont toujours prétendu qu'elle apportait la paix aux peuples du continent. En fait, elle y a déjà apporté la guerre, qui a ravagé la Yougoslavie il y a une décennie. Mais surtout elle porte en elle la guerre impérialiste à l'extérieur : elle l'a fait avec l'OTAN en Afghanistan et en Libye ; elle menace de le faire en Syrie et en Iran en collaboration avec la Turquie, Israël, les monarchies pétrolières du Golfe et les États-Unis, au risque de provoquer un conflit mondial. Enfin, en instaurant dans le continent la domination de certains états sur d'autres plus faibles, elle nourrit les nationalismes et les xénophobies, les fait même accéder au pouvoir politique : le risque de conflits armés entre pays d'Europe renaît.


(6)   La réaction populaire est massive, là où existe un parti communiste important et des syndicats de masse et de classe.

       Le peuple grec est engagé depuis des mois dans une bataille à la fois sociale et nationale, contre l'austérité, on peut dire la très grande misère, imposée par sa grande bourgeoisie (ni les armateurs, ni la puissante Église grecque ne payent d'impôt !), et dictée par l'étranger, qui irait même jusqu'à acheter les fameuses îles des Cyclades pour rémunérer ses financiers.

       Le souvenir de l'Occupation nazie est encore dans la mémoire collective. Aussi, sous l'impulsion du KKE et du PAME, les grèves générales et de professions se succèdent. Le peuple est dans la rue. D'où l'appel au LAOS, formation fasciste, héritière des Colonels pour entrer au nouveau gouvernement : 4 ministres pour un parti qui n'a obtenu que 5 ou 6 % aux dernières élections.

       Imaginons une coalition gouvernementale UMP-PS-Front National en France !

    Le peuple portugais, lui aussi, se bat bien, animé par le PCP et la CGTP. Le 12 novembre les fonctionnaires – et aussi nombre de militaires – étaient dans la rue, et le 24 novembre, c'est à nouveau la grève générale.

       A nous d'aider le peuple français à prendre le relais de ces luttes contre l'Europe supranationale, et le capitalisme, en proposant une issue crédible à la crise actuelle : cette issue ne peut être que le socialisme, encore faudra-t-il en préciser les contours.