samedi 29 septembre 2012

n°60 - Dossier de Syrie - 02-08 - a1 -Comment les Occidentaux préparent l’après-Al Assad- 03-08 c-

From: Lemaire Marc
Sent: Friday, August 03, 2012 10:51 AM
Subject: n°60 - Dossier de Syrie - 02-08 - a1 -Comment les Occidentaux préparent l'après-Al Assad- 03-08



Face aux ambitions hégémoniques de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.
Sa diffusion est un acte de résistance.
Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre
Les médias occidentaux dans leurs larges majorités ont de tout temps accepté les versions de l'armée israélienne et ferment les oreilles aux autres sources.




Dossier de Syrie
n°60                                 02-07 au 03-08
                          C.De broeder & M.Lemaire



Le " Dossier de Syrie" est  visible :
a) sur nos blogs :
b) sur le site de Eva Resis           :  no-war.over-blog.com

NB : Si vous vouleznous contacter ou obtenir le Journal par mail une seule adresse : fa032881@skynet.be




Tiré a part
Même s'il est encore trop tôt pour enterrer le régime syrien, il n'en demeure pas moins qu'en coulisses, les Occidentaux intensifient les manœuvres pour préparer l'après-Al Assad. But prioritaire de la mission : éviter à la Syrie de sombrer dans l'anarchie ou de se retrouver dans un désert institutionnel.
En Europe comme aux Etats-Unis, on ne veut en aucun cas avoir affaire à un remake de ce qui s'est produit en Irak ou en Libye après la chute de Saddam Hussein et de Mouammar El Gueddafi. Pour limiter les règlements de comptes anti-alaouites, dont seraient victimes les membres de la minorité qui soutient le clan Al Assad, le groupe des amis de la Syrie aurait ainsi commencé à prendre contact avec les instances religieuses sunnites en Egypte pour qu'elles incitent les cadres sunnites de la rébellion à «une attitude responsable». Pour pallier le vide politique et sécuritaire, Washington et Londres semblent privilégier la création d'une sorte de conseil suprême des forces armées, regroupant les généraux déserteurs et ceux qui sont toujours en service.
Cette structure aurait à gérer une période transitoire à l'issue de laquelle seraient organisées des élections et rédiger un projet de Constitution. Cette option s'inspire des travaux sur la transition du médiateur international, Kofi Annan, et des recommandations adoptées par l'ensemble de l'opposition lors de sa dernière réunion au Caire, début juillet. A ce propos, l'on considère que le général ManafTlass, haut gradé de la Garde républicaine, qui a quitté Damas pour la France il y a trois semaines, pourrait jouer un rôle central. Les Occidentaux misent beaucoup sur lui pour travailler à la mise en place d'un «commandement militaire renforcé» de l'Armée syrienne libre (ASL), pour y intégrer les autres généraux qui, comme lui, ont récemment fait défection.
Les Américains et les Britanniques pensent que les bonnes relations de ManafTlass avec les généraux syriens peuvent permettre à l'armée de garantir la stabilité et la sécurité pendant une phase de transition. Pour éviter tout flottement après le départ de Bachar Al Assad et de son clan, les Français travaillent sur une seconde option. Ils préféreraient voir d'abord l'opposition et l'ASL former rapidement un gouvernement de transition dans lequel seraient inclus le Conseil national syrien. Les Français sont rejoints dans leur desideratum par le Qatar et l'Arabie Saoudite. Pas plus loin que dimanche dernier, le Premier ministre qatari, Cheikh Hamad Ben Jassam Al Thani, a appelé l'opposition et l'ASL à mettre en place un gouvernement de transition. Pour le moment, personne ne sait laquelle des deux options sera retenue.
La CIA aveugle en Syrie
Davantage préoccupés par les questions de sécurité, les Américains ne tiennent cependant pas à donner trop de place aux islamistes. Sur le terrain, les groupes intégristes ou même djihadistes s'affranchissent de plus en plus de la tutelle de l'ASL, alors que des accrochages meurtriers sont signalés entre leaders de ces deux mouvances rivales. Cette situation inquiète les Américains d'autant que des lacunes dans la collecte de renseignements en Syrie entravent les efforts de Washington visant à accélérer la chute du régime de Bachar Al Assad et à conclure des alliances avec l'opposition sur le terrain. Selon le Washington Post, qui a interrogé des responsables de services des renseignements américains et étrangers, la CIA n'est pas parvenue à établir une présence en Syrie, à l'inverse de ce qu'elle était arrivée à faire lors des révolutions en Egypte et en Libye.
Les services des renseignements américains doivent se contenter «d'intercepter des communications et d'observer le conflit à distance», ajoute le journal. Depuis la fermeture de l'ambassade des Etats-Unis à Damas en début d'année, la CIA ne dispose que d'une poignée d'agents aux frontières syriennes. Elle dépend largement de ses homologues en Jordanie et en Turquie pour récolter des renseignements à l'intérieur de la Syrie, rapporte le journal. Ces lacunes empêchent l'administration Obama de s'y retrouver dans une crise qui présente le risque de voir des mouvements islamistes ou des sympathisants d'Al Qaîda prendre le pouvoir à Damas.
Source :
Revue de presse (El Watan – 25/7/12)


Vote de l'ONU sur la Syrie après la démission d'Annan
3/08/12
L'Assemblée générale de l'ONU doit voter vendredi sur une résolution présentée par le groupe des pays arabes qui dénonce le bombardement des villes rebelles par l'armée syrienne et réclame une transition politique en Syrie.
Cette initiative a une portée essentiellement symbolique puisque l'Assemblée ne peut émettre que des recommandations, contrairement au Conseil de sécurité. Mais elle pourrait contribuer à accroître la pression sur Damas si les 193 pays membres votent massivement en faveur du texte, qui doit être adopté à la majorité sans possibilité de veto. Une précédente résolution de l'Assemblée, le 16 février, avait recueilli 137 voix.
Ce vote intervient au lendemain de la démission du médiateur international pour la Syrie Kofi Annan, ce qui pourrait entraîner des modifications de dernière minute du texte. Contrairement à des versions précédentes, le dernier projet disponible ne demande plus explicitement le départ du pouvoir du président syrien Bachar al-Assad, ni l'application de sanctions économiques similaires à celles adoptées par la Ligue arabe en novembre 2011. Le texte souligne l'inquiétude suscitée par les armes chimiques syriennes, demandant à Damas de ne pas les utiliser et de les stocker en sécurité.
Il exige aussi du gouvernement syrien un libre accès à la population pour les organisations humanitaires. La France, qui assume la présidence tournante du Conseil en août, a apporté son "ferme soutien" à cette initiative arabe, selon son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Selon des diplomates, cette initiative reflète la frustation de nombreux pays devant le blocage du Conseil de sécurité par la Russie et la Chine, qui ont mis leur veto à trois résolutions occidentales depuis un an. "Ce texte n'aura pas la même force (qu'une résolution du Conseil), mais il envoie le même message, à savoir que la communauté internationale veut vraiment agir et que la Russie et la Chine représentent une infime minorité", a déclaré jeudi l'ambassadeur français, Gérard Araud.
Le projet de résolution, rédigé par l'Arabie saoudite avec d'autres pays arabes, déplore "l'incapacité du Conseil de sécurité" à faire appliquer ses décisions. Il dénonce aussi "l'utilisation croissante par les autorités syriennes d'armes lourdes" dans les villes, notamment le "bombardement aveugle par des chars et des hélicoptères", et demande à Damas de respecter sa promesse de "cantonner ses troupes et ses armes lourdes dans leurs casernes".
La résolution réclame la mise en place d'un "organisme provisoire de gouvernement consensuel", ce qui entraînerait de facto le départ de Bachar al-Assad, ainsi que l'organisation d'élections libres. L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a indiqué jeudi qu'il voterait contre.


David Edwards : Massacre de Houla, mise à jour : le rapport des Nations Unies
Lors  de 2 alertes le 31 mai et le 13 juin, nous avons expliqué comment le système des médias institutionnels avait instantanément rendus responsables du massacre de 108 personnes, dont 49 enfants à Houla le 25 mai non pas simplement le gouvernement syrien, mais son leader Bachar el Assad. De nombreux dessins d'humoristes ont dépeint Assad couvert de sang ou baignant dans le sang. A peine 2 jours après le massacre, la couverturede l'édition du dimanche de l'Independent voulait savoir comment ses lecteurs allaient réagir : « Il doit y avoir bien sûr,  un cessez le feu, que le régime brutal d'Assad ignore purement et simplement. Et la communauté internationale ? Elle fait semblant de ne rien voir. Feriez-vous la même chose ? Ou bien le destin épouvantable de ces enfants innocents vous met-il très très en colère ? » (Independent, dimanche 27 mai 2012)


Ce que les lecteurs étaient supposés faire, à part y voir, n'était pas très clair. Après tout, l'un des grands triomphes de la politique moderne est la presque totale étanchéisation  de la politique étrangère des USA-Royaume-Uni contre les pressions démocratiques. Dans l'article, David Randall (ci-contre) écrit ces phrases amères : « Il est le Président, elle est la Première Dame ; ce sont des enfants morts. Il gouverne, mais ne protège pas ; elle fait du shopping, et s'en fiche… et on se prend à espérer que ceux du Conseil de sécurité des Nations Unies, lors de leur prochaine réunion, regarderont dans les yeux fixes de ces enfants morts et se souviendront des mots creux de l'épouse d'Assad lorsqu'elle a geint qu'elle réconfortait les familles des victimes de son pays.»

C'était de ce niveau en matière de commentaire politique et de couverture médias, qui mélangent la politique et les médias. Houla n'a pas été rapporté seulement comme un horrible événement de plus dans les actualités internationales. Il a été vendu au public britannique comme un moment charnière historique où « on doit faire quelque chose », sur la base d'une comparaison avec le massacre contesté de Racak, et celui hypothétique de Benghazi, utilisés respectivement pour justifier les attaques de l'Occident sur la Serbie en 1999, et sur la Libye en 2011.

Les politiciens anglais et américains désespéraient clairement d'utiliser Houla pour alimenter l'agenda de leur renversement de régime. Recyclant les tactiques grossières de l'ère Bush-Blair, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le ministre des affaires étrangères William Hague répétèrent inlassablement leurs satanés jugements : les faits ne comptent pas, la propagande emporte tout sur son passage. Aucune retenue.  Les médias, comme à leur habitude, furent heureux d'être de la fête. Si l'alliance Royaume-Uni USA devait l'emporter dans la justification d'un changement de régime imposé de l'extérieur, alors le gouvernement Assad devait absolument être déclaré responsable – de façon certaine, de façon isolée, et de façon impardonnable. Et c'est effectivement le message qu'ont colporté les médias.

Cependant, comme nous l'avons expliqué dans notre bulletin d'alerte du 13 juin, des fissures sont apparues très vite. Ils'est avéré que des femmes et des enfants n'avaient PAS eu leurs gorges tranchées, comme cela avait été universellement rapporté.  De plus, le rédacteur en chef de BBC world News Jon Williams (ci-contre) a commenté : «  A Houla, et maintenant à Koubeir, on a pointé du doigt les shabiyas, la milice pro-gouvernementale. Mais si on met de côté le nombre tragique de morts, les faits sont très ténus : qui a ordonné les tueries, ou pourquoi… ce n'est pas clair. » Mes ces commentaires, et une poignée d'autres –ainsi que les sources à leur origine – furent maintenus  à la marge et ne firent jamais l'enjeu de discussions entre médias. De façon inexplicable, leurs implications vis à vis des déclarations des medias faites auparavant restèrent lettre morte, sans examen ni discussion.

L'ONU « incapable à cette heure, de déterminer l'identité des responsables »

La semaine dernière, le 27 juin, une commission d'enquête de l'ONU a publié son rapport sur le massacre. Lorsqu'il s'est agi de prendre en considération ceux qui étaient responsables, l'ONU désigna les 3 possibilités les plus plausibles : « Premièrement, que les auteurs aient été des Shabiyas, ou une autre milice locale des villages environnants, ayant peut-être opéré avec les forces de sécurité du gouvernement syrien, ou avec leur accord, deuxièmement, que les auteurs aient été des forces anti-gouvernementales cherchant l'escalade tout en punissant ceux qui ne les soutiennent pas ou qui s'opposent activement à la rébellion, ou troisièmement, des groupes armés à l'affiliation inconnue.» La conclusion du rapport : « En fonction des preuves disponibles, la CoI (Commission d'Enquête / Commission of Inquiry) n'a pu exclure aucune de ces possibilités. »

L'ONU a résumé de la sorte :
« A cette heure, la CoI est incapable de déterminer l'identité des auteurs de ce crime, néanmoins, la CoI considère que des forces loyales au gouvernement ont pu se rendre responsables d'un grand nombre des morts. L'enquête continue jusqu'à la fin du mandat de la CoI. » Une conclusion remarquablement prudente, compte tenu du fait qu'elle fut produite face à une pression politique et médiatique occidentales (sans aucun doute en coulisses aussi) pour accuser le gouvernement syrien.
Et comment réagirent les médias à ce rapport d'experts en contradiction flagrante avec le consensus ambiant sur Houla ? Un média honnête aurait mis les doutes de l'ONU à la une, alertant ses lecteurs sur le manque de fondements de ses allégations antérieures, et sur son erreur éditoriale. Au lieu de cela, le moteur de recherche sur bases de données LexisNexis ne trouve (5 juillet) que 6 articles mentionnant le rapport de l'ONU dans des journaux nationaux et sur leurs sites, dont 5 seulement mentionnent Houla. Une couverture étonnamment basse compte tenu de l'attention massive des médias qui l'avait précédée. LexisNexis trouve 1017 publications et articles en ligne mentionnant Houla dans tous les journaux depuis le massacre du 25 mai.
The Independent, qui, comme évoqué, s'était empressé de prendre la tête du battage sur Houla, décrit ainsi les conclusions de l'ONU : « Des hommes armés  ont investi hier le quartier général d'une TV syrienne pro-gouvernement, tuant 7 employés, kidnappant les autres et démolissant des bâtiments. Le gouvernement a décrit les assassinats comme un « massacre », au moment même où l'ONU accusait les forces gouvernementales du massacre de Houla. » S'il s'agissait d'une grosse erreur d'interprétation des conclusions de l'ONU, celle-ci en devenait absurde en cliquant vers un lien qui propose d'en savoir plus, et qui redirige les lecteurs vers le texte de Patrick Cockburn (ci-contre) : « Le rapport de l'ONU sur le massacre de Houla le mois dernier, près de la ville de Homs au nord du pays, ne nomme pas ceux qui sont responsables, disant seulement que des forces loyales envers le gouvernement « sont susceptibles d'être responsables » d'un grand nombre de morts. Il ne nomme pas les milices alaouites –les Shabiyas- comme responsables, ainsi que cela a été largement rapporté, mais il dit que c'était très facile pour elles de s'y rendre. » C'est bien cela qui était l'information nouvelle: le rapport de l'Onu avait fortement contredit la certitude « largement diffusée », mais fausse.
Dans une veine similaire, un article du Guardian s'intitulait « des loyalistes au gouvernement syrien « sans doute responsables du massacre » –rapport de l'ONU ». Une accroche séparée de la une du Guardian annonce : « Les forces d'Assad sans doute responsables d'un grand nombre de morts à Houla – ONU ».
De façon contrastée, et avec plus de précision, Alex Thompson (ci-contre) de Channel4 a tweeté :  « rapport sur la Syrie de l'ONU : le massacre de 108 personnes à al-Houla peut avoir été perpétré aussi bien par des milices pro-Assad que des anti-Assad. Nous avons écrit à Thompson : Intéressant, le Guardian rapporte l'info de cette manière : '« des loyalistes du gouvernement syrien « sans doute responsables du massacre » –rapport de l'ONU ».Thompson a répondu : "vrai, mais l'ONU dit de façon identique que des milices anti-gouvernementales ont pu le faire. Et je parle en tant que personnalité interrogée par l'ONU à ce sujet. »

L'ex journaliste du Guardian et de l'Observer, Jonathan Cook, nous a adressé cet email : « Oui, en fait, la une du Guardian affirmant que des loyalistes du gouvernement syrien « sont sans doute responsables » du massacre de Houla, est simplement grotesque. Le récit déjà vendu par le Guardian (et tous les autres) est qu'ils « étaient » responsables. Donc il devrait être particulièrement évident aux yeux des rédacteurs en chef que la seule information  de ce rapport de l'ONU est que les loyalistes peuvent très bien ne pas être responsables. Jonathan » (email à Medialens, 27 juin 2012)

A peine trois jours après que le rapport de l'ONU ait été publié, Martin Chulov a écrit dans The Guardian : « Une famille originaire de Houla, où un massacre fin mai a été largement attribué à des soutiens du régime, a trouvé refuge dans le village syrien de Qatma, près de la frontière turque. » Dans l'article, qui se concentrait exclusivement sur les perspectives de l'opposition syrienne armée, Chulov n'a pas mentionné le rapport de l'ONU, ou le fait qu'il avait mis en cause les allégations largement répandues. Au lieu de cela, il conclut : « Là où l'ONU et la Communauté internationale peuvent avoir été considérées comme pondérées dans les Balkans, elles sont vues sous un jour bien plus sombre par l'opposition syrienne –incapables d'agir. « Leurs discussions à Genève sont insensées », a déclaré Idris (un exilé syrien). « Cela ne va rien changer. » Considérées « pondérées » par qui ? Sans doute pas l'opposition syrienne. Et sans doute pas ceux d'entre nous qui furent émus par la propagande mensongère utilisée pour justifier la guerre de l'OTAN contre l'opposition serbe en 1999. Chulov pensait, bien évidemment, aux gens bien pensants. Le commentaire rappelait la réponse antérieure de Chulov via twitter : « Cela a pris beaucoup de temps  pour mobiliser le soutien à une réponse en Bosnie et au Kosovo. En Syrie, ce sera encore plus difficile. »

Même The Times a fait mieux que The Guardian :
« Les signataires [du rapport de l'ONU] disent qu'ils ont été incapables de déterminer qui avait organisé et perpétré un massacre de plus de 100 personnes à Houla le mois dernier, mais ils ont ajouté que des forces loyalistes pourraient être responsables de beaucoup des assassinats. (Janine di Giovanni,  « Assad et les rebelles pensent qu'ils ont plus à gagner par la violence, selon un assistant de l'ONU », The Times, 28 juin 2012

Le site de la BBC a d'abord commenté « les enquêteurs de l'ONU et l'auteure du rapport Karen Abuzayd (ci-contre) ont raconté à la BBC que « ces actes sont susceptibles d'avoir été commis par trois groupes différents. Elle a dit que "les forces gouvernementales étaient responsables du pilonnage d'artillerie initial, au cours duquel quelques personnes ont perdu la vie. Mais ce qu'elle a appelé ensuite le « massacre » dans les maisons de la population, a été perpétré soit par des miliciens des villages alaouites, connus sous le nom de Shabiyas, soit par des groupes armés de l'opposition. » Comme le site « News Sniffer » l'a noté et archivé, ces mots ont été rapidement nettoyés. Des commentaires similaires ont été rétablis plus tard.

La réponse des médias sur le rapport de l'ONU à propos de Houla est un exemple patent de la façon dont le système institutionnel a évolué pour diffuser et favoriser les déclarations de propagande gouvernementale à la demande. Comme toujours, les preuves a contrario, même en provenance de sources respectées, doivent se battre pour parvenir à percer contre ces babillages de caniveau.

On pourrait penser que le souci principal des rédacteurs en chef et des journalistes serait de proposer aux consommateurs de médias  des informations compréhensibles et précises, à tout le moins en corrigeant des erreurs antérieures aux conséquences graves. Mais pas un seul éditorial ou commentaire examinant les implications du rapport de l'ONU sur Houla n'a cherché à le faire. La plupart des lecteurs continueront de croire que des femmes et des enfants ont eu la gorge tranchée, de façon certaine sur ordre du gouvernement syrien. D'autres seront simplement perplexes devant un tel consensus accablant ponctué de contradictions bizarres, crédibles en apparence, mais inexplorée
.
SUGGESTION D'ACTION 
Le but de Medialens est de promouvoir la raison, la compassion et le respect envers les autres. Si vous décidez d'écrire à des journalistes, nous vous demandons avec détermination de garder un ton poli, non agressif,  et sans user de grossièretés.
Vous pouvez écrire à
John Mullin, rédacteur en chef de the Independent on Sunday
David Randall pour the Independent
Martin Chulovpour the Guardian
Via Twitter: @martinchulov
Alan Rusbridger, rédacteur en chef du Guardian
Via twitter: @arusbridger
Steve Herrmann, rédacteur en chef de BBC News online
En lien avec cet article:
Traduction et photos ajoutées par Corto
The Independent,  mai 2012


1 Médias et


Manipulation de l'opinion / Vidéos
Ndlr : La publication de l'article  ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue de l'auteur mais doit être vu comme information.

1-1 ARMADA: une mise en scène coloniale de l'Empire.
Les USA tout à la fois "docteurs, ingénieurs x/mines et experts comptables" en colonialisme et impérialisme en compagnie de "leurs compères occidentaux" de leur gendarme au moyen-orient, Israël et des kounichettes arabes l'Arabie Saoudite, le Quatar, le Koweit et la Jordanie entre autres nous rejouent le énième complot du siècle écoulé de l'Afrique de Lumumba à l'Amérique du sud  du Chilien Salvador Allende, en passant par le Cuba de Fidel Castro et la Bolivie du Che jusqu'au Viet Nam du général Giap et de Ho Chi Minh...
Seulement à cette époque les journalistes faisaient réellement leur travail et il n'était pas possible de présenter ces guerres d'agressions impérialistes comme des oeuvres humanitaires. Leurs reportages attestant de la réalité de l'agression coloniale et de ses dégats sur les populations locales faisaient apparaître une vérité crue qui retombait sur la tête des envahisseurs étrangers et de leur oeuvre de mort...
Aujourd'hui l'ensemble des médiats de la communauté internationale (pays qui se résument d'ailleurs au club des agresseurs occidentaux + Israël "le pays de l'Apartheid"...) participe aux mises en scène sur place et à la stratégie de désinformation des masses de leur propre pays, allant jusqu'à présenter l'Etat agressé et son président comme le criminel ...
Espérons que les récents "grossiers remake" en Afghanistan, Irak, Côte d'Ivoire, Libye, Mali ont éclairé un peu plus les masses mondiales et surtout convaincu Chine et Russie de demeurer fermes... Fermes et déterminés à entraîner les autres pays du sud dans un front du refus des guerres d'agressions coloniales...
ARMADA le 26 juillet 2012


1-2 Algerienetwork : Plusieurs milliers de mercenaires recrutés par la CIA terrorisent la Syrie.  
Le vice-président du Parti travailliste turc Bülent Esinoglu a révélé que la CIA a recruté 6.000 mercenaires arabes, afghans et turcs, pour mener des opérations terroristes en Syrie.
Esinoglu assure que le peuple turc s'oppose à la présence des citoyens turcs dans les régions syriennes en crise, et aux massacres perpétrés contre les Syriens innocents, « pour les beaux yeux des Etats-Unis », selon ses termes.
Il met en cause la société sécuritaire américaine "Blackwater" la soupçonnant d'être derrière contre ces tueries, signalant qu'elle verse de grosses sommes d'argent à ses mercenaires pour le faire.
« La guerre déclarée, par la Turquie, contre la Syrie, est dirigée par Washington et Tel-Aviv, qui ont transformé pratiquement l'armée turque, en une armée de mercenaires, qui lutte pour l'argent, tout comme "Blackwater" » a-t-il martelé.
Le vice-président du Parti travailliste turc a accusé le gouvernement d'Erdogan d'être le premier gouvernement turc à exécuter les ordres de l'Occident, et d'appeler à son éviction pour éviter une guerre régionale.
29/07/2012

1-3 Le plus important journal autrichien joue avec Photoshop
Dans l'édition du Kronen Zeitung (aussi connue sous le nom de Krone) du 28 Juillet 2012, le plus
important quotidien autrichien qui touche près de 43% de tous les lecteurs de journaux du pays, on
pouvait y voir une photo de la ville d'Alep complétement détruite avec un couple et son enfantfuyant les combats. Pour titre : "Les chars d'Assad roulent à travers les rues vers la Mère de toutes les batailles."
Cependant, cette photo est un montage comportant des images d'une photographie de l'Agence EPA.
LIENA OUVRIR STP MARC


2 Les brèves
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.
Le vice-président du Parti travailliste turc Bülent Esinoglu a révélé que la CIA a recruté 6.000 mercenaires arabes, afghans et turcs, pour mener des opérations terroristes en Syrie.
Esinoglu assure que le peuple turc s'oppose à la présence des citoyens turcs dans les régions syriennes en crise, et aux massacres perpétrés contre les Syriens innocents, « pour les beaux yeux des Etats-Unis », selon ses termes.
Il met en cause la société sécuritaire américaine "Blackwater" la soupçonnant d'être derrière contre ces tueries, signalant qu'elle verse de grosses sommes d'argent à ses mercenaires pour le faire.
« La guerre déclarée, par la Turquie, contre la Syrie, est dirigée par Washington et Tel-Aviv, qui ont transformé pratiquement l'armée turque, en une armée de mercenaires, qui lutte pour l'argent, tout comme "Blackwater" » a-t-il martelé.
Le vice-président du Parti travailliste turc a accusé le gouvernement d'Erdogan d'être le premier gouvernement turc à exécuter les ordres de l'Occident, et d'appeler à son éviction pour éviter une guerre régionale.
29/07/2012









3 Le patron...?
Onu
Le convoi du chef intérimaire de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Misnus), le général sénégalais Babacar Gaye, a été attaqué dimanche, a annoncé ce lundi le secrétaire général de l'ONU.
«Hier, le convoi du général Gaye a été visé par une attaque», a déclaré Ban Ki-moon en précisant que c'était grâce au blindage des véhicules que l'on ne déplorait aucune victime. «Fort heureusement, il n'y a pas eu de blessés», a-t-il dit à la presse sans entrer dans les détails.
Mais des responsables de l'Onu ont révélé, sous le sceau de l'anonymat, que les cinq véhicules du convoi ont essuyé des coups de feu tirés par des armes légères à Talibissa, à une vingtaine de km de Homs, dans un secteur tenu par l'opposition.
Le mandat de la Misnus, qui a suspendu l'essentiel de ses missions d'observation en juin en raison de l'aggravation des violences, a été prorogé le 20 juillet pour une période de 30 jours. 31/07/2012



4 Politique extérieure des pays
4-1 France

La France va demander une réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU sur la Syrie "avant la fin de la semaine", a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui a qualifié Bachar el-Assad de "bourreau".
"Puisque la France prend la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies au 1er août, nous allons donc demander, avant la fin de cette semaine, la réunion du Conseil de sécurité probablement au niveau ministériel", a-t-il déclaré sur RTL. Et ce, "à la fois pour essayer d'arrêter les massacres et en même temps pour préparer la transition politique".
Le chef de la diplomatie française, qui craint un massacre, a souligné que "c'est un martyre que subit le peuple syrien et le bourreau s'appelle Bachar el-Assad".
Même s'"il y a des armes qui sont livrées" aux rebelles par "le Qatar, l'Arabie saoudite et probablement d'autres", Laurent Fabius a dénoncé "un déséquilibre massif puisque Bachar el-Assad a des moyens très très lourds, et il en profite pour massacrer et tuer".
Face à l'opposition de la Russie et de la Chine à toute intervention en Syrie, le ministre des Affaires étrangères a martelé qu'"il ne faut pas arrêter, il faut se démobiliser, il faut continuer". Mais il a prévenu que "si on continue comme aujourd'hui, de plus en plus, cela va être une opposition confessionnelle et la température ne peut pas redescendre".
"On va vers une telle violence du conflit que la Syrie sera détruite et les pays voisins vont être contaminés", a-t-il mis en garde, citant le Liban, la Jordanie et "dans une certaine mesure la Turquie". "On ne peut plus dire que c'est une affaire intérieure".
Quant à l'ancien président Nicolas Sarkozy qui aurait appelé à être "plus ferme" vis-à-vis de Damas, Laurent Fabius a préféré "mettre ça sur le compte de propos de vacances". "Le seul souvenir que j'ai de l'action de M. Sarkozy avec Bachar el-Assad, c'est de l'avoir invité à présider aux cérémonies du 14 juillet".
30/07/2012
 


4-2 Russie
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

4-2-1 RIA Novosti: Sanctions: la Russie ne permettra pas d'inspecter ses navires.Moscou ne permettra pas d'inspecter les navires battant pavillon russe dans le cadre des sanctions décrétées par l'Union européenne contre la Syrie, a déclaré samedi le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch.
"Nous n'avons pas l'intention de participer aux démarches visant à faire exécuter les décisions adoptées par l'UE à l'encontre de la Syrie, et nous ne donnerons pas notre accord pour l'inspection de navires naviguant sous pavillon russe", lit-on dans un commentaire de M.Loukachevitch publié sur le site du ministère.
Le 23 juillet, le Conseil de l'Union européenne a approuvé un 17ème train de sanctions visant le régime de Damas. Les pays de l'UE se sont notamment engagés à inspecter les navires et les avions ayant pour destination la Syrie "s'ils les soupçonnaient de transporter des armes ou des équipements destinés à la répression interne".
 RIA Novosti
MOSCOU, 28 juillet




5 Dossier

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

5-1 Chems Eddine Chitour : La Syrie se trouve sur la plus colossale plaque de réserve de gaz du monde ! D'ou la guerre.
C'est pour cela qu'on lui fait la guerre. Les vautours se groupent toujours autour de la viande, mais ne peuvent la manger que lorsque leur victime est morte.
La Syrie se trouve sur la plus colossale plaque de réserve de gaz du monde !

REFONDATION ÉNERGÉTIQUE DU MOYEN-ORIENT : La plaque tectonique syrienne

«Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent.»  Jean-Paul Sartre

Prof. émériteChems Eddine Chitour
Samedi 14 Juillet 2012
Un conflit qui dure depuis seize mois et qui aurait fait des milliers de morts selon une comptabilité tenue soigneusement par les médias des pays occidentaux qui attribuent insidieusement les morts uniquement au régime de Damas et non aussi aux insurgés armés lourdement par les Occidentaux avec l'argent des roitelets du Golfe.
Les chrétiens ont peur de servir de variables d'ajustement d'un conflit qui les dépasse.
Ce conflit, un siècle après les accords de Sykes-Picot, met en jeu les mêmes acteurs avec en plus, les Etats-Unis, la Russie et la Chine et...Israël.
Les dépouilles sont toujours les mêmes, les dirigeants arabes faibles, lâches qui continuent à s'étriper pour le plus grand bien de l'Empire et de ses vassaux. Avec cette fois-ci, un coup d'arrêt à la tentation d'Empire, de la part de puissances asiatiques qui s'affirment.
>
> Que se passe t-il réellement, et pourquoi Assad ne tombe pas malgré les communiqués triomphalistes présentant des personnalités qui ont lâché le pouvoir, le général Tlass, l'ambassadeur de Syrie en Irak qui s'enfuit au Qatar... Un autre round de négociations sur le règlement pacifique en Syrie s'est tenu dernièrement à Moscou. Cette fois, le ministère des Affaires étrangères de Russie a invité le président du Conseil national syrien (CNS) Abdel Basset Sayda. Mais il n'y a pas eu de rapprochement de positions. D'autre part, l'émissaire international Kofi Annan, qui poursuit sa tournée en Iran, a rencontré Bachar el-Assad en Syrie pour tenter de trouver une issue au conflit dans le pays. Il a annoncé lundi 9 juillet 2012 être tombé d'accord avec le président Bachar el-Assad sur une «approche» qu'il soumettra aux rebelles syriens.
>La diabolisation des médias occidentaux
> Et si la version matraquée tous les jours par les médias français n'était pas la bonne? C'est en tout cas l'avis du politologue Gérard Chalian, sur le plateau de «C dans l'air» du 14 juin 2012, sur France 5: ce qu'il dit c'est que ce n'est pas uniquement un méchant contre des gentils et que la volonté d'intervention et les hésitations des Occidentaux ne sont pas forcément liées à des sentiments purement humanistes. Il dit qu'une intervention impliquerait beaucoup de conséquences géopolitiques. Pour lui, ce qui se passe en Syrie est avant tout une affaire politique et non humanitaire. C'est en fait, l'exacerbation du conflit artificiel sunnite /chiite avec d'un côté pour les sunnites l'Arabie Saoudite, le Qatar, l'Union européenne, les Etats-Unis et Israël et de l'autre, les chiites, c'est-à-dire les Alaouites aidés par l'Iran. Le but de la manipulation est de casser l'Iran et de réduire le Hezbollah.

> Nous verrons qu'il existe aussi l'argument énergétique.
Le témoignage d'une Française, épouse d'un Franco-Syrien, qui a séjourné en Syrie du 19 mai au 12 juin 2012, est édifiant: «Alors que ce pays offrait une totale sécurité, les «Amis de la Syrie» y ont semé la violence. À Alep, des bandes armées ont fait leur apparition dans le 2e semestre 2011: kidnapping, demandes de rançons... Une mafia très lucrative. Nous avons eu connaissance de nombreux récits d'enlèvements à toute heure et à tout endroit à Alep à un rythme quasi quotidien. Les enfants ont pris l'habitude de téléphoner à leurs parents dès leur arrivée et départ de l'école. Les militaires et policiers sont les cibles privilégiées pour ceux qui sont payés pour tuer. Ainsi, un commandant de 35 ans a été abattu de 2 balles dans la tête un matin à 8 h 30 alors qu'il achetait du pain. Les commerçants ferment sur ordre d'hommes armés qui menacent de brûler leur boutique. Ainsi, le 2 juin, à la Médine (anciens souks) tout était fermé.
Les médias français parlent alors de grève générale anti-régime. Lors de manifestations pro Bachar, des hommes armés s'infiltrent et se mettent à tirer dès que la foule est dense. Ceci est filmé et envoyé aux chaînes de télévision. Le pouvoir conseille de ne pas faire de manifestations de soutien pour éviter ces tueries. La population, qui est confrontée aux kidnappings, bombes, asphyxie des commerces, connaît des difficultés d'approvisionnement en fuel, essence et gaz. Il n'y a pas pénurie en Syrie, mais les véhicules de transport sont attaqués et brûlés sur les routes.» (1)

> «Pour ceux qui à l'étranger souhaitent apporter leur aide, il est impossible de virer de l'argent et impossible d'en retirer sur place (d'un compte en France par exemple). À Damas, tout semble comme avant, vie diurne et nocturne, malgré la menace des bombes. Cependant, beaucoup d'hôtels ont fermé, le tourisme est inexistant. À Homs, un seul quartier reste occupé par les rebelles. Les habitants se sont réfugiés dans les villages alentour chez la famille ou des amis. Sur les grands axes routiers, l'ASL effectue des contrôles et abat sur le champ un militaire présent. (...)
Il n'y a pas de guerre civile en Syrie, les communautés continuent de vivre en harmonie. Il y a des actes de barbarie et de violence de la part de mercenaires et de l'ASL contre des minorités pour provoquer une guerre civile. (...) Monsieur Sarkozy a en son temps exprimé au patriarche maronite venu le rencontrer que les chrétiens d'Orient devaient laisser leur pays aux musulmans et que leur avenir était en Europe. L'Occident applique en Syrie le même scénario qu'en Irak et en Libye. (...) L'opposition en Syrie participe de façon légale au changement. Les gens sont écoeurés par le manque d'objectivité des médias français. La seule source, l'Osdh, basée à Londres, est animée par un Frère musulman, payé par les services secrets britanniques.»(1)
>L'argument énergétique
> Le professeur Imad FawziShueibi analyse les causes et les conséquences de la récente position de la Russie au Conseil de Sécurité de l'ONU. Le soutien de Moscou à Damas n'est pas une posture héritée de la Guerre froide, mais le résultat d'une analyse en profondeur de l'évolution des rapports de force mondiaux. La crise actuelle va cristalliser une nouvelle configuration internationale, qui d'un modèle unipolaire issu de la chute de l'Union Soviétique, va évoluer progressivement vers un autre type de système qui reste à définir. Inévitablement, cette transition va plonger le monde dans une période de turbulences géopolitiques.
L'attaque médiatique et militaire à l'encontre de la Syrie est directement liée à la compétition mondiale pour l'énergie, ainsi que l'explique le professeur Imad Shuebi: la Syrie, centre de la guerre du gaz au Proche-Orient. C'est ainsi que Imad FawziShueibi analyse la situation actuelle. Il écrit: L'attaque médiatique et militaire à l'encontre de la Syrie est directement liée à la compétition mondiale pour l'énergie, ainsi que l'explique le professeur Imad Shuebi.(2)

 «Avec la chute de l'Union soviétique, les Russes ont réalisé que la course à l'armement les avait épuisés, surtout en l'absence des approvisionnements d'énergie nécessaires à tout pays industrialisé. Au contraire, les USA avaient pu se développer et décider de la politique internationale sans trop de difficultés grâce à leur présence dans les zones pétrolières depuis des décennies. C'est la raison pour laquelle les Russes décidèrent à leur tour de se positionner sur les sources d'énergie, aussi bien pétrole que gaz. (...) Moscou misa sur le gaz, sa production, son transport et sa commercialisation à grande échelle. Le coup d'envoi fut donné en 1995, lorsque Vladimir Poutine mis en place la stratégie de Gazprom. (...) Il est certain que les projets Nord Stream et South Stream témoigneront devant l'Histoire du mérite et des efforts de Vladimir Poutine pour ramener la Russie dans l'arène internationale et peser sur l'économie européenne puisqu'elle dépendra, durant des décennies à venir, du gaz comme alternative ou complément du pétrole, avec cependant, une nette priorité pour le gaz.

À partir de là, il devenait urgent pour Washington de créer le projet concurrent Nabucco, pour rivaliser avec les projets russes et espérer jouer un rôle dans ce qui va déterminer la stratégie et la politique pour les cent prochaines années. Le fait est que le gaz sera la principale source d'énergie du XXIe siècle, à la fois comme alternative à la baisse des réserves mondiales de pétrole, et comme source d'énergie propre.(...) Moscou s'est hâté de travailler sur deux axes stratégiques: le premier est la mise en place d'un projet sino-russe à long terme s'appuyant sur la croissance économique du Bloc de Shanghai; le deuxième visant à contrôler les ressources de gaz. C'est ainsi que furent jetées les bases des projets South Stream et Nord Stream, faisant face au projet états-unien Nabucco, soutenu par l'Union européenne, qui visait le gaz de la mer Noire et de l'Azerbaïdjan. S'ensuivit entre ces deux initiatives une course stratégique pour le contrôle de l'Europe et des ressources en gaz. Le projet Nord Stream relie directement la Russie à l'Allemagne en passant à travers la mer Baltique jusqu'à Weinberg et Sassnitz, sans passer par la Biélorussie. Le projet South Stream commence en Russie, passe à travers la mer Noire jusqu'à la Bulgarie et se divise entre la Grèce et le sud de l'Italie d'une part, et la Hongrie et l'Autriche d'autre part.»(2)

> «Pour les États-Unis, poursuit le professeur Imad, le projet Nabucco part d'Asie centrale et des environs de la mer Noire, passe par la Turquie et devait à l'origine passer en Grèce, mais cette idée avait été abandonnée sous la pression turque. Ce projet, écrit le professeur Imad, bat de l'aile. À partir de là, écrit-il, la bataille du gaz a tourné en faveur du projet russe. En juillet 2011, l'Iran a signé divers accords concernant le transport de son gaz via l'Irak et la Syrie. Par conséquent, c'est désormais la Syrie qui devient le principal centre de stockage et de production, en liaison avec les réserves du Liban. C'est alors un tout nouvel espace géographique, stratégique et énergétique qui s'ouvre, comprenant l'Iran, l'Irak, la Syrie et le Liban. Les entraves que ce projet subit depuis plus d'un an donnent un aperçu du niveau d'intensité de la lutte qui se joue pour le contrôle de la Syrie et du Liban.

Elles éclairent du même coup le rôle joué par la France, qui considère la Méditerranée orientale comme sa zone d'influence historique, devant éternellement servir ses intérêts, et où il lui faut rattraper son absence depuis la Seconde Guerre mondiale. En d'autres termes, la France veut jouer un rôle dans le monde du gaz où elle a acquis en quelque sorte une «assurance maladie» en Libye et veut désormais une «assurance-vie» à travers la Syrie et le Liban. (...) L'empressement de la coalition Otan-Etats-Unis-France à mettre fin aux obstacles qui s'élevaient contre ses intérêts gaziers au Proche-Orient, en particulier en Syrie et au Liban, réside dans le fait qu'il est nécessaire de s'assurer la stabilité et la bienveillance de l'environnement lorsqu'il est question d'infrastructures et d'investissement gaziers. La réponse syrienne fût de signer un contrat pour transférer vers son territoire le gaz iranien en passant par l'Irak. Ainsi, c'est bien sur le gaz syrien et libanais que se focalise la bataille, alimentera-t-il.» (2)

> «De plus, poursuit le professeur Imad, la coopération sino-russe dans le domaine énergétique est le moteur du partenariat stratégique entre les deux géants. Il s'agit, selon les experts, de la «base» de leur double veto réitéré en faveur de la Syrie. Parallèlement, Moscou affiche sa souplesse concernant le prix du gaz, sous réserve d'être autorisé à accéder au très profitable marché intérieur chinois. (...) En conséquence, les préoccupations des deux pays se croisent au moment où Washington relance sa stratégie en Asie centrale, c'est-à-dire, sur la Route de la soie. (...)

Cet aperçu des mécanismes de la lutte internationale actuelle permet de se faire une idée du processus de formation du nouvel ordre international, fondé sur la lutte pour la suprématie militaire et dont la clé de voûte est l'énergie, et en premier lieu le gaz. La «révolution syrienne» est un paravent médiatique masquant l'intervention militaire occidentale à la conquête du gaz. Quand Israël a entrepris l'extraction de pétrole et de gaz à partir de 2009, il était clair que le Bassin méditerranéen était entré dans le jeu et que, soit la Syrie serait attaquée, soit toute la région pourrait bénéficier de la paix, puisque le XXIe siècle est supposé être celui de l'énergie propre. Selon le Washington Institute for Near East Policy (Winep, le think tank de l'Aipac), le Bassin méditerranéen renferme les plus grandes réserves de gaz et c'est en Syrie qu'il y aurait les plus importantes. La révélation du secret du gaz syrien fait prendre conscience de l'énormité de l'enjeu à son sujet. Qui contrôle la Syrie pourrait contrôler le Proche-Orient.» (2)

>L'argument religieux: sunnite versus chiite
> Un autre argument de basse intensité est le conflit artificiel sunnite-chiite. Le conflit en Syrie est devenu, écrit Bernard Haykel spécialiste du Moyen-Orient à l'université Princeton, une guerre par procuration entre Riyadh et Téhéran. Pendant de longues années, le salafisme a été le vecteur d'influence de l'Arabie Saoudite. Mais cette doctrine a créé des monstres, notamment Al-Qaîda, qui se sont retournés contre le régime des Al Saoud. Aujourd'hui, l'anti-chiisme et le discours contre l'Iran sont utilisés par la monarchie pour que les Saoudiens, à 90% sunnites, fassent bloc derrière le régime. Cela pourrait devenir aussi la nouvelle base des relations avec les États-Unis. Il a montré comment le régime saoudien tente de tirer son épingle du jeu dans le grand chambardement du printemps arabe.» (3)
>
> «Mais c'est la Syrie qui est au centre de l'attention de l'Arabie Saoudite. Le roi s'est prononcé contre le régime de Bachar Al Assad. Il a rappelé son ambassadeur à Damas. Les Saoudiens estiment que l'Iran est aujourd'hui une menace réelle pour leur pays. Ils jugent que si Bachar Al Assad est renversé, ce sera un revers important pour l'influence de l'Iran dans la région. Il y a donc un flot d'argent saoudien qui vise à radicaliser les sunnites syriens, comme en 2006-2007 au Liban quand il s'agissait de radicaliser les sunnites locaux contre le Hezbollah. Riyadh ne considère plus qu'un changement dans la région est mauvais. «Enfin, elle tente de promouvoir cette approche à Washington.» L'Arabie Saoudite est sous protection militaire des Etats-Unis», conclut Bernard Haykel.» «Ces deux pays entretiennent aussi des relations commerciales fortes, dominées par les hydrocarbures et les ventes d'armes.» (3)
>
>Le résultat de cette anomie
> Quels sont les perdants et quels sont les gagnants?
Le grand perdant est d'abord et avant tout le peuple syrien qui paie le prix fort d'une guerre qui le dépasse. Il devient clair que la clé de la réussite économique et de la domination politique réside principalement dans le contrôle de l'énergie du XXIe siècle: le gaz.
C'est parce qu'elle se trouve au coeur de la plus colossale réserve de gaz de la planète que la Syrie est sur une plaque tectonique énergétique. Une nouvelle ère commence, celle des guerres de l'énergie.
Le grand gagnant dans tous les cas est Israël qui réussit - sans y participer - à affaiblir ses adversaires, l'Iran, les pays arabes qui ne comptent plus et le Hezbollah. On l'aura compris, la paix en Syrie n'est pas pour demain. Hélas!
1.
http://www.afrique-asie.fr/nous-ecrire/27-actualite32/3216-desinformation-mais-que-se-passe-t-il-en-syrie.html3/07/12
> 2. Imad Fawzi Shueibihttp://
www.voltairenet.org/La-Syrie-centre-de-la-guerre-du 8 mai 2012
> 3. Bernard Haykel: Le conflit en Syrie est devenu une guerre par procuration entre Riyadh et Téhéran. Conférence École des Hautes études en sciences sociales, Paris, mardi 22 mai 2012

>Professeur émérite Chems Eddine Chitour
> Ecole Polytechnique Alger
enp-edu.dz 





6 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

6-1 Syrie: le traitement fallacieux du Massacre de Houla par la presse britannique.
A l'heure d'un nouveau massacre extrêmement grave perpétré à Treimsa (Tureymisah), devenu nouveau village martyr après Houla et Al Koubeir, et de l'intensification des combats entre rebelles et loyalistes, nous souhaitons une fois de plus appeler à la prudence envers les accusations contre le gouvernement Assad, et revenir sur les réactions des médias face au premier massacre désormais attribué aux forces de la mouvance anarchique anti-Assad, ce qui éclaire forcément les 2 autres.
La "version officielle" sur France3 le 16 juillet 2012 à 22H56 :
Tous ces massacres sont le fait de l'armée syrienne ou des milices
pro-régime, les chabiyas, et Kofi Annan doit rencontrer Vladimir
Poutine "seul allié du régime syrien"… novlangue, quand tu nous tiens…

En Angleterre, quelques sites veillent au discours médiatique, comme ici MEDIALENS qui se livre à une analyse sans concession des médias britanniques, un peu comme ACRIMED en France. Mais rien sur ces massacres sur le site d'ACRIMED… Contacté en milieu de mois, avec à l'appui nos précédentes traductions d'articles, le site ACRIMED n'a toujours pas répondu. Un autre site, NEWS SNIFFER , sans équivalent en France, comme ça c'est encore plus simple, renseigne les citoyens britanniques sur les changements de contenus opérés dans des articles parus sur des dizaines de sites officiels du gouvernement et des principaux médias britanniques. Concernant le massacre de Houla, cette surveillance éditoriale est très fructueuse, et montre comment les médias officiels renâclent à intégrer les conclusions dissonantes de médias beaucoup plus autonomes et honnêtes qu'eux.
Ce mur médiatique est bien connu de ReOpen911, qui l'affronte chaque jour avec des fortunes diverses. Et pour quelques percées significatives, n'oublions jamais qu'une seule "piqûre de rappel" de la VO du 11/9 à la "grand messe du 20H00", repousse des millions de téléspectateurs un peu plus loin dans les dédales de l'ignorance et de la mystification qui empêchent une vraie démocratie de respirer, comme en cet instant avec la Syrie où en fait, avec la complicité des médias, des puissances étrangères dont la France empêchent le peuple syrien très majoritairement pacifique et méfiant de respirer – et nous avec, qui sommes là encore rejetés dans l'ignorance – c'est à dire d'accomplir sa mission de démocratisation par une pression populaire et parlementaire sur le gouvernement Assad qui a amorcé des réformes et procédé à des élections (un parlementaire légitimiste sunnite converti au chiisme a d'ailleurs été exécuté lors du massacre de Houla).
Nous devrions tous concentrer nos efforts sur ce mode de transition, au lieu d'enterrer hier le rapport de la mission d'observation de la ligue arabe, et à présent de saper en coulisses tous les efforts de la mission Annan. Nous n'avons aucune leçon à donner à la dynastie Assad, aussi violente ait-elle été par le passé. Si nos yeux de démocrates calibrés se révulsent aujourd'hui, quid de ceux de nos gouvernants élèves de Machiavel, qui trouveront en aparté de quoi justifier leurs complicités de massacres, persuadés qu'ils sont de travailler pour le confort énergétique et matériel de leurs peuples à la pensée trop limitée, tout en cajolant les intérêts de leurs grands argentiers ?
Si la Turquie vocifère contre Assad, tout en s'aventurant dans son espace aérien et en hébergeant et armant des camps rebelles aidés par la CIA et nichés au milieu des réfugiés (rien dans les médias dominants, et Annan n'a pas pu tout visiter…) quid de la "grande catastrophe d'Asie Mineure" de 1922, du massacre arménien si cher à nos gouvernements, et de la répression contre les kurdes ?
Car depuis 1970, combien de millions de morts de par le monde, doivent être imputés aux forces qui conspirent à présent contre le gouvernement Assad ? Et combien à la dynastie Assad ? Quant au trésor oligarchique présumé des Assad, est-il comparable aux appétits des multinationales pétrolières et des stratèges et politiciens occidentaux qui, outre le sol et le gaz syriens, visent le pétrole iranien ? Même madame Assad n'est pas épargnée, alors que les frasques des élites occidentales en guerre partout, et des dignitaires du Golfe sont légions, de Hollywood à Miami, de Genève à Monaco, d'Ibiza aux Seychelles en passant par tous les paradis fiscaux, City en tête… N'oublions jamais, comme pour l'affaire du 11-Septembre, combien le chemin de la vérité est éloigné des Aboiements de Dissuasion Massifsdes médias, politiciens et affairistes occidentaux dominants, surtout lorsqu'ils sont en guerre. L'article qui suit le prouve encore une fois, en attendant la vérité sur Al Koubeïr et Treimsa.
21 juillet, 2012 by Corto




7 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
7-1 VOIX DE LA RUSSIE : Konstantin Garibov : Le scénario libyen de guerre propagandiste pour la Syrie.

L'Occident utilise largement le scénario libyen pour le renversement du régime à Damas. Sur tous les fronts, a lieu une guerre informationnelle. Le plus grand journal autrichien Die Kronen Zeitung s'y est joint. Il a utilisé le Photoshop dans le reportage sur la guerre en Syrie.

C'est pareil aux vidéos truquées faites dans des studios du Qatar et payées par l'Arabie Saoudite sur les atrocités du régime de Mouammar Kadhafi contre les Libyens.
Alors, les Qatariens étaient attrapés en flagrant délit de production des faux documents sur les événements en Libye par plusieurs journaux arabes respectables. Maintenant, les bloggeurs ont dévoilé un mensonge du journal autrichienDieKronen Zeitung. Celui-ci a publié la photo de la famille des réfugiés sur fond de la ville détruite d'Alep – la capitale économique de la Syrie. Un homme avec un enfant dans les bras et une femme portant un hijab longent une rue, en proie aux flammes. Et sous la photo, il y a cette explication : l'armée d'Assad se fraie le chemin avec les chars vers Alep, où les rebelles se sont établis. Les bloggeurs ont pu accuser le journal d'avoir recouru au Photoshop grâce à la collection de photos de l'agence de presse Européenne EРА (Еuropeanpressphotoagency). Elle a reproduit la même famille syrienne sur fond d'un paysage municipal ordinaire, transformé par les efforts des artisans du Photoshop en ruines.
La Voix de la Russie possède aussi des preuves que l'Occident attise exprès la situation à Alep. Une d'elles, c'est le témoignage d'un habitant de la ville Anfouanach-Chakhabi.
« On ne peut pas traiter de tranquille la situation à Alep, bien sûr, mais elle n'est pas intolérable. En tout cas, elle est différente de ce qui est décrit par les médias étrangers. Les troupes gouvernementales évincent les rebelles de la ville, dans les jours qui viennent, ils la libéreront. À propos, plusieurs d'entre eux déposent bénévolement les armes. Dans certains quartiers d'Alep, il y a des collisions avec les rebelles, dans d'autres - tout est tranquille. Surtout que maintenant, c'est le Ramadan. À Tartous et Latakia, en général, on ne sait rien sur les rebelles, ils n'y étaient pas. Les gens vivent tranquillement, vont au travail ».
Autour du sujet des rebelles, il y a aussi une guerre propagandiste intense. L'Occident les présente comme les porte-parole des intérêts de tous les Syriens faisant la guerre contre le régime de Bachar al-Assad.
En s'appuyant, en premier lieu, surtout sur la jeunesse trompée, les États-Unis, une série de pays de l'Europe et du golfe Persique comptent renverser le régime de Bachar al-Assad. Et en outre, il y a déjà des scénarios de la transmission du pouvoir. Le ministre de la Défense des États-Unis Léon Panetta a déclaré que Washington se produisait pour la préservation de l'appareil d'État de la Syrie après le départ d'Assad. C'est nécessaire pour garder la stabilité dans le pays. Il est très important que nous ne répétions pas les erreurs admises en Irak, a souligné Panetta.
Il s'en suit qu'au Pentagone, on a déjà tout décidé - pour Assad, et pour les Syriens.


Annexe

Thierry Meyssan : Qui se bat en Syrie ?  
Alors que la presse occidentale présente l'Armée syrienne libre comme une organisation révolutionnaire armée, Thierry Meyssan affirme depuis plus d'un an qu'il s'agit au contraire d'une formation contre-révolutionnaire. Selon lui, elle serait progressivement passée des mains des monarchies réactionnaires du Golfe à celle de la Turquie, agissant pour l'OTAN. Une telle affirmation à contre-courant requiert une démonstration argumentée
source : Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 23 juillet 2012
Depuis 18 mois, la Syrie est en proie à des troubles qui n'ont cessé d'augmenter jusqu'à devenir un vaste
conflit armé ayant déjà causé la mort d'environ 20 000 personnes. S'il y a consensus sur ce constat, les narrations et les interprétations divergent au-delà.
Pour les États occidentaux et leur presse, les Syriens aspireraient à vivre à l'occidentale dans des démocraties de marché. Suivant les modèles tunisien, égyptien et libyen du « printemps arabe », ils se seraient soulevés pour renverser leur dictateur Bachar el-Assad. Celui-ci aurait réprimé les manifestations dans le sang. Alors que les Occidentaux auraient souhaité intervenir pour faire cesser le massacre, les Russes et les Chinois, par intérêt ou par mépris de la vie humaine, s'y seraient opposés.
Au contraire, pour tous les États qui ne sont pas vassalisés par les USA et pour leur presse, les États-Unis auraient lancé une opération contre la Syrie qu'ils planifiaient de longue date. D'abord par le truchement de leurs alliés régionaux, puis directement, ils auraient infiltré des bandes armées qui ont déstabilisé le pays, sur le modèle des Contras du Nicaragua. Cependant ceux-ci n'auraient trouvé qu'un très faible soutien intérieur et auraient été mis en déroute pendant que la Russie et la Chine aurait empêché l'OTAN d'anéantir l'armée syrienne et de renverser ainsi l'équation régionale.
Qui dit vrai ? Qui se trompe ?

Les groupes armés en Syrie ne défendent pas la démocratie, ils la combattent

En premier lieu, l'interprétation des événements syriens comme un épisode du « printemps arabe » est une illusion car ce « printemps » n'a pas de réalité. C'est un slogan publicitaire pour présenter positivement des faits hétéroclites. S'il y a bien eu une révolte populaire en Tunisie, au Yémen et au Bahrein, il n'y en a pas eue, ni en Égypte, ni en Libye. En Égypte, les manifestations de rue se sont limitées à la capitale et à une certaine bourgeoisie, jamais, absolument jamais, le peuple égyptien ne s'est senti concerné par le spectacle télégénique de la place Tahrir [1]. En Libye, il n'y a pas eu de révolte politique, mais un mouvement séparatiste de la Cyrénaïque contre le pouvoir de Tripoli,puis l'intervention militaire de l'OTAN qui a coûté la vie à environ 160 000 personnes.
La station libanaise NourTV a connu un vif succès en diffusant une série d'émissions d'Hassan Hamade et Georges Rahme intitulée « Le printemps arabe, de Lawrence d'Arabie à Bernard-Henri Lévy ». Les auteurs y développent l'idée que le « printemps arabe » est un remake de la « révolte arabe » de 1916-1918 orchestrée par les Britannique contre les Ottomans. Cette fois, les occidentaux ont manipulé les situations pour renverser une génération de leaders et imposer les Frères musulmans. De fait, le « printemps arabe » relève de la publicité mensongère. Désormais, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Égypte, et Gaza sont gouvernés par une confrérie qui d'un côté impose un ordre moral, et de l'autre soutient le sionisme et la capitalisme pseudo-libéral, c'est-à-dire les intérêts d'Israël et des Anglo-Saxons. L'illusion s'est dissipée. Certains auteurs, comme le Syrien Said Hilal Alcharifi raillent désormais le « printemps otanien ».
Deuxièmement, les dirigeants du Conseil national syrien (CNS) comme les commandants de l'Armée syrienne libre (ASL) ne sont aucunement des démocrates, au sens qu'ils seraient favorables à « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », suivant la formule d'Abraham Lincoln reprise dans la Constitution française.

Ainsi, le premier président du CNS fut l'universitaire parisien Burhan Ghalioun. Il n'était aucunement « un opposant syrien persécuté par le régime » puisqu'il venait et circulait librement dans son pays. Il n'était pas non plus un « intellectuel laïque » comme il le prétend, puisqu'il était le conseiller politique de l'Algérien Abbassi Madani, président du Front islamique du salut (FIS), aujourd'hui réfugié au Qatar.

Son successeur, Abdel Basset Syda [
2], n'est entré en politique qu'au cours des derniers mois, et s'est immédiatement affirmé comme un simple exécutant des volontés états-uniennes. Dès son élection à la tête du CNS, il s'est engagé non pas à défendre la volonté de son peuple, mais à appliquer la « feuille de route » que Washington a rédigé pour la Syrie : The Day after.
Les combattants de l'Armée syrienne libre ne sont pas plus des militants de la démocratie. Ils reconnaissent l'autorité spirituelle du cheikh Adnan al-Arour, un prêcheur takfiriste, qui appelle à renverser et à tuer Bachar el-Assad non pour des motifs politiques, mais uniquement parce qu'il est de confession alaouite, c'est-à-dire hérétique à ses yeux. Tous les officiers identifiés de l'ASL sont sunnites et toutes les brigades de l'ASL portent des noms de figures historiques sunnites. Les « tribunaux révolutionnaires » de l'ASL condamnent à mort leurs opposants politiques (et pas seulement les partisans de Bachar el-Assad) et les mécréants qu'ils égorgent en public. Le programme de l'ASL est de mettre fin au régime laïque installé par le Baas, le PSNS et les communistes au profit d'un régime confessionnel sunnite pur.

Le conflit syrien a été prémédité par les Occidentaux

La volonté occidentale d'en finir avec la Syrie est connue et elle suffit largement à expliquer les événementsactuels. Rappelons ici quelques faits qui ne laissent aucun doute sur la préméditation des événements [3].
La décision de faire la guerre à la Syrie a été prise par le président George W. Bush lors d'une réunion à Camp David, le 15 septembre 2001, juste après les attentats spectaculaires de New York et Washington. Il était prévu d'intervenir simultanément en Libye pour montrer la capacité d'action sur un double théâtre d'opération. Cette décision a été attestée par le témoignage du général Wesley Clark, ex-commandeur suprême de l'OTAN, qui y était opposé.
Dans la foulée de la chute de Bagdad, en 2003, le Congrès a adopté deux lois donnant instruction au président des États-Unis de préparer une guerre contre la Libye et une autre contre la Syrie (le SyriaAccountabilityAct).
En 2004, Washington a accusé la Syrie de cacher sur son sol les armes de destruction massive que l'on ne parvenait pas à trouver en Irak. Cette accusation a fait long feu lorsqu'il a été admis que ces armes n'avaient jamais existé et n'étaient qu'un prétexte pour envahir l'Irak.
En 2005, après l'assassinat de Rafik Hariri, Washington a tenté d'entrer en guerre contre la Syrie, mais n'y est par parvenu car elle a retiré son armée du Liban. Les États-Unis ont alors suscité des faux témoignages pour accuser le président el-Assad d'avoir commandité l'attentat et ils ont créé un tribunal international d'exception pour le juger. Mais ils ont en définitive été contraints de retirer leurs fausses accusations après que leurs manipulations aient été mises à jour.
En 2006, les États-Unis ont commencé à préparer la « révolution syrienne » en créant le SyriaDemocracy Program. Il s'agissait de créer et de financer des groupes d'opposition pro-occidentale (comme le Mouvement pour la Justice et le Développement). Au financement officiel du département d'État s'est ajouté un financement secret de la CIA via une association californienne, le Democracy Council.
Toujours en 2006, les États-Unis ont sous-traité à Israël une guerre contre le Liban, dans l'espoir d'y impliquer la Syrie et de pouvoir intervenir. Mais la rapide victoire du Hezbollah a fait échouer ce plan.
En 2007, Israël a attaqué la Syrie, bombardant une installation militaire (Opération Orchard). Mais là encore, Damas a gardé son sang-froid et ne s'est pas laissé entraîné dans la guerre. Des vérifications ultérieures de l'Agence internationale de l'énergie atomique ont montré qu'il ne s'agissait pas d'un site nucléaire, contrairement à ce qui avait été affirmé par les Israéliens.
En 2008, lors de la réunion que l'OTAN organise annuellement sous le titre Groupe de Bilderberg, la directrice de l'ArabReform Initiative, BassmaKodmani, et le directeur de la StiftungWissenschaftundPolitik, Volker Perthes, exposèrent brièvement au Gotha américano-européen les avantages économiques, politiques et militaires d'une possible intervention de l'Alliance en Syrie.
En 2009, la CIA a mis en place des outils de propagande à destination de la Syrie comme la chaîne BaradaTV, basée à Londres, et OrientTV basée à Dubai.
À ces éléments historiques, ajoutons qu'une réunion s'est tenue au Caire, la seconde semaine de février 2011, autour de John McCain, Joe Lieberman etBernard-Henry Lévy, des personnalités libyennes comme Mahmoud Jibril (alors numéro 2 du gouvernement de la Jamahiriya) et des personnalités syriennes comme Malik al-Abdeh et Ammar Qurabi. C'est cette réunion qui donna le signal des opérations secrètes qui débutèrent à la fois en Libye et en Syrie (le 15 février à Benghazi et le 17 à Damas).
En janvier 2012, les départements US d'État et de la Défense constituèrent le groupe de travailThe Day After. Supporting a democratic transition in Syria qui rédigea à la fois une nouvelle constitution pour la Syrie et un programme de gouvernement [4].
En mai 2012, l'OTANet le CCG mirent en place le Working Group on Economic Recovery and Development of the Friends of the Syrian People, sous co-présidence allemande et émiratie.L'économiste syro-britannique Ossam el-Kadi y élabora un partage des richesses syriennes entre les États membres de la coalition, à appliquer le « jour d'après » (c'est-à-dire après le renversement du régime par l'OTAN et le CCG) [5].

Révolutionnaires ou contre-révolutionnaires ?

Les groupes armés ne sont pas issus des manifestations pacifiques de février 2011. Ces manifestations dénonçaient en effet la corruption et réclamaient plus de libertés, tandis que les groupes armés —nous l'avons vu plus haut— ressortent de l'islamisme.
Au cours des dernières années, une terrible crise économique a frappé les campagnes. Elle était due aux mauvaises récoltes, qui ont été à tort appréhendées comme des malheurs passagers alors qu'elles étaient la conséquences de changements climatiques durables. À cela se sont ajoutées des erreurs dans la mise en œuvre de réformes économiques qui ont désorganisé le secteur primaire. Il s'en est suivi un fort exode rural auquel le gouvernement a su faire face, et une dérive sectaire de certains paysans que le pouvoir a négligé. Dans de nombreuses régions, l'habitat rural n'était pas concentré en villages, mais dispersé sous forme de fermes isolées, personne n'a mesuré l'ampleur du phénomène jusqu'à ce que ses adeptes se regroupent.
En définitive, alors que la société syrienne incarne le paradigme de la tolérance religieuse, un courant takfiriste s'est développé en son sein. Il a fourni la base des groupes armés. Ceux-ci ont été richement financés par les monarchies wahhabites (Arabie saoudite, Qatar, Sharjjah).
Cette manne a suscité le ralliement de nouveaux combattants parmi lesquels on trouve des parents de victimes de la répression massive du sanglant coup d'État manqué des Frères musulmans, en 1982. Leur mobile est souvent moins idéologique que personnel. Il ressort de la vendetta.

De nombreux voyous et repris de justice appâtés par l'argent facile se sont ajoutés : un « révolutionnaire » est payé 7 fois le salaire moyen.
Enfin, des professionnels ayant combattu en Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie ou Irak ont commencé à affluer. Au premier rangs desquels les hommes d'Al Qaida en Libye, conduits par Abdelhakim Belhaj en personne [
6]. Les médias les présentent comme des jihadistes, ce qui est inapproprié, l'islam ne concevant pas de guerre sainte contre des coreligionnaires. Ce sont avant tout des mercenaires.
La presse occidentale et du Golfe insiste sur la présence de déserteurs dans l'ASL. C'est certain, mais il est par contre faux qu'ils aient fait défection après avoir refusé de réprimer des manifestations politiques. Les déserteurs en question rentrent presque toujours dans les cas que nous avons précédemment cités. Au demeurant, une armée de 300 000 hommes a forcément parmi elle ses fanatiques religieux et ses voyous.
Les groupes armés utilisent un drapeau syrien à bande verte (au lieu de la bande rouge) et à trois étoiles (au lieu de deux). La presse occidentale le qualifie de « drapeau de l'indépendance », car il était en vigueur au moment de l'indépendance du pays, en 1946. En réalité, il s'agit du drapeau du mandat français qui resta en vigueur lors de l'indépendance formelle du pays (1932 à 1958). Les trois étoiles représentent les trois districts confessionnels du colonialisme (alaouite, druze et chrétien). Utiliser ce drapeau, ce n'est certainement pas brandir un symbole révolutionnaire. Au contraire, c'est affirmer vouloir prolonger le projet colonial, celui de l'Accord Sykes-Picot de 1916 et du remodelage du « Moyen-Orient élargi ».
Au cours des 18 mois d'action armée, ces groupes armés se sont structurés et plus ou moins coordonnés. En l'état actuel,la grande majorité sont passés sous commandement turc, sous le label Armée syrienne libre. De fait, ils sont devenus des supplétifs de l'OTAN, le quartier général de l'ASL étant même installé sur la base aérienne de l'OTAN à Incirlik. Les islamistes les plus durs ont formé leurs propres organisations ou ont rejoint al-Qaida. Ils sont sous le contrôle du Qatar ou de la branche sudeiri de la famille royale saoudienne [7]. De facto, ils sont rattachés à la CIA.
Cette constitution progressive, qui part de paysans pauvres pour se terminer avec un afflux de mercenaires, est identique à ce que l'on a connu au Nicaragua lorsque la CIA organisa les Contras pour renverser les sandinistes, ou que l'on avait connu à Cuba lorsque la CIA organisa le débarquement de la Baie des cochons pour renverser les castristes. Précisément, c'est de ce modèle que les groupes armés syriens se revendiquent aujourd'hui : en mai 2012, les Contras cubains ont organisé à Miami des séminaires de formation à la guérilla contre-révolutionnaire pour leurs homologues syriens [8].
Les méthodes de la CIA sont partout les mêmes. Ainsi les Contras syriens ont concentré leur action militaire d'une part sur la création de bases fixes (mais aucune n'a tenu, même pas l'Émirat islamique de Baba Amr), puis sur le sabotage de l'économie (destruction des infrastructures et incendie des grandes usines), enfin sur le terrorisme (déraillement de trains de passagers, attentats à la voiture piégée dans des sites fréquentés, assassinat de leaders religieux, politiques et militaires).
Par conséquent, la partie de la population syrienne qui pouvait avoir de la sympathie pour les groupes armés au début des événements, pensant qu'ils représentaient une alternative au régime actuel, s'en sont progressivement désolidarisés.
Sans surprise, la bataille de Damas a consisté à faire converger vers la capitale les 7 000 combattants dispersés dans le pays et des armées de mercenaires en attente dans les pays limitrophes. Des dizaines de milliers de Contras ont tenté de pénétré le pays. Ils se sont déplacés simultanément en nombreuses colonnes de pick-up, préférant traverser les déserts que prendre les autoroutes. Une partie d'entre eux a été stoppée par des bombardements aériens et a du rebrousser chemin. D'autres après s'être emparés de postes-frontière sont parvenus à la capitale.Il n'y ont pas trouvé le soutien populaire escompté. Au contraire, ce sont les habitants qui ont guidé les soldats de l'Armée nationale pour les identifier et les déloger. Au final, ils ont été contraints de battre en retraite et ont annoncé qu'à défaut de prendre Damas, ils prendraient Alep. Au demeurant, cela montre qu'ils ne sont ni des Damascènes en révolte, ni des Alepains, mais des combattants itinérants.

Infiltration de Contras via le désert près de Dera
L'impopularité des groupes armés doit être comparée avec la popularité de l'Armée régulière et des milices d'auto-défense. L'Armée nationale syrienne est une armée de conscription, c'est donc une armée populaire, et il est impensable qu'elle puisse servir à une répression politique. Depuis peu, le gouvernement a autorisé la constitution de milices de quartiers. Il a distribué des armes aux citoyens qui se sont engagés à consacrer chaque jour 2h de leur temps pour défendre leur quartier, sous encadrement militaire.

Des vessies pour des lanternes

En son temps, le président Reagan rencontra quelques difficultés pour présenter ses Contras comme des « révolutionnaires ». Il créa pour cela une structure de propagande, le Bureau de la diplomatie publique, dont il confia la direction à Otto Reich [9]. Celui-ci corrompit des journalistes dans la plupart des grands médias US et ouest-européens pour intoxiquer le public. Il lança entre autres une rumeur selon laquelle les sandinistes disposaient d'armes chimiques et risquaient de les utiliser contre leur propre peuple. Aujourd'hui la propagande est dirigée depuis la Maison-Blanche par le conseiller de sécurité nationale adjoint chargé des communications stratégiques, Ben Rhodes. Il applique les bonnes vieilles méthodes et a ressorti contre le président el-Assad la rumeur des armes chimiques.
En collaboration avec le MI6 britannique, Rhodes a réussi a imposer comme principale source d'information des agences de presse occidentales une structure fantôme : l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les médias n'ont jamais questionné la crédibilité de cette signature, alors même que ses affirmations ont été démenties par les observateurs de la Ligue arabe et par ceux des Nations Unies. Mieux, cette structure fantôme, qui n'a ni locaux, ni personnel, ni expertise, est également devenue la source d'information des chancelleries européennes depuis que la Maison-Blanche les a convaincues de retirer leur personnel diplomatique de Syrie.

En attendant le direct, le correspondant d'Al-Jazeera Khaled Abou Saleh téléphone à sa rédaction. Il prétend que Baba Amr est bombardé et organise les bruitages. M. Abou Saleh était invité d'honneur de François Hollande à la 3e Conférence des Amis de la Syrie.
Ben Rhodes a également organisé des spectacles pour journalistes en mal d'émotions. Deux tours operators ont été mis sur pied, l'un au cabinet du Premier ministre turc Erdogan et le second au cabinet de l'ex-Premier ministre libanais Fouad Siniora. Les journalistes qui le souhaitaient étaient invités à entrer illégalement avec des passeurs en Syrie. On offrait durant des mois un voyage depuis la frontière turque dans un village témoin situé en montagne. On pouvait y réaliser des séances photos avec des « révolutionnaires » et « partager le quotidien des combattants ». Puis, pour les plus sportifs, on pouvait depuis la frontière libanaise aller visiter l'Émirat islamique de Baba Amr.
Fort étrangement, nombre de journalistes ont observé eux-mêmes d'énormes falsifications, mais ils n'en ont tiré aucune conclusion. Ainsi, un célèbre reporter-photographe a filmé les « révolutionnaires » de Baba Amr brûler des pneus pour dégager de la fumée noire et faire accroire à un bombardement du quartier. Il a diffusé ces images sur Channel4 [10], mais a continué à affirmer qu'il avait été témoin du bombardement de Baba Amr relaté par l'Observatoire syrien des Droits de l'homme.
Ou encore, le New York Times a relevé que des photos et vidéos transmises par le service de presse de l'Armée syrienne libre et montrant de valeureux combattants étaient des mises en scène [11]. Les armes de guerre étaient en réalité des répliques, des jouets pour enfants. Le quotidien a néanmoins continué à croire en l'existence d'une armée de déserteurs de près de 100 000 hommes.
Lecture d'une déclaration de l'Armée syrienne libre. Les fiers « déserteurs » sont des figurants qui portent des armes factices.
Selon un schéma classique, les journalistes préfèrent mentir que reconnaître qu'ils se sont fait manipuler. Une fois bernés, ils participent donc consciemment au développement du mensonge qu'ils ont découvert. Reste à savoir si vous, lecteurs de cet article, préférerez aussi fermer les yeux ou si vous déciderez de soutenir le peuple syrien contre l'agression des Contras.
Thierry Meyssan
[
1] La place Tahrir n'est pas la plus vaste du Caire.
Elle a été choisie pour des raisons de marketing, le mot Tahrir se traduisant dans les langues européennes par Liberté. Ce symbole n'a évidemment pas été choisi par les Égyptiens, car il existe plusieurs mots en arabe pour désigner la Liberté. Or, Tahrir indique la Liberté que l'on reçoit, pas celle que l'on acquiert.
[2] La presse occidentale a pris l'habitude d'orthographier le nom de M. Syda en ajoutant un « a », en « Sayda », de manière à éviter la confusion avec la maladie du même nom. Ndlr
[3] Le terme « préméditation » s'emploie normalement en droit criminel. En matière politique, le terme adéquat est « complot », mais l'auteur s'est abstenu de l'utiliser car il suscite une réaction hystérique de la part de ceux qui s'appliquent à faire croire que la politique occidentale est transparente et démocratique. Ndlr
[4] « Washington a rédigé une nouvelle constitution pour la Syrie », Réseau Voltaire, 21 juillet 2012.
[5] « Les « Amis de la Syrie » se partagent l'économie syrienne avant de l'avoir conquise », par GermanForeign Policy, traduction Horizons et débats, Réseau Voltaire, 14 juin 2012.
[6] « L'Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011.
[7] Pour plus de détails, lire « La Contre-révolution au Proche-Orient », par Thierry Meyssan, Komsomolskaïa Pravda/Réseau Voltaire, 11 mai 2011.
[8] « L'opposition syrienne prend ses quartiers d'été à Miami », par Agence Cubaine de Nouvelles, Jean Guy Allard, Réseau Voltaire, 25 mai 2012.
[9] « Otto Reich et la contre-révolution », par Arthur Lepic, Paul Labarique, Réseau Voltaire, 14 mai 2004.
[11] "Syrian Liberators, Bearing Toy Guns", par C. J. Chivers, The New York Times, 14juin 2012.
 
Mensonges, morts et désolations (Agoravox)
On me demande souvent pourquoi je ne crois pas en la propagande occidentale sur la Syrie et plus précisément sur le régime de Bashar Al Assad. Je tiens à préciser que je ne connais pas la Syrie, je n'y suis jamais allé, je n'y ai pas d'amis. Ce que j'ai entendu ici et là sur Bashar Al Assad ne me pousse pas à admirer cet homme comme je peux être enthousiasmé pour certaines raisons par Hugo Chavez, Kadhafi ou Fidel Castro. Cependant je n'ai pas d'antipathie particulière pour lui non plus étant donné qu'il ne s'est jamais mêlé de mes affaires contrairement à certains que vous reconnaîtrez aisément. J'ai passé l'âge de croire au père Noël et aux contes de fée, comme j'ai passé l'âge de croire tout ce que l'on me dit peu importe la personne qui le dit. J'avoue que je ne me serais pas intéressé au cas syrien n'eût été le tapage médiatique sur ce pays qui à ma connaissance ne représente et n'a jamais représenté une menace pour la paix mondiale. Mais nous avons brusquement l'impression que l'avenir du monde se joue en Syrie et je me dis que c'est possible notamment eu égard à la voracité de l'élite étasunienne. Si les médias et politiciens occidentaux s'acharnent autant sur ce pays comme ils ont pu le faire sur l'Iraq, la Lybie etc… C'est probablement que quelque chose de fort se joue là. Dans ce texte donc je vais faire part de mes observations, de mon analyse et de mes conclusions.
 
Je ne suis pas un idéaliste et je n'ai pas tendance à réagir de manière émotionnelle. Cependant je ne peux cacher une certaine aversion pour l'élite tant médiatique que politique des états occidentaux notamment à cause de son indécente hypocrisie. Je me rappelle que ce sont les dirigeants étasuniens qui ont utilisé des armes comme l'agent orange, l'uranium appauvri ou les bombes atomiques sans compter le phosphore blanc et autres joyeusetés du genre. Alors quand on a été capables de commettre de pareilles abominations on essaie de faire profil bas. Mais nous savons que cette élite a tendance à diaboliser un pays qu'elle veut détruire pour des raisons éminemment géopolitiques (http://www.youtube.com/watch?v=cVnb...) dire le contraire c'est vouloir nous prendre pour des neuneus. Il faut diaboliser un régime pour rendre acceptable sa destruction à l'opinion publique. Celle-ci étant parfois sans mémoire cela s'avère quelques fois aisé. Ainsi selon la propagande, l'Afghanistan était dirigé par des barbus rétrogrades, terroristes de leur état (les talibans) qu'il fallait occire. L'Iraq était dirigé par un fou capable d'exterminer une partie de sa population et possédant des armes de destruction massive donc étant de facto une menace pour le « monde libre ». Le leader libyen était un illuminé, fantasque qui menaçait de faire couler des rivières de sang dans son pays pour contrer la « révolution printanière » qui balayait son pays comme elle avait balayé d'autres pays arabes nous avait-on dit. Les étasuniens et autres atlantistes sont intervenus dans ces pays et je pense qu'il serait bon de demander à leurs populations si la vie y est meilleure, notamment aux enfants de Falloujah. Voyait-on des attentats terroristes en Iraq au temps de Saddam ? Démocratie et liberté ? De jolis dogmes, mais comme bien d'autres ils mènent souvent au désastre et à la dévastation de contrées entières. Après l'Iraq, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie est aujourd'hui dans l'œil du cyclone. On traite son président de fou sanguinaire qui veut exterminer son peuple parce que celui-ci veut sa « révolution printanière ». Cette description bonne pour des bisounours fait penser à celle qui fut faite de Kadhafi avant la dévastation de son pays et son élimination. Il aurait des armes de destruction massive qu'il compte utiliser comme Saddam. Certains pourront dire que l'état syrien a menacé de s'en servir en cas d'invasion extérieure (http://www.infosyrie.fr/actualite/a...) ! A mon avis c'est avant tout de la communication de guerre et je ne crois pas plus la propagande d'Assad que celle des occidentaux. On décrit Assad comme le diable. Je ne crois pas avoir entendu ces mêmes politiciens hypocrites décrire l'élite américaine malgré toutes les atrocités en Iraq comme étant diabolique. Bien au contraire on cherchait à justifier ses dérives pourtant abominables. Alors la propagande c'est amusant mais je pense qu'il faut être sérieux un temps soit peu. Je ne connais pas exactement la situation en Syrie et je me dis qu'il est fort probable que de nombreux syriens veuillent le départ d'Assad du pouvoir. Mais il en est de même dans d'autres pays où une partie de la population se débarrasserait bien de ses dirigeants. Alors Assad massacre-t-il son peuple ? J'ai du mal à le croire surtout quand ce sont des hypocrites finis qui l'affirment. Assad doit-il partir ? Je suis de ceux qui pensent que c'est au peuple syrien d'en décider et à personne d'autre. Si l'on impose un nouveau président ce pays pourrait de mon point de vue sombrer dans le chaos. Car il semble évident que l'élite occidentale voudra placer dans ce pays stratégique un président qui leur sied.
L'élite occidentale plus précisément étasunienne il faut le dire semble percevoir le monde comme un échiquier géant et d'ailleurs ZbigniewBrzezinski n'a intitulé son ouvrage « le grand échiquier » (http://www.lalettrevolee.net/articl...) pour rien. Le but des dirigeants étasuniens semble d'assurer l'hégémonie de leur pays déclinant sur le monde. Cela passe par le contrôle des ressources énergétiques et le confinement des états comme la Russie, la Chine ou l'Inde qui sont des superpuissances de demain. Il semble évident que cela peut provoquer des frictions et causer des guerres. Tout ceci est parfaitement résumé dans le rapport « reconstruire les défenses de l'Amérique » (http://www.reopen911.info/uploads/d...) du think tank PNAC (http://lemirador.over-blog.fr/artic...). D'ailleurs si l'on s'en tient aux dires du général Wesley Clark (http://www.youtube.com/watch?v=e8ya...) plusieurs pays étaient ciblés par cette élite notamment l'Iraq, la Libye, l'Iran et la Syrie. On sait aussi qu'une propagande odieuse est en marche contre le régime des mollahs en Iran. Encore une fois je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas d'aimer ou non ces régimes mais de voir les conséquences de ingérences malsaines des étasuniens et affiliés. Ingérences qui nous le savons à moins d'être des abrutis ne se font que dans l'intérêt de cette élite. Je ne crois pas que les jeunes soldats étasuniens qui vont crever ou devenir infirmes sur les champs de bataille aient quelque chose à gagner, ni leurs familles ou l'étasunien moyen non plus. Pour se faire cette élite utilise des alliés de circonstances qu'elle combattra ou cherchera à détruire le moment venu. Nous avons vu Saddam, Moubarak, Ben Ali, Mobutu ou tant d'autres. Il n'y a donc rien de nouveau au soleil. Tous ces dirigeants sont des pions rien de plus si certains d'entre eux ont cru le contraire ils auront tout le loisir dans l'autre monde s'il existe de méditer sur leurs erreurs et leur naïveté. Aujourd'hui des états comme l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie voient leurs dirigeants servir de faire-valoir à la « toute puissance » atlantiste. Mais un chien ne change jamais sa manière de s'asseoir et en temps voulu, ils seront sans aucun doute « récompensés » comme il se doit.
Pour conclure je dirais qu'il est nécessaire pour le commun des mortels d'arrêter d'avoir une vision simpliste des évènements. Aussi pourri que puisse être le régime Assad il ne représente par exemple aucune menace pour les pays occidentaux. Alors il faudrait que les peuples demandent à leurs dirigeants le pourquoi de cette nouvelle aventure et le pourquoi de cette diabolisation insensée. Assad était pour beaucoup d'entre nous un parfait inconnu et dans un monde rationnel il aurait du le rester. Je crois qu'en toute chose il faut savoir raison gardée. J'étais en Côte d'Ivoire durant la guerre récente qu'il y a eu et je mentirais si je disais que je savais tout ce qui s'est passé et le nombre de morts qu'il y a eu. Les deux camps y ont à ma connaissance et selon les témoignages que j'ai pur recouper. Pour dire que même quand vous êtes dans un pays qui subit une attaque il est difficile de savoir où est la vérité. Mes pensées vont au peuple syrien qui subit cette guerre diabolique.
 



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" Déclaration Universelle des Droits de l'Homme  - Article 19