dimanche 27 juin 2004

BELGIQUE aussi : revoici le fascisme .... RoRo




----- Original Message -----
From: info@resistances.be
Sent: Thursday, June 24, 2004 2:44 AM
Subject: [resistances-info-net] n°118 - L'extrême droite: stop ou encore - Vote "protestataire" d'extrême gauche également en hausse - Manifestation à Liège ce lundi 28 juin




@@@ RésistanceS - Info - Net @@@

http://www.resistances.be





Edition n° 118 - Jeudi 24 juin 2004
www.resistances.be


--------------------------------------------------------------------------------


L'extrême droite: Stop ou encore?

Le « vote protestataire » d’extrême gauche également en hausse

Manifestation, lundi 28/06 à la place Saint-Lambert à Liège






www.extremedroite.be

Une campagne menée par les Territoires de la Mémoire et le Centre d'Action Laïque














RIN 117 (05 juin 2004)
Le 13 juin: Des élections décisives — Un néonazi du FN désigné député ? — Nouvelle campagne contre l’extrême droite — Ce Mardi 8 juin: appel à la vigilance face à l'extrême droite dans le métro bruxellois — En bref...
RIN 116 (23 mai 2004)
La Communauté flamande subsidie une formation dispensée par une société satellite de la secte de scientologie: U-Man – Un conseiller communal Vlaams Blok abat une personne et en blesse trois – Le Cardinal G. JOOS n'a finalement pas participé à la conférence dans les milieux d'extrême droite – Les brèves
RIN 115 (12 mai 2004)
Sur les traces Abou Jahjah, le Vlaams Blok appelle à la délation
RIN 114 (9 mai 2004)
Un Cardinal chez les fachos
RIN 113 (6 mai 2004)
Jeune alliance nationale au service du FNB – Grande soirée-débat de résistanceS
RIN 112 (19 avril 2004)
Rdv1: "Pour la démocratie - Non au racisme - Non au fascisme - Non à l'antisémitisme - Non au racisme anti-arabes" – Rdv2: Exposition sur la Résistance le 7 et le 8 mai – Rdv3: Les médias font-ils le nid de l'extrême droite ?
RIN 111 (4 avril 2004)
Rwanda 1994 - 2004: Le dernier génocide du XXème siècle – Bruxelles : le double discours du Vlaams Blok – Le «mouvement» Nation: au bord de l’implosion – Nouvelle offensive d’une secte contre la Belgique – Brèves...
RIN 110 (22 déc 2003)
Le Front National divulgue son propre carnet d'adresses
RIN 109 (17 nov 2003)
L oups gris - Du rififi au Vlaams Blok - Hommage à Léon Schwartzenberg
RIN 108 (24 sept 2003)
La scientologie recrute à la sortie des écoles
RIN 107 (7 sept 2003)
Dossier "Chili 1973-2003"
RIN 106 (28 août 2003)
RésistanceS contre la scientologie
RIN 105 (15 août 2003)
La scientologie au pied du QG européen
RIN 104 (3 août 2003)
Nation: Un groupement ridicule
RIN 103 (30 juillet 2003)
Congés annuels
RIN 102 (26 juillet 2003)
Un écho à l’enquête sur les tueries du Brabant Wallon
RIN 101 (7 juillet 2003)
L’ex-bras droite de Degrelle est mort
RIN 100 (24 juin 2003)
Nouveautés sur le site
RIN 099 (19 mai 2003)
Bilan des résultats de l'extrême droite francophone
RIN 098 (14 mai 2003)
Extrême droite : un bilan législatif totalement négatif
Voir les archives antérieures



L’extrême droite : stop ou encore ?

Après le Parti socialiste (43 % des voix), Le Front national (17 % des voix) est désormais le deuxième parti à Charleroi et le cinquième dans la Région wallonne (avec 8 % des voix). Le 13 juin dernier, à l’occasion des élections régionales bruxelloises et wallonnes, le FN a confirmé et ancré sa présence dans le paysage politique de notre pays. Son succès annonce-t-il la fin de l’« ère Féret » et la mise en place d’un véritable parti d’extrême droite, 20 ans après la création du FN ? Les bons résultats électoraux sont en effet favorables à sa tendance pure et dure, qui ne rêve que d’une chose : bouter Daniel Féret hors du Front.

Lors des précédentes élections régionales (en 1999), le Front national (FN), présidé depuis sa création en 1985 par Daniel Féret, avait connu un reflux important de son électorat. Le FN subit alors son premier « Waterloo électoral ». Cette défaite de l’extrême droite devant l’électeur donna lieu à la création de nouveaux « clones frontistes » adaptés à une « ligne politique » différentiée de celle de Féret : le mouvement Nation d’Hervé Van Laethem et le Bloc Wallon de Georges Hupin, Hubert Defourny et Willy Fréson. Aujourd’hui, le premier s’est transformé en petit groupe d’action nationaliste, comme le fut le groupe néonazi l’Assaut, fondé par le même Van Laethem, et le second a totalement disparu de la circulation, après son échec électoral aux communales d’octobre 2000.

Malgré une absence totale sur le terrain et un appareil militant fantomatique, le Front national avait réussi l’année dernière, à l’occasion des élections législatives, à se remettre sur ses pattes, notamment en faisant élire un député fédéral (Daniel Féret), un sénateur élu directement et un autre représentant coopté au Sénat. La remontée électorale du FN en 2003 annonçait celle du 13 juin dernier. Comme « RésistanceS » l’avait prédit (relire l’article introductif de notre dossier Elections 2004 : « Des élections décisives »).

Une percée « frontiste » partout en Wallonie
Les résultats du FN du 13 juin dernier se rapprochent, avec des différences dans certaines circonscriptions cependant, des résultats obtenus par celui-ci aux élections régionales de 1995. Sur l’ensemble des circonscriptions où il déposa des listes, le Front national double et triple même parfois ses scores par rapport à ce qu’il récoltait aux précédentes élections régionales de 1999. Quant aux concurrents directs du FN, une fois encore, c’est l’échec. Ils n’ont pas pu attirer à eux une partie des votes protestataires. Le Front nouveau de Belgique (FNB, une dissidence du FN devenue aujourd’hui groupusculaire) se maintient (dans le canton de Mons par exemple avec 1,6 % en 1999 et 1,7 le 13 juin dernier), perd (dans le canton de Molenbeek-Saint-Jean, il passe de 1,8 à 0,7 %) ou augmente légèrement dans certaines circonscriptions (dans celle de Tournai-Ath-Mouscron, il passe de 0,8 à 1,2 %). Les voix perdues du FNB l’on souvent été à la faveur du FN. Présents pour la première fois à des élections, le Bloc national (0,5 % dans la circonscription de Liège) et la Ligue (0,2 % dans la circonscription de Charleroi) obtiennent des scores aux ras des pâquerettes.

Tableau 1
Résultats de l’extrême droite aux élections régionales de 1999 et 2004 dans les Provinces de la Région wallonne (entre parenthèses : score de 1999)
FN FNB Autres TOTAL
Hainaut 11,0 %

(5,6 %)
1,1 %

(1,2 %)
0,1 %

La Ligue
12,2 %

(7 %)

Liège 7,0 %

(3,2 %)
-


0,3 %

Bloc nat.
7,3 %

(3,9 %)

Namur 7,4 %

(4 %)
1,0 %

(0,3 %)
-

-
8,4 %

(4,3 %)

Luxembourg 3,1 %

(1,5 %)
-

-
-

-
11%

(5,6%)


Tableau 2
Résultats de l’extrême droite aux élections régionales de 1999 et 2004 dans cinq cantons significatifs de la Région wallonne (entre parenthèses: score de 1999).
FN FNB Autres TOTAL
Charleroi 16,9 %

(7,9 %)
1,8 %

(3 %)
0,2 %

La Ligue
18,9 %

(11,2 %)

La Louvière 11 %

(6,1 %)
-

(1 %)
-

-.
11,0 %

(7,1 %)

Mons 10,9 %

(4,9 %)
1,7 %

(1,6 %)
-

-
12,6 %

(6,8 %)

Mouscron 10,8 %

(5,1 %)
2,1 %

(2,2 %)
-

-
12,9 %

(7,3 %)

Herstal 9,2 %

(4,4 %)
-

(0,6 %)
0,6 %

Bloc nat.
9,8 %

(5,0 %)



Bruxelles : le FN et le VB au coude à coude
Bruxelles est depuis toujours, en tant que capitale de la Belgique, un enjeu essentiel pour le Vlaams Blok. Depuis les premières élections régionales, en 1989, il tente par tous les moyens d’écarter du scrutin bruxellois le Front national. L’objectif du parti séparatiste flamand : devenir le seul parti d’extrême droite à Bruxelles. Pour cela, il sait qu’il doit fédérer les électorats flamands et francophones dans un premier temps, y avoir la majorité politique au sein de la classe politique flamande dans un deuxième temps et y bloquer les institutions dans un troisième temps. But final : faire imploser la Belgique, via une crise institutionnelle bruxelloise.

Depuis 1989, le Blok applique cette stratégie. Depuis 1989, cette dernière est vouée systématiquement à l’échec, malgré les millions d’Euros dépensés, auxquels s’ajoute une importante mobilisation militante sur Bruxelles. La création de structures militantes francophones, servant au rabattage des électeurs francophones – en 1993, le mouvement Bruxelles Identité Sécurité (BIS) et tout récemment l’Alliance bruxelloise contre le déclin (ABCD) –, ainsi que les appels à voter pour sa liste bruxelloise émis par le groupuscule Nation et le Parti communautaire national-européen (PCN, une formation nationaliste européenne basée à Bruxelles) n’ont servi à rien. Cela prouve aussi que des structures comme le BIS, ABCD, Nation et le PCN, favorables à la victoire du Blok dans la capitale, manquent cruellement de militants et s’apparentent bien souvent à des coquilles vides devant servir de leurres simulant une présence militante sur le terrain. On sait désormais que celle-ci est inexistante.

Tableau 3
Résultats globaux de l’extrême droite dans la Région de Bruxelles-capitale aux élections régionales de 1989 à 2004
1989 1995 1999 2004
VB 2,1%

9.006 voix

1 élu
3%

12.507 voix

2 élus
4,5%

19.310 voix

4 élus
4,7 %

21.297 voix

6 élus

PFN 1%

4.190 voix
- - -
FN 3,3%

14.392 voix

2 élus
7,5%

30.803 voix

6 élus
2,6%

11.204 voix

2 élus
4,7 %

21.195 voix

4 élus

Unie (1) - 0,4%

1827 voix
- -
AR (2) - 0,1%

423 voix
- -
FNB - - 1,3%

5.528 voix

1 élu
0,6 %

2.656 voix

0 élu

ZUT (3) - - 0,2%

788 voix
-
Blow-W (4) - - 0,2%

681 voix
-
PSD (5) - - 0,2%

644 voix
-
TOTAL 6,4%

27.588 voix

3 élus
11%

45.560 voix

8 élus
8,8%

38.155 voix

7 élus
10 %

45.158 voix

10 élus



Suite à un accord d’apparentement électoral avec le Vlaams Blok, la liste FIRE, présente pour la première fois aux élections, n’est cependant pas reprise dans les tableaux 3 et 4. En effet, la campagne électorale de FIRE ne peut être considérée comme ayant été « identifiée » par les électeurs à celle d’un parti à proprement parler d’extrême droite. Quant à ses résultats, ils oscillent entre 0,0 et 0,1 % (sur FIRE, lire notre article : « La liste bruxelloise FIRE est un sous-marin du Vlaams Blok » )




Tableau 4
Résultats de l’extrême droite aux élections régionales du 13 juin 2004 dans les cantons de la Région de Bruxelles-capitale (entre parenthèses : score de 1999).
FN Vl. Blok FNB TOTAL
Anderlecht 7,0 %
(4 %)
8,0 %
(7,6 %)
0,8 %
(1,7 %)
15,8 %
(13,3 %)

Bruxelles-Ville 4,5 %
(2,9 %)
5,8 %
(6,1 %)
0,5 %
(1,2 %)
10,8 %
(10,2 %)

Ixelles 3,4 %
(1,6 %)
2,4 %
(2 %)
0,5 %
(0,9 %)
6,3 %
(4,5 %)

Molenbeek-Saint-Jean 6,1 %
(3,9 %)
7,3 %
(7 %)
0,7 %
(1,8 %)
14,1 %
(12,7 %)

Saint-Gilles 3,6 %
(2,5 %)
2,3 %
(2,5 %)
0,4 %
(0,8 %)
6,3 %
(5,8 %)

Schaerbeek
4,9 %
(2,8 %) 4,7 %
(5,3 %) 0,6 %
(1,5 %) 10,2 %
(9,6 %)
Saint-Josse-ten-Noode 3,5 %
(1,6 %) 2,8 %
(2,5 %) 0,7 %
(1,1 %) 7 %
(5,2 %)
Uccle 3,8 %
(1,9 %) 2,7 %
(2,2 %) 0,5 %
(0,9 %) 7 %
(5 %)



Le ver est dans le fruit
La lecture des tableaux 1, 2, 3 et 4, nous permet de tirer plusieurs constats généraux des résultats obtenus par les extrêmes droites lors des élections du 13 juin 2004.

Pour l’extrême droite francophone en général, ces constats sont au nombre de sept :

1. Le Front national continue coûte que coûte à incarner l’extrême droite francophone, dont il détient le leadership depuis 1991.

2. Le FNB et La Ligue (des dissidences du FN) et le Bloc national (liste qui lui était concurrente en 2004, uniquement dans la circonscription de Liège) obtiennent des scores totalement marginaux.

3. Sur l’ensemble des deux régions (Bruxelles-capitale et wallonne), le FN augmente. Là où il était présent, il double ses résultats de 1999, voire les triple (dans la Province du Luxembourg).

4. Dans ses « fiefs », le parti de Daniel Féret se renforce fortement : dans le canton de Charleroi (de 7,9 % en 1999 à 16,9 % le 13 juin dernier) et dans celui de La Louvière (de 6,1 à 11 %).

5. Le FN, lors des élections du 13 juin, a réussi une percée dans des cantons et circonscriptions moins touchés jusqu’à présent par les poussées électorales en sa faveur. C’est le cas dans la Province de Liège où le FN passe de 3,2 % en 1999 à 7 %. Mais également dans la Province de Luxembourg : en 1999, le FN y obtenait 1,5 %, le 13 juin dernier, il y gagna 3,1 % de l’électorat.

6. Cela signifie qu’aujourd’hui, le succès territorial du Front national s’étend sur l’ensemble de la Région wallonne. De Mouscron à Verviers, de Namur à Arlon.

7. Dans des cantons où la situation socio-économique s’exprime de façon différentiée, le FN obtient de bons scores. En règle générale, il semble que les zones urbaines les plus touchées par la crise économique sont extrêmement favorables au FN (dans les cantons de Charleroi, de La Louvière, de Mons, de Herstal…). Cependant, des cantons moins frappés par les méfaits de la mauvaise situation socio-économique actuelle voient également l’émergence d’un électorat d’extrême droite.

Dans la Région de Bruxelles-capitale, la donne électorale de l’extrême droite est différente, puisqu’elle se cristallise autour du Front national et du Vlaams Blok. C’est-à-dire que contrairement à ce qui se passe en Région wallonne, le FN fait face à Bruxelles à un concurrent de taille : le Vlaams Blok. Et vice versa, d’ailleurs.

En résumé, nous retenons dix enseignements du scrutin régional bruxellois à propos de l’extrême droite :

1. L’addition des voix obtenues par l’extrême droite (revoir notre Tableau 3) en 2004 (11 %) se rapproche globalement de son résultat de 1995 (10 %). Au scrutin de 1999, les scores cumulés des extrêmes droites étaient de 8,8 %.

2. Une fois de plus (comme en 1999), le Vlaams Blok a perdu son pari d’obtenir suffisamment de voix pour bloquer les institutions bruxelloises.

3. Cela s’explique sans doute en partie par la « migration » d’une fraction de son électorat gagné en 1999 en direction du Front national.

4. Le Vlaams Blok, premier parti néerlandophone dans la capitale, n’arrive cependant pas à s’y imposer, malgré les importants efforts humains, matériels et financiers dépensés pour tenter de conquérir Bruxelles dans l’optique stratégique de faire imploser l’Etat fédéral. Et cela depuis les premières élections régionales (1989).

5. Au sujet de Johan Demol, véritable « gadget électoral » du Blok depuis 1999, le constat est désormais clair : l’ancien commissaire en chef de la Police de Schaerbeek, passé au VB par opportunisme et vengeance contre la classe politique qui l’avait abandonné suite à ses ennuis, n’est pas l’« homme providentiel » de ce parti. Cela veut peut-être aussi dire que l’extrême droite n’a pas toujours besoin de « leader charismatique » pour conquérir, de manière populiste, des électeurs.

6. En comparaison avec 1999, dans la Région de Bruxelles-capitale, le FN dépasse le Vlaams Blok dans cinq cantons sur huit (Ixelles, Saint-Gilles, Schaerbeek, Saint-Josse-ten-Noode et Uccle).

7. Le FN augmente son score électoral de manière significative sur l’ensemble des huit cantons bruxellois.

8. Pour sa part, le VB n’augmente que dans six cantons.

9. Le parti d’extrême droite flamand diminue même dans deux cantons symboliques pour lui (Schaerbeek et Saint-Gilles).

10. A Schaerbeek, le « bastion » de Johan Demol, le parti d’extrême droite flamand perd, sans doute à la faveur du FN. Pour rappel, avant les élections, le responsable francophone du VB, Patrick Sessler, y a fait sécession et a rejoint le Front national, tout comme le leader francophone du VB d’Evere, Paul Arku. Ils figuraient tous deux sur la liste régionale du FN. Paul Arku a d’ailleurs été élu. Ce transfuge du VB siégera donc désormais au Parlement bruxellois dans les rangs de son nouveau parti, le FN.


Le FN va-t-il capitaliser son succès et se restructurer ?
Lors des élections régionales bruxelloises de 1989, des législatives de 1991, des européennes et des communales de 1994, des législatives et des régionales de 1995 et des législatives de 2003, le Front national a connu un succès électoral sans cesse croissant. Le nouveau succès obtenu le 13 juin dernier devrait donner lieu à une reprise en main du FN.

Depuis son implosion du FN après les élections 1995, sa division en deux et la fondation d’une copie conforme (le Front nouveau de Belgique) par l’un de ses députés fédéraux de l’époque, Marguerite Bastien, avec la quasi moitié des 72 conseillers communaux « frontistes » et de ses députés régionaux bruxellois, force est de constater que le Front national s’est singularisé par une inexistence structurelle manifeste. Le FN est loin d’être un parti politique digne de ce nom. Cependant, entre 1991 et 1995, la formation fondée en 1985 par Daniel Féret avait réussi à fédérer sous son label l’ensemble des groupuscules d’extrême droite et néonazis existant en Belgique francophone (à l’exception du « front wallon » AGIR, actif essentiellement à Liège et dans sa région).

Le FN est aujourd'hui arrivé à un tournant. Devenu le deuxième parti (après le parti socialiste) à Charleroi et augmentant partout également ailleurs en Wallonie, l'imitation belge du parti de Jean-Marie Le Pen a intérêt, s'il veut fidéliser son électorat, à se structurer afin de se " retransformer " en véritable parti politique. En a-t-il cependant le besoin et l'ambition ?

Une fois de plus en effet, la preuve a été faite, lors de ces dernières élections, que ce parti d’extrême droite peut capter énormément de suffrages sans pour autant devoir être présent structurellement sur le terrain. Il lui suffit de diffuser à grande échelle (par Belgique diffusion ou la Poste…) un tract toute-boîtes, quelques jours avant les élections, pour se rappeler au bon souvenir de l’électorat, qu’il soit « protestataire » ou non.

Cependant, les prochaines élections sont des élections communales. Pour y déposer le plus possible de listes, il faut des sections locales. Et jusqu’à présent, à notre connaissance, le FN ne bénéficie d’aucune véritable section en Wallonie. Son ancrage militant est essentiellement bruxellois. Il est fort de quelques militants encore en activité à Charleroi, Namur, Liège et Mons. Mais ceux-ci sont totalement inorganisés. Ce qui pourrait changer si l’une ou l’autre tendance interne de la « formation féretiste » arrivait à prendre le pouvoir. A l’heure actuelle, le FN est constitué de deux fractions :

la plus importante est celle constituée par les ex-militants et cadres des formations historiques de l’extrême droite francophone (certains d’entre eux sont également passés par le Vlaams Blok). Cette tendance radicale tente de s’organiser autour de la personne de Michel Delacroix (actuel sénateur et élu député régional le 13 juin dernier) ;

l’autre fraction regroupe (mais de manière nullement organisée jusqu’à présent) les transfuges de partis traditionnels (PRL et ex-PSC). Le candidat élu député régional dans la circonscription de Liège, Charles Pire, et celui élu dans celle de Charleroi, Charles Petitjean, sont respectivement un ancien président d’arrondissement du PSC et l’ancien responsable du PRL à Charleroi. D’autres candidats et élus du FN proviennent eux aussi des mêmes rangs politiques. Il faut savoir que le FN a toujours attiré à lui d’anciens dirigeants du PRL et du PSC, tout comme d’ailleurs le Front nouveau de Belgique.
Suite aux élections du 13 juin, il se pourrait que des tensions se manifestent entre ces deux pôles ou au contraire que ceux-ci, pour une question d’opportunité, décident de fusionner afin de structurer, à nouveau, le FN. L’objectif serait de pouvoir être fortement présent aux élections communales de 2006, mais surtout aux prochaines élections législatives et régionales prévues pour 2007.

Il faut néanmoins savoir que toute organisation interne du Front national a toujours été freinée par un seul homme : Daniel Féret (avec la complicité de ses principaux « lieutenants »). En 1991, sous la pression de sa « base militante », le « président à vie » du Front avait cependant été bien obligé de céder et d’accepter de « partager » son parti avec d’autres. Mais dès que Marguerite Bastien, une transfuge arrivée en 1995 et directement élue à la Chambre, tenta de prendre un peu d’importance au sein du FN, celle-ci reçut son « C4 » des mains de Daniel Féret. Pour lui, il est impératif de chasser tous ceux qui menacent sa présidence. Aujourd’hui pourtant, nous ne sommes plus en 1995, et il se pourrait bien que dans les jours qui viennent, Féret doive céder à la pression interne et entreprendre une structuration du FN.

Le FN serait alors en voie de restructuration, au bénéfice d’un nouveau succès électoral et d’un ancrage encore plus fort dans le paysage politique de notre pays. A moins que toutes les forces vives de la Nation décident de trouver des « remèdes », cette fois-ci efficaces, pour plonger dans les oubliettes de l’Histoire ce petit parti inutile.


Manuel ABRAMOWICZ



--------------------------------------------------------------------------------

N'oubliez pas de vous inscrire sur la mailing-list de RésistanceS -si ce n'est déjà fait- pour être régulièrement maintenu au courant de l'actualité et des analyses Antifascistes. Envoyez un mail vide à resistances-info-net-subscribe@yahoogroupes.fr


--------------------------------------------------------------------------------
Le « vote protestataire » d’extrême gauche également en hausse

En parallèle à la montée inquiétante de l’extrême droite sur l’ensemble de la Wallonie, il est également à noter que le Parti du Travail de Belgique (PTB), formation marxiste-léniniste d’extrême gauche, augmente ses scores par rapport aux élections régionales de 1999 dans trois cantons électoraux significatifs.

Tableau 5
Résultats du PTB (extrême gauche) aux élections régionales de 1999 et 2004 dans trois cantons significatifs
1999 2004
La Louvière 0,9 % 2,5 %
Seraing 1,4 % 2,3 %
Herstal 2,2 % 5,7 %

Certes limités de manière caractéristique dans ces trois cantons wallons (dans la capitale, le PTB ne dépasse nulle part la barre des 1 %), les bons résultats de cette formation d’extrême gauche signifient peut-être que le « vote protestataire », dont bénéficient les formations d’extrême droite peut aussi se reporter sur d’autres types de mouvements politiques optant pour une voie alternative sur le plan politique. Les scores du PTB obtenus à La Louvière, Seraing et Herstal semblent également signifier que ce « vote protestataire » ne s’arc-boute pas toujours nécessairement sur un « reflexe raciste ».

Le PTB est en effet à la pointe dans le combat antiraciste et est constitué de militants et de candidats d’origine arabo-musulmane. Force est aussi de constater que dans les désormais « fiefs du PTB », connus par leur situation de sinistrose généralisée sur le plan socio-économique, ce parti d’extrême gauche est fortement ancré sur le terrain. Herstal est d’ailleurs la seule commune francophone ayant des conseillers communaux communistes du PTB (au nombre de deux, depuis les élections communales de 2000).


Tableau 6
Résultats du Front national aux élections régionales de 1999 et 2004 dans trois cantons significatifs
1999 2004
La Louvière 6,1 % 11,0 %
Seraing 3,9 % 7,7 %
Herstal 4,4 % 9,2 %

A la lecture du tableau 6, nous pouvons aussi constater que si le PTB obtient de relatifs bons scores à La Louvière, Seraing et Herstal, le Front national ne diminue pas pour autant à la possible faveur du PTB, mais augmente et se renforce lui aussi fortement.

M.AZ









N'oubliez pas de vous inscrire sur la mailing-list de RésistanceS -si ce n'est déjà fait- pour être régulièrement maintenu au courant de l'actualité et des analyses Antifascistes. Envoyez un mail vide à resistances-info-net-subscribe@yahoogroupes.fr


--------------------------------------------------------------------------------



A l'initiative d'étudiants en sciences politiques de l'Ulg, rapidement suivis par le Front Antifasciste (FAF Liège), les Téritoires de la Mémoires et bien d'autres associations, une manifestation se déroulera ce lundi 28 juin 2004 à 14h, à la Place Saint Lambert de Liège.

Le collectif étudiant, fort motivé, démarre un véritable chantier au départ de cette manifestation. Il entend constituer des groupes qui traiteront, dès octobre, de la démocratie avec des élèves du secondaires.

Plus d'infos: contacter RésistanceS, nous relayerons.

--------------------------------------------------------------------------------

N'oubliez pas de vous inscrire sur la mailing-list de RésistanceS -si ce n'est déjà fait- pour être régulièrement maintenu au courant de l'actualité et des analyses Antifascistes. Envoyez un mail vide à resistances-info-net-subscribe@yahoogroupes.fr





--------------------------------------------------------------------------------

Accueil | Who's who | Les infos | Le combat | Le réseau
© RésistanceS 1997-2004 (mise en page: David Lefébure)





--------------------------------------------------------------------------------
Liens Yahoo! Groupes

Pour consulter votre groupe en ligne, accédez à :
http://fr.groups.yahoo.com/group/resistances-info-net/

Pour consulter votre groupe en ligne, accédez à :
http://fr.groups.yahoo.com/group/romain/